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Révolution 5G : quels seront les gagnants ?

Avec un débit ultra-rapide et de faibles temps de latence, la 5G promet de jeter les bases d’un grand nombre de nouveaux business modèles, selon Erling Thune, gérant de DNB Technology. Automatisation d’usine, véhicules autonomes, objets connectés ou encore réalité virtuelle et augmentée... la 5G permettra de collecter une grande quantité de nouvelles données pour rendre les industries et les villes plus efficientes.

Très haut débit et capacités plus élevées

Le principal atout de cette révolution technologique tient à son très haut débit, sa faible latence de transmission et ses capacités plus élevées. D’une part, la nouvelle norme de communication mobile va ainsi permettre de créer de nouveaux processus de fabrication en matière d’automatisation. D’autre part, à la fois pour le travail et les loisirs, elle sera une condition préalable à la création de services de réalité virtuelle et augmentée, car ces derniers nécessitent des temps de latence extrêmement faibles. Enfin, tous les types de véhicules automatisés s’appuieront sur un haut débit mobile ultra-rapide avec une faible latence. Toutes les industries étant digitalisées d’une manière ou d’une autre, c’est une période passionnante pour le monde. Les États-Unis et la Chine bataillent en matière d’innovation, de création de nouveaux business modèles et tentent de rendre les anciens plus efficients. “Le graal sera d’avoir accès à l’ensemble des données créées par l’internet des objets et l’usage de l’intelligence artificielle pour de meilleures prises de décisions. Mais pour que ce soit possible, un pays doit disposer d’infrastructures de qualité en termes de réseaux de télécommunications”, indique Erling Thune.

Manquer le train de la 5G pourrait avoir des conséquences néfastes

La difficulté pour l’Europe est le retard par rapport à l’Asie et aux États-Unis. Nous avions l’habitude de dominer le monde aux débuts de la téléphonie mobile, mais les réglementations en vigueur ont dissuadé les opérateurs européens à investir, ce qui a fortement entamé leur hégémonie. Manquer le train de la 5G pourrait avoir des conséquences encore plus néfastes, par exemple, sur les constructeurs automobiles européens. Avec sa volonté d’avoir « au moins quatre opérateurs par marché », la politique européenne est la moins efficiente en termes de réseaux. « Cela équivaut à construire quatre autoroutes côte à côte avec des embouteillages sur certaines tandis que d’autres restent vides. Les régulateurs doivent, en ce sens, changer leur politique afin de garantir le futur de l’industrie européenne », souligne Erling Thune.

Les véhicules autonomes – pas seulement les voitures

À l’évocation de véhicules automatisés, nous sommes nombreux à faire référence aux voitures autonomes. Or, pour la 5G il nous semble plus intéressant de se pencher sur d’autres véhicules sans conducteur, comme par exemple des drones, que ce soit pour les services de livraison ou pour l’agriculture. Pensez aux gains d’efficacité que permettrait l’automatisation du fonctionnement des ports ! Dans un avenir proche, un opérateur de grue devrait aussi être capable depuis son domicile d’intervenir sur un chantier de construction n’importe où dans le monde. Et, bien sûr, cela requiert des réseaux 5G fiables. « Nous pensons que Deutsche Telekom est bien placé principalement en raison de sa position dominante sur la 5G aux États-Unis, à la suite de la fusion avec Sprint. Dans le même temps, le plus grand opérateur télécom d’Europe est déterminé à maintenir son leadership en matière de réseau en Allemagne. Nous nous attendons aussi à ce que les partenaires les plus importants pour les services de 5G préfèrent les leaders du marché disposant des meilleurs réseaux. », indique le gérant.

Position ambivalente à l’égard de Huawei

Les États-Unis ont pris des mesures fortes afin de bloquer l’accès du groupe chinois Huawei au marché américain. Pour le déploiement de l’infrastructure européenne 5G, la Commission européenne et le gouvernement allemand poursuivent une stratégie relativement modérée comparée aux autorités américaines. La Suède, l’Italie et le Royaume-Uni ont décidé d’exclure les fournisseurs chinois de tout ou partie de leurs réseaux. L’Union européenne a seulement recommandé « d’éviter les dépendances vis-à-vis de fournisseurs considérés comme risqués ». Avec une Grande-Bretagne fermement du côté américain et certains pays d’Europe de l’Est davantage rangés du côté de la Chine, l’Europe est divisée.

L’Allemagne, quant à elle, tente d’adopter une approche pragmatique en cherchant à protéger ses exportations vers la Chine. La plupart des pays d’Europe de l’ouest ont pris des mesures variées pour empêcher Huawei de devenir l’un de leurs principaux réseaux de télécommunications. Il y a fort à parier que dans cinq à sept ans, ils remplaceront leurs antennes relais par ceux de Nokia et Ericsson, pénalisant Huawei. En tant que fournisseurs d’équipements de télécommunications, les deux compagnies bénéficieront aussi de la mise au ban du géant chinois. En Suède, Huawei a ainsi été récemment exclu d’un appel d’offres public contre lequel les Chinois ont intenté une action en justice. Mais même si Ericsson devait perdre pour cette raison son business chinois, le suédois resterait l’un des principaux bénéficiaires de la restriction des activités commerciales de Huawei en Europe. Dans cette perspective, de nombreuses entreprises de produits technologiques délocalisent leur production de Chine. Nous nous attendons à ce que cette tendance se poursuive au profit de pays comme la Corée du Sud, Taïwan, la Thaïlande ou le Vietnam.

Erling Thune , Avril 2021

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