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Un rallye hésitant

Il se passe quelque chose d’étrange en ce moment sur les marchés actions. Les actions ont globalement rebondi d’environ 8 % depuis leur point bas de début juin (sur l’indice MSCI ACWI) et se situent désormais 6,5 % en-dessous du sommet atteint fin mars...

Cela s’est produit en dépit de statistiques macroéconomiques très décevantes. Parallèlement, les marchés obligataires restent à des niveaux extrêmes avec des taux de rendement à des points bas record pour les emprunts d’Etat considérés comme des valeurs refuge. Tout cela suggère que les investisseurs actions ont bien plus confiance dans les perspectives économiques que les investisseurs obligataires. Hélas, d’après l’expérience de votre auteur, lorsque les marchés d’obligations et d’actions divergent, la plupart du temps ce sont les marchés obligataires qui finissent par avoir raison.

Cependant, si l’on regarde de plus près la récente performance des marchés actions, ce rallye semble hésitant. Depuis début juin, le rebond a été très inhabituel, dans la mesure où il n’a pas été tiré par les secteurs cycliques, contrairement à ce que l’on pourrait attendre. Les valeurs cycliques ont sous-performé les valeurs défensives d’environ 2 % dans ce rallye, tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Le différentiel n’est pas important, mais l’orientation du marché est clairement à contre-sens (cf. graphique de la semaine).

A titre de comparaison, lors du rallye de fin novembre à mars, les valeurs cycliques ont porté le marché et ont surperformé les valeurs défensives de 13 % en Europe et de 7 % aux Etats- Unis. Durant la correction qui s’en est suivie, jusque début juin, les cycliques ont logiquement sous-performé de 9 % en Europe et de 7 % aux Etats-Unis. Il est donc étonnant que les cycliques aient continué de sous-performer les défensives durant le rallye subséquent, malgré un rythme plus modéré.

Notre analyse sectorielle révèle qu’il s’agit davantage d’une sous-performance des cycliques que d’une réelle performance des défensives, ces dernières ayant progressé en ligne avec l’ensemble du marché. Cela se voit également dans la liste hétérogène des leaders sectoriels. Aux Etats-Unis, le rallye a été tiré par les secteurs pétrolier, des médias, de la construction et de la santé, tandis que les secteurs de l’automobile, des produits de base, des loisirs/voyages, de l’agroalimentaire et de l’industrie sont restés à la traîne. En Europe, les secteurs ayant réalisé les meilleures performances ont été l’assurance, les médias, la grande distribution, le pétrole, la santé et l’agroalimentaire, tandis que les secteurs à la traîne ont été les services publics, les produits de base, les banques, la construction et l’industrie.

Qu’est-ce que tout cela signifie ? Habituellement, la performance relative entre les cycliques et les défensives est très corrélée aux indicateurs de sentiment économique (tels que l’ISM ou l’Ifo) – et, à ce titre, l’ampleur de la sous-performance cyclique ressort plutôt en ligne avec la récente dégradation des statistiques macroéconomiques. Ces mouvements de marché ne traduisent peut-être que le retournement des statistiques macroéconomiques.

Cela ne présage pas d’un rallye durable car il semble être tiré davantage par des facteurs techniques et l’évolution du sentiment que par les fondamentaux. Une autre explication pourrait être que les investisseurs sont revenus sur les actions de manière défensive compte tenu du contexte en privilégiant les valeurs de rendement et les paris de qualité supérieure à faible volatilité, (deux thèmes d’investissement qui favorisent les défensives) d’autant plus si ces investisseurs reviennent sur les actions à cause de la faiblesse des rendements sur les autres classes d’actifs. Mais là encore, même cette explication ne suggère pas que le rebond des actions constitue un vote de confiance dans les perspectives de croissance.

David Shairp , Juillet 2012

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