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L’encours des fonds quantitatifs français progressent peu…

Malgré l’expertise reconnue de plusieurs acteurs français en gestion quantitative, peu d’entre eux peuvent aujourd’hui se targuer d’avoir franchi le cap symbolique du milliard de dollars d’actifs sous gestion. Le salut passe peut-être par l’international…

Rares sont en effet les gestionnaires indépendants de fonds quantitatifs français à avoir atteint des encours de taille significative. De quoi rendre difficile la commercialisation de leurs produits, notamment auprès de certains investisseurs institutionnels, tenus bien souvent de respecter un ratio d’emprise, leur interdisant de détenir plus d’un certain pourcentage de l’encours total du fonds dans lequel ils souhaitent se positionner. En règle générale, ce ratio est fixé à un niveau de 10% ; ce qui oblige les sociétés de gestion à proposer à ce type d’investisseurs, uniquement des produits ayant atteint une certaine taille critique, se chiffrant bien souvent en centaines de millions d’euros au minimum.

Même avec un excellent track record, il peut donc s’écouler plusieurs années avant que ces montants ne soient atteints, ouvrant ainsi la voie à la recherche d’un éventail plus large de clients. En attendant, certains gérants quantitatifs peinent à voir décoller leurs encours. Ce constat se vérifie chez bon nombre de sociétés de gestion indépendantes françaises [1], en particulier les plus récentes entre elles, comme Aequam Capital ou Vivienne Investissement, ne disposant respectivement que de 50 et 3.5 millions de dollars d’actifs sous gestion, à fin décembre 2013. Lancé en 2009, KeyQuant tire un peu son épingle du jeu avec 110 millions d’encours, grâce notamment à un investissement de 30 millions d’euros du fonds EMERGENCE [2] dans son fonds Key Trends UCITS.

Pour ne rien arranger, les performances récentes de certains fonds quantitatifs n’ont bien souvent, pas toujours été à la hauteur des attentes des investisseurs. C’est particulièrement vrai pour les CTA (« Commodity Trading Advisors ») appelés également « Managed Futures », s’inscrivant l’an dernier en territoire légèrement positif. Néanmoins, les sociétés de gestion proposant d’autres types de fonds quantitatifs ont réussi à tirer leur jeu en 2013.

Ainsi, « le fonds JL Equity Market Neutral, à sensibilité zéro (bêta neutre), lancé en 2010 et géré par la société John Lock Investments (JLI), a réalisé une performance de 11,46% en 2013 et a réussi à bien performer même pendant des mois difficiles pour les marchés actions, tels que juin ou août 2013. Cette performance se rajoute à celle de 2012 (7,20%) et à l’excellente performance de 2011, quand le fonds a généré un gain de 11,79%, soit une surperformance de presque 30% par rapport à l’Eurostoxx 50 ! », rappelle Alex Dramu, responsable Commercialisation pour l’Europe chez JLI.

C’est également le cas des fonds Seven US Equity, Seven European Equity, Seven Risk Allocation qui ont affiché en 2013 des performances respectives de 38,09 % (volatilité annuel 12,66 %), 22,54 % (volatilité annuel 11,68 %) et 7,84 % (volatilité annuel 4.21 %). « Notre plus gros fonds est le Seven Risk Allocation, fonds diversifié patrimonial avec plus de 230M$ qui bénéficie de 7 ans de Track Record. La société gère aujourd’hui près de 380M$. Notre offre est 100% quantitative et systématique et est disponible au travers de fonds UCITS IV ou SIF » indique Johann Schwimann, CEO de Seven Capital.

La base d’investisseurs est constituée de 40% de Multigérants, de 37% d’Institutionnels et de 23% d’investisseurs particuliers fortunés. Seven Capital fait un peu figure d’OVNI parmi ses paires, son socle d’investisseurs étant constitué à 75% d’investisseurs français.

En effet, au delà de la performance, les sociétés de gestion quantitatives françaises cherchent à se développer à l’international pour faire croître leurs encours de manière significative. « La majorité des clients de JLI sont des investisseurs institutionnels étrangers » précise Alex Dramu. John Lock Investments affiche aujourd’hui un encours global de plus de 300 millions de dollars, après 14 années d’existence.

Le pari de l’international

Pour convaincre les principaux allocataires internationaux, certains acteurs de la place de Paris n’hésitent pas à nouer des partenariats avec des géants tricolores de la gestion d’actifs. Ainsi, la société TOBAM a conclu en 2012, un partenariat stratégique avec un de ses actionnaires (à hauteur de 17.5%), Amundi, filiale de gestion d’actifs commune de la Société Générale et du Crédit Agricole. Le partenariat portait sur un accord de distribution, via lequel Amundi mettait à la disposition de ses clients les expertises actions de TOBAM, reposant sur le modèle Anti-Benchmark, proposé selon les déclinaisons suivantes : Anti-Benchmark World Equity, Anti-Benchmark Emerging Markets Equity et Anti-Benchmark US Equity (ayant affiché en 2013 des performances respectives de +31,14%, +1,47% et +39,84%).

TOBAM a ainsi mis toutes les chances de son côté pour voir grossir un peu plus ses actifs. La société, crée en 2005 par Yves Chouheifaty, ancien CEO du Credit Lyonnais Asset Management, avait notamment décroché en 2010 un mandat de 150 millions de dollars avec CalPers également actionnaire de TOBAM à hauteur de 12%), dans le cadre du programme MDPII (« Manager Development Program ») développé par le fonds de pension californien. TOBAM avait alors ouvert un bureau en Californie aujourd’hui fermé. L’année dernière, TOBAM a de nouveau ouvert un bureau aux Etats-Unis, mais cette fois-ci à New-York.

TOBAM gère aujourd’hui près de 5,5 milliards de dollars d’encours, devançant Capital Fund Management [3] parmi les sociétés de gestion quantitative indépendante française.

La clientèle de TOBAM est très majoritairement institutionnelle et la France représente un peu moins de 10% des encours gérés.

De quoi prouver une nouvelle fois que la compétence de la gestion quantitative française est reconnue à l’international, y compris chez les mastodontes étrangers. De bonne augure pour les acteurs de la place de Paris prêts à exporter leur savoir-faire…

Next Finance , RF , Janvier 2014

Notes

[1] L’étude a porté sur les sociétés de gestion quantitative indépendantes regroupées au sein de l’association QuantValley

[2] La SICAV EMERGENCE est le premier fonds d’incubation de la place financière française. En lançant EMERGENCE avec les principaux investisseurs institutionnels français, la Place de Paris s’est dotée d’un fonds destiné à faciliter la création et le développement en France des meilleurs talents de la gestion d’actifs. Le projet EMERGENCE s’inscrit dans un contexte d’accélération de la compétition européenne et mondiale où l’incubation des gérants les plus talentueux devient un enjeu capital pour les investisseurs institutionnels en quête de performance et de transparence. EMERGENCE contribue aussi à renforcer le métier de la gestion d’actifs en France (plus de 80 000 emplois aujourd’hui) dans une optique de long terme.

[3] Capital Fund Management gèrait à fin 2013, 4,5 milliards de dollars d’encours.
Son flagship Stratus est toujours fermé aux investisseurs et a obtenu une performance +1.81% en 2013

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