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Voici venue l’ère du rendement !

Selon Christophe Gloser, Président de Fidelity France, la recherche du rendement devient une priorité pour les investisseurs qui privilégient désormais les revenus plutôt que les plus-values...

Une quête plus compliquée du rendement associée à un écart qui se creuse entre offre et demande

Thème d’investissement déjà très présent à l’heure actuelle, le rendement devrait gagner en regain d’intérêt dans les dix prochaines années et au-delà. Christophe Gloser, Président de Fidelity en France indique : « Avec des taux d’intérêt et des rendements obligataires à des niveaux planchers, les sources de revenus traditionnelles se font rares. Aussi voit-on les investisseurs se détourner des emprunts d’Etat les plus surs et s’intéresser à des actifs générateurs de rendement offrant un profil risque/performance plus attrayant. Parallèlement, tandis que l’offre d’actifs de rendement se raréfie, les tendances démographiques augurent une augmentation de la demande globale d’actifs générateurs de revenus. [1] »

Une étude indépendante réalisée par Greenwich Associates auprès d’investisseurs institutionnels de premier plan en Europe et en Asie indique que la plupart d’entre eux ont enregistré une baisse de leurs rendements ces dernières années, ce qui les a poussés à porter davantage d’attention aux revenus et à envisager plus largement l’investissement dans des actifs générateurs de rendement. [2]

L’économie mondiale traverse actuellement une phase de restructuration fondamentale : les moteurs de croissance redéfinissent l’équilibre du pouvoir économique tout cela dans un contexte rendu beaucoup plus risqué depuis l’éclatement de la crise du crédit en 2008 et celle encore manifeste de la dette souveraine. Les réalités qui composent aujourd’hui notre environnement économique (endettement, perspectives de croissance en berne, faiblesse des taux d’intérêt et forces déflationnistes) pourraient perdurer sur un cycle particulièrement long.

D’un autre côté, les facteurs démographiques font levier sur la demande. Le nombre de retraités à l’échelle mondiale devrait passer de 800 millions en 2011 à 2 milliards d’ici 2050 (selon les Nations Unies) [3]. L’espérance de vie moyenne a sensiblement augmenté sur les cinquante dernières années. Aujourd’hui, les individus nés dans les pays développés vivront en moyenne bien au-delà des 80 ans. Voilà qui invite à réévaluer sérieusement les besoins en revenus pour cette population.

Dans ce contexte, les actifs de rendements devraient constituer une composante de plus en plus importante de la performance totale du portefeuille. Il ne s’agit pas d’une approche tactique pour un investisseur, mais bien d’une nouvelle ère ayant un impact sur l’allocation stratégique des actifs composant un portefeuille.

Où trouver du rendement dans le contexte actuel ?

Obligations : savoir aller au-delà des emprunts d’Etat

Les obligations constituent habituellement une étape incontournable pour les investisseurs en quête de revenus. Un gouffre s’est toutefois creusé sur le marché de la dette souveraine entre les émetteurs à haut risque (notamment les pays périphériques européens) et les valeurs refuges excessivement chères.

Deux stratégies s’offrent aux investisseurs obligataires, l’une étant axée sur une sélection des meilleurs émetteurs et l’autre sur des portefeuilles plus flexibles.

Les portefeuilles composés des « meilleures émetteurs » permettent d’élargir sensiblement l’univers des valeurs « refuges » en opérant une distinction entre les titres d’émetteurs souverains solides sur le plan budgétaire, tels le Canada et l’Australie, et les titres d’émetteurs « Corporate » de catégorie « investment grade ». Ces entreprises présentent un risque de crédit plus faible que de nombreux Etats, offrent des rendements attractifs et permettent aux investisseurs de réduire le risque de concentration dans la dette souveraine.

