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Opinion
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Le 28 mars 2023, la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD) a rendu publique la 4ieme version de son cadre bêta. Il s’agit de la dernière version provisoire, avant la publication des recommandations finales qui interviendra plus tard dans l’année. La nature et la biodiversité sont sous les feux de la rampe depuis quelques années...
Le 28 mars 2023, la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD) a rendu publique la 4ieme version de son cadre bêta. Il s’agit de la dernière version provisoire, avant la publication des recommandations finales qui interviendra plus tard dans l’année. La nature et la biodiversité sont sous les feux de la rampe depuis quelques années et la création de la TNFD en 2021 est le reflet de ce regain d’intérêt, tout comme la COP15 en 2022. A cette occasion, plus de 190 pays se sont engagés à respecter un plan d’action global en faveur de la biodiversité, reconnaissant l’importance cruciale de la nature et de la biodiversité pour l’économie mondiale. Après tout, plus de 50 % de l’économie mondiale dépend de la nature. [1] Bien qu’elles ne soient pas conçues pour être obligatoires, les recommandations de la TNFD sont censées fournir un cadre pour la gestion et le reporting des risques liés à la nature. On peut également s’attendre à ce que les recommandations de la TNFD soient rendues obligatoires par les régulateurs au fil des ans, comme cela avait été le cas pour la Taskforce on Climate-related Financial Disclosures (TCFD).
Qu’est-ce que la TNFD ?
La TNFD est une initiative mondiale de place qui vise à développer un cadre pour la gestion et le reporting des risques, opportunités, incidences et dépendances liés à la nature. Elle a été lancée en 2021 dans le but d’orienter les flux financiers vers des impacts positifs et de les détourner des impacts négatifs sur la nature grâce à des informations normalisées. Le groupe de travail compte actuellement plus de 40 membres, dont des entreprises et des institutions financières, représentant 20 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Un millier d’organisations dans le monde soutiennent également le forum de la TNFD, avec 18 partenaires représentant des organisations scientifiques, de conservation et d’élaboration de normes au niveau mondial. [2]
Qu’est-ce qui a changé entre la v.0.3 et la v.0.4 ?
Bien que la structure et les éléments principaux du cadre soient similaires à ceux de la version précédente, la TNFD formule désormais 14 recommandations, dont 11 sont directement adaptées du cadre de la TCFD pour le climat qui est couramment utilisé. Les trois nouveaux ajouts concernent les piliers « Gestion des risques » et « Stratégie » ; ils mettent l’accent sur l’engagement des parties prenantes, la chaîne de valeur et la spécificité de l’environnement local - des sujets qui sont particulièrement importants dans le contexte de la nature. Il s’agit d’un changement important par rapport à la TCFD, qui n’avait pas précisé ces détails de manière aussi exhaustive.
C’est également la première version à inclure des recommandations sur les données et les indicateurs, ainsi que des cadres d’orientation sectoriels. La TNFD a fourni une première série de paramètres qui peuvent être utilisés pour les publications liées à la nature. Ceux-ci sont répartis selon trois catégories : de principaux indicateurs mondiaux qui s’appliquent à tous les secteurs, de principaux indicateurs sectoriels qui s’appliquent à certains secteurs et des indicateurs de transparence supplémentaire, recommandés mais non obligatoires. Voici quelques exemples d’indicateurs fondamentaux de divulgation au niveau mondial : l’étendue des changements d’utilisation des terres, des eaux douces et des océans par type d’écosystème et par activité commerciale ; le total des polluants rejetés dans le sol, répartis par type ; et le total des polluants atmosphériques autres que les gaz à effet de serre, répartis par type. Dans cette version, la TNFD a également fourni des indications sectorielles pour l’industrie agroalimentaire et les institutions financières, qui comprennent des projets d’orientations en matière de divulgation, ainsi que des conseils supplémentaires sur les biomes.
Qu’est-ce qui peut encore être amélioré ?
Nous pensons que certains aspects du projet de divulgation peuvent encore être améliorés. Par exemple, le champ d’application est potentiellement trop libre. Étant donné que les organisations disposent d’une grande marge de manœuvre pour déterminer l’importance et la portée de leur analyse, il est plausible que les entreprises d’un même secteur présentent des niveaux de transparence très différents.
Bien que la TNFD ait fourni une série d’outils, tels qu’ENCORE, qui facilitent grandement la publication d’informations, nous restons convaincus que l’ensemble des paramètres de base n’est pas applicable à tous les secteurs. Du point de vue d’une institution financière, il est peu probable qu’elle soit en mesure de rendre compte et de communiquer sur l’ensemble des 14 indicateurs fondamentaux à l’échelle mondiale, simplement en raison d’un manque de portée et de données reportées (pour le scope 3). Par exemple, la pollution des sols, qui doit être divulguée sous la forme d’un « Total des polluants dans le sol, répartis par type », n’est souvent pas un point de données facilement accessible et les entreprises des secteurs fortement exposés à la pollution des sols auront besoin de temps et de ressources pour commencer à la signaler. Un risque existe également que les institutions financières soient contraintes d’utiliser une seule méthodologie ou source de données particulière pour se conformer aux normes et aux réglementations jusqu’à ce qu’un consensus se dégage sur la meilleure façon de décrire les impacts et les dépendances.
La version finale sera publiée en septembre 2023. Néanmoins, nous pensons qu’il est important pour les acteurs du marché d’être proactifs et de commencer à intégrer le cadre TNFD dès maintenant. L’accent est de plus en plus mis sur une transition bénéfique à la nature, combinée à une transition zéro émission nette. Et là où commence à être mis l’accent, il est probable que la réglementation suivra.
Guy WILKINSON , Mai 2023
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