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Opinion
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Après le choc de 2022, les investisseurs guettent le « pivot » des banques centrales à mesure que l’inflation décélère. Les marchés de taux offrent à nouveau un environnement plus favorable aux investisseurs mais le ralentissement limité des bénéfices en vue offre également des opportunités sur les marchés actions.
Les investisseurs ont vécu en 2022 une année exceptionnellement négative, marquée par la baisse concomitante des marchés actions et obligataires d’une ampleur inédite sur un siècle. Phénomène également inédit au cours des dernières années, la volatilité est venue davantage des marchés de taux que des marchés actions. Dans ce contexte, que peut-on attendre de 2023 ? « Pour les investisseurs, l’heure est au « pivot » des banques centrales. Le premier pivot est passé : le ralentissement du rythme de la hausse des taux de la Fed et de la BCE de 75 à 50 points de base. Deux autres sont à venir. Deuxième pivot : l’arrêt d’un resserrement monétaire inédit depuis les années 1990 de par son ampleur et sa rapidité. Enfin, troisième pivot : l’enclenchement de la baisse des taux » résume Laurent Gonon, Directeur des Gestions.
La normalisation des chaînes d’approvisionnement post-Covid, visible dans les délais de livraison et les prix du fret, contribue à un contexte moins inflationniste. Aux Etats-Unis, la modération de l’inflation est en grande partie liée à la baisse des prix de l’énergie alors que l’inflexion du coût du logement (40% de l’inflation cœur) reste devant nous. En revanche, des tensions sur le marché du travail persistent. Les taux de chômage se rapprochent des plus bas niveaux historiques dans les pays de l’OCDE. « Les Etats-Unis et les pays européens se retrouvent dans une situation de risque d’inflation salariale. En 2023, nous anticipons une remontée modeste du taux de chômage, conséquence d’une probable récession modérée aux Etats-Unis et en zone euro. A l’inverse l’activité accélérerait en Chine avec une prévision de croissance à près de 5% en 2023 » prévient Jeanne Asseraf-Bitton, Directeur de la Recherche & Stratégie. A ce stade du cycle, la Fed et la BCE se rapprochent de leur taux pivot. « La Fed devrait ainsi atteindre un taux « terminal » de 5% en mars et le maintenir pendant six mois. Quant à la BCE, son pivot sera plus tardif. Notre scénario central table sur un taux terminal à 3,25% atteint en mai et maintenu pendant six mois » précise Jeanne Asseraf-Bitton.
Dans cet environnement macroéconomique contrasté (ralentissement aux Etats-Unis et en Europe, reprise en Chine), la hausse des taux rebat la hiérarchie relative des primes de risque. « C’est la fin du TINA (There is no alternative) pour les allocataires d’actifs et le retour en grâce des stratégies de rendement, en particulier pour les investisseurs positionnés sur les crédits européens de bonne qualité (catégorie Investment Grade) et qui peuvent bénéficier de portages historiquement attractifs. Du côté des stratégies directionnelles, la sortie par le haut de l’économie chinoise offre des perspectives favorables, sans oublier les moyennes capitalisations de la zone euro » explique Fabien Bourguignon, Directeur de la gestion Multi-Asset.
Marchés de taux : privilégier les stratégies de portage
En 2023, les marchés obligataires ont déjà absorbé une progression importante des taux depuis un an et la perspective d’une récession ne plaide guère en faveur d’une nouvelle période de hausse significative. Pour autant, les montants des émissions nettes à absorber par les marchés vont significativement augmenter, particulièrement les dettes publiques (Etats, agences, supranationaux) et le marché devra absorber ce nouvel afflux de dettes. « Concernant la dette d’entreprise, la demande soutenue des investisseurs devrait dynamiser le compartiment Investment Grade. Pour le crédit High Yield, les fondamentaux demeurent favorables (performance moyenne autour de 5% sur les 11 dernières années), et les stratégies de portage s’avèrent très protectrices mais ce compartiment comporte des risques spécifiques (augmentation des taux de défaut) en période de ralentissement » explique Olivier Robert, Directeur de la gestion de Taux.
Quant aux émissions d’obligations durables (Green et social bonds, SLB etc.) qui ont subi l’an dernier un ralentissement en raison des conditions de marchés, elles devraient retrouver une dynamique positive en 2023 et au cours des années suivantes. Les encours de ces produits sont appelés à augmenter pour financer la transition écologique entre autres. Même si les achats d’actifs de la BCE sont en diminution, celle-ci a annoncé que ces flux seront réorientés vers les obligations à thématique climatique.
Mais l’arrêt des différents programmes de rachat de la BCE a déjà eu des conséquences particulièrement sur les obligations de crédit. En effet, « Les achats en baisse de la BCE contribuent par ailleurs à accentuer les disparités entre les secteurs et les émetteurs et redonnent de l’intérêt au « bond picking ».
Dans ce cadre, nous privilégions les émetteurs de meilleure qualité pour chaque compartiment (BBB sur l’Investment Grade, BB sur le High Yield) et certains secteurs en particulier : banque, technologie, pharmacie etc. » précise Olivier Robert.
Sur les marchés actions, le ralentissement des bénéfices pourrait être de faible ampleur et peser faiblement sur les valorisations des actions. « Le déficit de valorisation des titres « value » demeure important malgré un environnement à nouveau plus favorable aux valeurs de croissance avec le ralentissement de la hausse des taux. Il faudra donc veiller à maintenir un équilibre entre les styles et les secteurs. En revanche, les petites et moyennes valeurs françaises accumulent un retard cumulé de performance (-26% sur cinq ans entre le Cac 40 et le Cac Mid&Small) qui incite à s’intéresser à ce segment » insiste Fabrice Masson, Directeur de la gestion Actions qui recommande également de privilégier les entreprises les plus engagées sur les aspects ESG (Environnement, Social et Gouvernance) et les thématiques durables.
Jeanne Asseraf-Bitton , L’équipe de gestion de BFT IM , Février 2023
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