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Stratégie
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Selon Ben Lord, gérant obligataire chez M&G Investments, il existe de nombreuses raisons justifiant la fin de la période actuelle de faible inflation. De plus, aux prix actuels, les instruments indexés sur l’inflation sont attractifs, même sans envolée de l’augmentation des prix...
Etant donné la réussite avec laquelle les banques centrales sont parvenues à cibler l’inflation au cours de la dernière décennie environ, le récent accroissement de leurs pouvoirs et l’élargissement de leur mandat afin d’y inclure la croissance économique ont généralement été bien accueillis par les marchés. Mais faisons-nous trop confiance aux capacités des banques centrales ? Et compte tenu du niveau record atteint en temps de paix par les déficits publics et de la volonté politique clairement affichée de tolérer une inflation élevée, commençons-nous à surestimer leur détermination à contenir la hausse des prix ?
Les obligations indexées sur l’inflation sont des obligations dont le principal est indexé sur l’inflation et qui permettent de se protéger contre l’inflation, contrairement aux obligations traditionnelles…
Les indicateurs inflationnistes, les valorisations et les primes de risque donnent à penser que non. Mais les investisseurs anticipent rarement l’inflation. Les coûts potentiels liés à une accélération de l’inflation sont importants mais, les marchés sous-estimant le risque inflationniste, le prix de la protection apparaît peu onéreux. On n’attend pas qu’un feu éclate avant de s’assurer disposer d’un extincteur ; l’anticipation est de mise. Les investisseurs seraient donc bien avisés de commencer à se préparer dès maintenant en vue de l’incendie inflationniste.
La crise financière mondiale et la « Grande Récession » qui s’en est suivie ont engendré des réponses monétaires sans précédent. Les banques centrales de la planète sont intervenues en recourant à l’ensemble des moyens monétaires à leur disposition, voire même en en inventant de nouveaux. Suite à quoi, les bilans des principales banques centrales ont vu leur taille s’accroître de 9 000 milliards de dollars, l’équivalent des PIB combinés du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la France à la fin de l’année dernière.
ET L’INFLATION AU SIÈCLE DERNIER ? Après plus de 700 ans témoins d’une relative stabilité des prix, l’inflation s’est considérablement accélérée au 20ème siècle. Deux événements majeurs – la création de la Réserve fédérale américaine en 1913 et l’abandon de l’étalon-or en 1971 – semblent en être à l’origine. Ces événements tendent à indiquer une relation de cause à effet entre l’impression de billets, la monnaie fiduciaire et l’inflation. Quelles leçons en tirer pour les investisseurs du 21ème siècle ?
Selon nous, l’augmentation des bilans des banques centrales est le signe d’une réorientation implicite du mandat de ces institutions qui pourrait avoir de profondes conséquences pour les taux d’inflation futurs. Il semble que la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne ne soient plus avant tout axées sur la stabilité des prix. Leur nouveau mandat ? Soutenir les systèmes bancaires nationaux, compenser les effets des mesures d’austérité des gouvernements, stimuler le commerce et mettre en place les conditions propices à la création d’emplois et à la croissance économique.
Ces mandats plus larges accroissent le risque d’erreurs politiques susceptibles de se traduire par une accélération de l’inflation. A l’heure actuelle, les marchés attribuent une grande crédibilité aux banques centrales dans la mesure où ces dernières sont parvenues à circonscrire l’inflation au sein de limites acceptables pendant une période prolongée. Une telle crédibilité est primordiale pour des institutions adoptant une politique de ciblage de l’inflation car elle aide à ancrer les anticipations et, ce faisant, à gérer la future hausse des prix.
Dans la mesure où les responsabilités macroéconomiques des banques centrales ne cessent de gagner des sphères qui relevaient jusque-là de la compétence des États, leur indépendance est de plus en plus fragile. L’appropriation de la politique monétaire par les politiciens ne peut être exclue, surtout si cela les aide à réduire leur endettement sans cesse croissant. Si nous en arrivons là, les tensions inflationnistes s’accentueront, mais la crédibilité des banques centrales sera ternie et les réponses monétaires seront rendues inefficaces.
Pour poursuivre notre métaphore : les flammes seront sur nous, mais il n’y aura aucun véhicule de pompiers en vue.
Les obligations indexées sur l’inflation paient à leur détenteur l’équivalent de l’inflation plus ou moins un rendement réel. Contrairement aux obligations classiques, le paiement est lié à l’inflation ; ainsi, si l’inflation augmente, le montant payé en fait tout autant. Pour autant que le détenteur conserve l’obligation indexée sur l’inflation jusqu’à son échéance, il n’a dès lors aucun besoin de se préoccuper d’une hausse de l’inflation dans le futur – il recevra toujours l’équivalent de l’inflation réalisée plus (ou moins, dans le cas d’un emprunt d’État indexé sur l’inflation sur les marchés actuels) le rendement réel de l’obligation chaque année.
Pour le moment, les investisseurs semblent peu préoccupés par la perspective d’une possible accélération de la hausse des prix. Il s’agit là d’une bonne nouvelle pour tous ceux d’entre nous souhaitant acheter une protection contre l’inflation maintenant.Ben Lord
Compte tenu de l’essor récent du marché des obligations d’entreprises indexées sur l’inflation (dont la capitalisation s’établit aujourd’hui à 50 milliards d’euros dans la zone euro et à 40 milliards de livres sterling au Royaume-Uni [1]), les investisseurs ont à leur disposition plus d’options que jamais afin de protéger leurs portefeuilles de l’inflation. Investir dans des obligations d’entreprises indexées sur l’inflation permet d’éviter le risque de taux d’intérêt important des emprunts d’État indexés sur l’inflation et de bénéficier de la prime de risque de crédit supplémentaire liée au fait de prêter à des sociétés. Nous continuons d’identifier des opportunités d’investissement intéressantes au sein des entreprises « investment grade » et pensons que les investisseurs sont surrémunérés pour les taux de défaut attendus parmi les sociétés non financières. Par conséquent, investir dans des obligations d’entreprises indexées sur l’inflation pourrait se révéler être une stratégie d’investissement judicieuse au cours des prochaines années.
Il existe de nombreuses raisons pour s’attendre à ce que la période actuelle de faible inflation prenne fin. Les banques centrales peuvent se prévaloir d’avoir été à l’origine de mesures monétaires de soutien d’une ampleur inédite et continuent de réfléchir à de nouveaux moyens pour stimuler la croissance. Elles semblent être de plus en plus tolérantes à l’égard d’une inflation supérieure à l’objectif cible. Mais, sont-elles plus proches que jamais d’une erreur politique majeure qui pourrait ruiner leur crédibilité en matière de ciblage de l’inflation ?
Pour le moment, les investisseurs semblent peu préoccupés par la perspective d’une possible accélération de la hausse des prix. Il s’agit là d’une bonne nouvelle pour tous ceux d’entre nous souhaitant acheter une protection contre l’inflation maintenant. Aux prix actuels, les instruments indexés sur l’inflation sont attractifs, même sans envolée de l’augmentation des prix. En cas de surchauffe de l’inflation, les autres classes d’actifs ont toutes les chances d’en souffrir et les obligations indexées sur l’inflation deviendront encore plus intéressantes. Les investisseurs qui négligent de protéger leurs portefeuilles pourraient bien finir par se brûler plus que le bout des doigts.
Ben Lord , Novembre 2012
[1] Source : Bloomberg, au 30.09.12.
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