Les chiffres de la dette nationale américaine viennent d’être publiés et font froid dans le dos : 28’170’000’000’000 dollars, ce qui constitue bien évidemment un nouveau record historique. Si la raison de la récente accélération de cette dette est connue (mesure d’urgence pour parer aux effets économiques dévastateurs du Covid-19) les détenteurs le sont moins.
Il s’agit alors de les passer en revue et de voir si cette dette est soutenable avec une hausse des taux qui se profile à l’horizon. Synthèse et analyse.
a. Les faits
En avril 2021, la dette publique des États-Unis s’élevait à environ 28,17 billions de dollars américains, soit 3,2 billions de plus qu’un an plus tôt, où elle était d’environ 24,9 billions de dollars. Plus impressionnant, au total, la dette américaine est passée de moins de 700 milliards de dollars en 1999 à plus de 28’000 milliards de dollars aujourd’hui.
La dette publique américaine est devenue l’une des questions politiques les plus importantes aux États-Unis ces dernières années, le débat sur la façon de la gérer provoquant des remous politiques entre les démocrates et les républicains. Aujourd’hui la dette américaine dépasse allégrement les 100% du PIB (près de 130%). b. Les statistiques de la démesure
On pourrait parler pendant longtemps de la dette américaine, mais certains faits parlent d’eux-mêmes :
c. Qui détient la dette abyssale des États-Unis ?
Contrairement à ce que certains pourraient penser, la dette américaine n’est pas seulement détenue par le gouvernement américain et les nations étrangères. Il y a en effet 5 catégories distinctes
d. Petits rappels utiles
Tout d’abord il faut rappeler qu’un gouvernement n’est pas un ménage en ce sens qu’il n’a pas besoin de rembourser entièrement sa dette comme vous pouvez le faire avec votre hypothèque par exemple.
Par ailleurs un gouvernement a la capacité (possibilité) de taxer l’économie de son pays à sa guise pour faire évoluer (ou non) ses recettes.
Si on prend le cas des États-Unis, depuis 1947, sa dette publique a augmenté à un taux annuel moyen d’environ 6,3 %. En parallèle, le PIB nominal américain a augmenté à un taux annuel d’environ … 6,3 % ! En montant, la dette publique est aujourd’hui d’un peu plus de 28’000 milliards de dollars alors que le PIB est d’un peu moins de 21’500 milliards de dollars. S’il est un peu erroné de comparer le montant d’une dette publique et celui d’un PIB on peut cependant comparer la dette en pourcentage du PIB (près de 130%). Notons que nous sommes aujourd’hui au-delà des chiffres de la Deuxième Guerre mondiale. Nous ne sommes bien évidemment pas dans la même situation aujourd’hui puisque c’est plutôt la course à l’emprunt et à la dépense qui explique la progression de la dette fédérale.
e. Pas de chiffre magique
Si un ratio dette/PIB supérieur à 100% semble à priori insoutenable et dangereux, le Japon est l’exemple criant d’une grande économie développée où ce chiffre peut aller bien plus haut.
Le ratio dette/PIB du Japon est en effet passé de 100% à 300% (cependant les intérêts de la dette ont diminué à cause (grâce ?) des taux d’intérêt négatifs) dès que l’on s’en soucie réellement.
Si 30 ans de déflation, de croissance anémique et de baisse des taux au Japon ne sont pas des éléments qui doivent être jalousés, on peut cependant affirmer qu’il n’y a pas un chiffre magique de dette à partir duquel une crise massive est déclenchée.
f. Quand le déficit fédéral devient-il important ?
Si les chiffres du déficit sont très importants, force est de constater que cela fait des décennies que les analystes ne s’en inquiètent plus du tout. La question est alors de savoir jusqu’à quel niveau cela peut se poursuivre. La réponse est (assez) simple : c’est le niveau de l’inflation qui compte et non la dette en elle-même.
Comme le rappelle le professeur Renault de l’IESEG, théoriquement l’inflation permet de réduire le poids de la dette, mais les risques associés sont difficiles à anticiper et peuvent s’avérer dévastateurs.
Et surtout, le problème n’est absolument pas réglé. Une fois l’ensemble de la dette roulée, si le taux de croissance nominal du PIB (inflation + croissance réelle) est inférieur au taux de croissance de la dette (déficit primaire + charge d’intérêt de la dette), alors la dette en pourcentage du PIB augmentera inexorablement.
Par ailleurs, une inflation plus forte va historiquement (et logiquement) de pair avec des taux d’intérêt plus élevés. Rappelons que c’est la faiblesse des taux d’intérêt qui a donné aux gouvernements une certaine marge de manœuvre sur leurs emprunts et leurs dépenses. Cette marge de manœuvre serait alors réduite, voire annulée.
Enfin, une étude de l’OCDE montre que pour un pays avec une maturité de dette dans la moyenne, il faudrait une inflation autour de 6 % pendant 10 ans pour simplement retrouver le niveau de dette d’avant crise ! Et ceci sans prendre en compte les effets négatifs d’une politique inflationniste : volatilité des taux de change, incertitude sur la capacité à instaurer une nouvelle cible d’inflation crédible, risque d’hyperinflation, coût de la désinflation dans le futur...
g. Synthèse
Si tout le monde évite la question de la dette américaine, il faudra un jour s’y atteler sérieusement. Ce d’autant plus que les détenteurs de cette dette ne sont pas ceux que l’on croyait connaître…
John Plassard , Mai 2021
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