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Une Europe, in fine, assez complaisante !

Le suspense sur l’accord donné à la Grèce n’aura pas duré longtemps puisque même le Bundestag allemand a voté favorablement sur une nouvelle tranche de financement en dépit du flou encore entretenu sur les réformes décidées par le nouveau gouvernement. En conséquence, le Grexit (sortie de la Grèce de la zone Euro) n’aura pas lieu à court terme.

Pour autant, le pays n’est pas sorti d’affaires et ce sera avant tout la sempiternelle question de la lutte contre la fraude fiscale qui devrait rester la priorité numéro un, logiquement plus facile à mettre en place par ce parti de gauche radical. En effet, si le taux d’intérêt du 10 ans Grec flirte avec les 9 à 10 %, dans le cas du dernier moratoire la Grèce a été refinancée sur un taux privilégié de 2,5 %.

Quoi qu’il en soit, la sortie de la Grèce de la zone euro n’aurait en rien des conséquences dramatiques impliquant l’arrêt de mort de la monnaie unique. En effet, avec 2 % du PIB de la zone et 7 % des exportations, la Grèce ne représente pas un poids significatif. Notons avec ironie qu’un sondage effectué en France laissait entendre que 51 % des ménages accepteraient un nouveau moratoire sur la dette grecque voire son annulation simple. 51 %, c’est à peu près le nombre de ménages ne relevant pas de l’impôt sur le revenu et qui ont donc totalement ignoré que c’est 700 euros que chaque français devrait payer pour régler cette ardoise.

Mais l’indulgence récente de la commission permet d’accorder une nouvelle chance aux Hellènes et montre la volonté de l’Allemagne, entre autres, de ne pas porter le fardeau de la culpabilité d’un ostracisme déjà maintes fois critiqué. Indulgence ou complaisance aussi vis-à-vis de la France qui reçoit un délai supplémentaire de deux ans pour ramener son déficit sur PIB dans les normes Maastrichtienne soit 3 %. Fallait-il sauver le couple franco-allemand, couple fondateur de l’Europe ?

Bien sûr, le respect de cet objectif n’est pas encore acquis d’autant que le gouvernement français souligne à l’envi qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôts (ou d’impôts nouveaux ?). Il devrait donc poursuivre la voie des réformes structurelles, seul moyen d’atteindre cet objectif car la croissance du PIB espérée ne permettra pas d’envisager un retour naturel à cet objectif.

Complaisance certes mais surveillée : la France devra rendre des rapports d’étapes.

Un problème majeur domine : l’incapacité de nos politiques à vendre l’Europe à leurs populations, préférant souvent user de ce concept comme une dictature règlementaire au lieu de la présenter comme une avancée d’intégration et de richesse future.

Mais l’Allemagne, un fois encore, a consenti quelques efforts en relevant nettement le salaire minimum qui dépasse désormais le salaire minimum français et puisera dans ses excédents pour un programme d’investissements d’infrastructures augmenté récemment de 5 milliards.

Certes, un petit pas bien timide mais la preuve, selon nous, d’avancées ou d’une forme de complaisance de Mme Merkel qui rompt avec l’intransigeance affichée ces derniers mois.

Comme d’habitude, les petits pas vers une réalité européenne ne s’effectuent que dans la douleur des périodes de crise. Reste maintenant Messieurs les Anglais à vous déterminer sur votre réelle volonté d’être un membre volontaire de cette vieille Europe à l’appui du référendum prévu. Sinon, Messieurs les Anglais, tirez les premiers en espérant ne pas vivre un nouveau Waterloo.

Pascal Bernachon , Roland Fernet , Mars 2015

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