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Opinion
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Les investisseurs s’étaient résignés à un tour de vis verbal supplémentaire de la part de la BCE, surtout après la tonalité offensive des dernières minutes de la réunion de mars dernier.
Est-ce en raison des risques qui planent sur la croissance européenne, l’écartement des spreads souverains, l’accélération de la hausse des taux américains ou une combinaison des trois ? Toujours est-il que les propos ont été particulièrement mesurés : le calendrier de sortie du QT ("resserrement quantitatif") reste le même (T3 2022), les tombées seront redéployées au moins jusqu’à fin 2024 (une façon de se donner la possibilité de freiner l’écartement des spreads souverains s’il devait se poursuivre) et la flexibilité restera de mise (la période entre la fin du QT et la première hausse de taux pourrait s’étendre d’une semaine à plusieurs mois…).
Mais le marché n’a pas attendu qu’elle agisse pour commencer à "faire le travail" : les conditions d’octroi de crédit se sont resserrées depuis le début de l’année, les attentes en termes de hausses de taux recalibrées et les anticipations d’inflation revues nettement à la hausse.
On sent donc l’institution mal à l’aise dans un contexte généralisé de hausse des taux, à un moment où les pressions inflationnistes commencent à mordre sur la croissance.
La nature ayant horreur du vide, si les ajustements ne peuvent se faire sur les taux, ils se feront sur la monnaie. Le jeu d’équilibriste qui consiste à vouloir opter pour un consensus mou au sein du conseil des gouverneurs risque de se retourner contre l’institution et emporter un peu de sa crédibilité.
Ronan Blanc , Avril 2022
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