« A l’heure actuelle, les indices obligataires traditionnels mixant obligations d’Etats et crédit Corporate, de même que les fonds qui y sont benchmarkés, affichent des risques de concentration considérables dans la dette souveraine. Près de la moitié des risques liés à l’indice Bank of America Euro Aggregate Bond sont par exemple imputables aux obligations souveraines méditerranéennes présentes dans l’indice. Dès lors que les investisseurs s’éloigneront des produits exposés aux institutions et gouvernements endettés, l’intérêt ira croissant vers des portefeuilles obligataires plus flexibles s’affranchissant de benchmarks traditionnels afin d’optimiser le couple rendement risque de leurs portefeuilles » mentionne Christophe Gloser.

Actions : des dividendes historiquement attrayants

Les rendements sur dividendes dépassent aujourd’hui de loin leur moyenne à 15 ans, en particulier en Europe, où les actions de plus de 30% des sociétés (contre environ 10% ces 13 dernières années) offrent une meilleure rémunération que les obligations émises par ces dernières. [4] A long terme, si les dividendes sont réinvestis, les revenus produits par les actions apparaissent comme une stratégie d’investissement pertinente amortissant la volatilité des marchés.

La clé du succès réside dans une approche fondamentale axée sur des sociétés financièrement saines, ce qui les rend à même de maintenir, voire d’augmenter, leurs dividendes. En raison de leur propension à surperformer, les portefeuilles ayant recours à une telle approche et mettant l’accent sur la qualité et la pérennité des dividendes sont, selon nous, plus attrayants que les stratégies quantitatives se concentrant uniquement sur les rendements élevés.

Immobilier commercial : les revenus locatifs en point de repère

Les rendements de l’immobilier commercial correspondent essentiellement aux revenus locatifs de long terme, qui représentent près de deux tiers du rendement total du secteur et les conditions actuelles offrent aux investisseurs des rendements de loin supérieurs à leurs niveaux historiques. En moyenne glissante sur 12 mois (période de 25 ans jusqu’à février 2012), les rendements du marché immobilier britannique par exemple s’établissent à 9,4%, dont 7,3% proviennent des revenus locatifs et 2,1% de la croissance du capital. [5] L’immobilier est une classe d’actifs de long terme qui, au stade actuel du cycle, permet aux investisseurs de bénéficier de rendements historiquement élevés.

L’approche diversifiée : un compromis intéressant entre rendement et volatilité

Se reposer sur une seule et même classe d’actifs à la recherche de rendement peut exposer le capital à une forte concentration des risques. L’alternative consisterait donc à adopter une approche multi classes d’actifs, fondée sur une sélection de titres diversifiée en termes de rendement, liquidité et protection contre l’inflation afin de générer durablement des revenus confortables tout en atténuant la volatilité du capital. Une approche de gestion basée sur une analyse très fine des risques en portefeuille doit permettre un arbitrage judicieux entre volatilité et rendement stable, deux facteurs difficiles à concilier. L’allocation stratégique trouve alors ses fondements dans le calibrage du risque de chacune de ses classes d‘actifs sous-jacentes.

Next Finance , Septembre 2012

Notes

[1] De plus amples informations concernant la thèse de « l’ère du rendement » figurent dans le Livre blanc de Fidelity : « The Age of Income : the growing importance of income investing in turbulent times ».

[2] Greenwich Associates a interviewé 52 investisseurs institutionnels majeurs en Asie et en Europe en juin 2012, parmi lesquels des compagnies d’assurance, de très grosses sociétés et des fonds de pension domestiques (régimes à prestations définies et à cotisations définies) de premier plan. Les résultats complets de l’enquête figurent dans le Livre blanc de Fidelity : « The Age of Income : the growing importance of income investing in turbulent times ».

[3] « Vieillissement de la population mondiale, » décembre 2009, Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales.

[4] Source : DataStream, rendements actuels par rapport à la moyenne à 15 ans, au 25 juin 2012. Indices utilisés : MSCI Japan, S&P 500, MSCI AC Asia ex Japan, MSCI World, MSCI Emerging Markets, FTSE All Share Index, MSCI Europe ex UK.

[5] IPD, FIL Ltd, à mai 2012. Sur la base de l’indice IPD UK All Property – moyenne glissante sur 12 mois des rendements (%), de décembre 1987 à mai 2012.

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