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Un environnement "normal" est constitué d’aléas géopolitiques

Notre scénario économique s’articule autour de la thèse d’une reprise conjoncturelle globale, robuste et sans doute encore sous-estimée dans son ampleur. Par rapport à ce scénario « central », nous formulons une « balance des risques » consistant à identifier les principaux facteurs qui pourraient conduire à en dévier, à la hausse comme à la baisse.

Notre scénario économique s’articule autour de la thèse d’une reprise conjoncturelle globale, robuste et sans doute encore sous-estimée dans son ampleur. Par rapport à ce scénario « central », nous formulons une « balance des risques » consistant à identifier les principaux facteurs qui pourraient conduire à en dévier, à la hausse comme à la baisse. L’instabilité financière, la baisse du prix du pétrole et l’aléa géopolitique constituent les principaux facteurs baissiers.

Appréhender spécifiquement le risque géopolitique suppose de répondre à deux questions : comment l’évaluer ? Et quelles en sont les implications économiques ?

Un environnement « normal » est constitué d’aléas géopolitiques

La mesure du risque géopolitique n’est absolument pas immédiate. Il faut s’appuyer sur notre crédo « les mots traduisent la réalité ». En pratique, nous identifions donc un certain nombre de mots-clés censés illustrer l’incertitude géopolitique, tels que « war risk », « terrorist threat »… Puis, nous effectuons pour chaque semaine un comptage dans la base de données Bloomberg de tous les articles mentionnant ces mots-clés. Enfin, nous effectuons un « nettoyage » statistique pour enlever certains biais (notamment, la tendance haussière du nombre total de publications).

Ce data-mining permet d’observer trois faits saillants : i) notre indicateur de mesure du risque géopolitique retrace bien les principaux événements géopolitiques ; ii) la période postérieure à septembre 2001 constitue clairement une rupture par rapport à celle des années 90 ; iii) la résurgence en 2017 de l’aléa géopolitique fait suite à l’élection de Donald Trump, en lien avec les incertitudes entourant sa doctrine de politique étrangère, et plus récemment, à la survenance de nouveaux attentats terroristes.

L’observation de l’historique laisse à penser que le monde est devenu plus incertain sur le plan géopolitique depuis le début du 21ème siècle. Cette conclusion est biaisée par le fait que notre travail statistique ne démarre qu’au début des années 90. Or, on sait qu’avant les années 90, l’environnement international était marqué par la Guerre froide (ce que traduit d’ailleurs notre indicateur de comptage du nombre de conflits recensés chaque année depuis la fin de la 2nde Guerre mondiale). Dit autrement, l’environnement exceptionnel sur le plan géopolitique n’est pas tant la période postérieure au 11 septembre 2001 que la période « anormalement calme » des années 90. De ce point de vue, une réévaluation de l’aléa géopolitique s’impose : un environnement « normal » est constitué d’incertitudes géopolitiques !

L’incertitude géopolitique constitue un facteur baissier sur la croissance à court terme, mais un risque plus neutre à moyen terme

Il convient toujours d’être prudent lorsqu’on évoque le risque géopolitique, que l’on peut très difficilement anticiper et dont les interactions avec l’environnement économique sont complexes. L’aléa géopolitique doit être actuellement intégré comme facteur de risque baissier à court terme dans un scénario économique, notamment parce que l’incertitude persiste sur la nouvelle doctrine de politique étrangère des États-Unis. Il est même possible que celle-ci soit testée à un moment donné, à un endroit donné dans le monde.

Cependant, l’aléa géopolitique doit être traité de façon plus « neutre » à moyen terme :

  • D’abord, si les incertitudes géopolitiques sont in fine « normales », cela sera progressivement intégré comme tel dans les comportements économiques, sauf occurrence d’un choc exceptionnel ;
  • Ensuite, les aléas géopolitiques peuvent modifier les décisions budgétaires des États. Notre analyse économétrique de causalité suggère que les conflits entrainent statistiquement les dépenses militaires sans qu’il y ait de relation dans le sens inverse. Ainsi toute hausse du nombre de conflits dans le monde conduirait a priori à une augmentation du poids des dépenses militaires qui pourrait être favorable à la croissance à moyen terme, à condition que les contraintes budgétaires n’entraînent pas en contrepartie une diminution d’autres dépenses. L’ampleur serait probablement différente selon les pays sachant que le lien de causalité sur les dépenses militaires est statistiquement plus évident pour les États-Unis que pour la France.
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Source : Bloomberg – Calculs : Groupama AM
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Sources : Globalsecurity.org et Sipri – Calculs : Groupama AM

Christophe Morel , Thuy van PHAM , Juin 2017

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