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Quel avenir pour le financement bancaire en Europe ?

L’étude « Credit Strategies of European banks » [1] conduite avec Kurt Salmon [2] et HEC, dresse le panorama d’un environnement économique incertain, dû à la crise de la dette souveraine, à la défiance vis-à-vis des acteurs du secteur bancaire et des impacts liés aux nouvelles mesures réglementaires, en particulier Bâle III (CRD III et IV).

Cela entraîne une raréfaction de la liquidité. La stratégie de crédit des banques européennes et le financement de l’économie sont en voie de mutation. Dans ce cadre, des réformes sont en cours au sein des établissements financiers et de nouvelles initiatives sont en gestation.

Les réactions des établissements financiers

Dans un tel contexte, les établissements financiers prônent un « retour aux bases » :

- Recentrage sur les marchés domestiques par un mouvement de retour des modèles économiques des banques sur leur cœur de métier (nombreuses cessions d’actifs d’activités jugées non stratégiques)

- Stratégie de retour des établissements financiers vers leurs clients clés/ historiques

De plus, un resserrement de l’offre au travers d’une simplification est amorcé, renforçant l’importance de la relation avec le client, qui devient un élément de compétitivité majeur. Les établissements révisent plus fréquemment les politiques de « pricing » pour mieux tenir compte des changements des conditions et des paramètres de marchés.

Des évolutions du modèle…

Face à ces facteurs récents, les établissements financiers repensent les modèles à travers différentes évolutions :

- Une hausse anticipée du coût du refinancement liée à la forte compétition entre les banques pour trouver de la liquidité à long terme. Cette hausse sera immédiatement répercutée sur les clients ;
- Evolution vers un modèle « Originate to distribute » - redistribution du risque initial vers des acheteurs différents de l’originateur.

- Une réduction possible de la pondération du risque pour les prêts aux PME dans le cadre de la CRD 4, en vue de favoriser le financement des PME.

Les perspectives à envisager

Afin de pallier à ces modifications, plusieurs perspectives peuvent être envisagées :

- La titrisation pourrait s’appuyer sur un label qualité, via l’association européenne des marchés financiers : « Prime Collateralised Securities », garantissant aux investisseurs la transparence et la qualité des sous-jacents.

- Profitant de l’appétit des investisseurs pour la dette privée, évolution du modèle européen vers le modèle anglo-saxon qui laisse plus de latitude aux entreprises pour se financer directement auprès du marché via notamment des émissions obligataires. Cependant, cela semble plus difficile pour les mid-caps.

- Arrivée progressive de nouveaux acteurs sur le marché du financement comme les assureurs, les Hedges Funds ou les entreprises de Private Equity. Ces 2 dernières catégories posent le problème de « shadow banking », exercé en dehors de la régulation des établissements de crédit. Mais les entreprises pourraient profiter aussi du développement de sites internet spécialisés dans le financement participatif ou ce qu’on appelle le crowdfunding, afin de trouver d’autres alternatives.

- De nouvelles initiatives de financement :

  • Mise en place par Nyse Euronext de la « Bourse de l’Entreprise », en charge de concevoir de nouvelles solutions pour financer les PME via le marché
  • En France le projet de création de la Banque Publique d’Investissement (BPI) avec une capacité d’intervention estimée de plus de 30 Milliards d’euros pour favoriser le financement des PME

La mutation des établissements financiers dans le contexte économique est une obligation, afin de trouver de nouvelles voies de financements. Ces solutions, souvent innovantes, doivent être prises en compte et intégrées aux modèles de contrôles et de gestion des risques des établissements et également des régulateurs afin d’éviter les processus de transfert de risque non monitorés.

Next Finance , Décembre 2012

Notes

[1] Méthodologie de l’étude :
Cette étude s’est déroulée sur les deux premiers trimestres 2012 avec la participation de cinq étudiants internationaux d’HEC et sous la supervision de consultants de Kurt Salmon. Six banques européennes ont été sélectionnées (Deutsche Bank, Crédit Suisse, HSBC Holdings, ING Bank, Crédit Agricole, Bank of Ireland), et après une analyse quantitative et qualitative approfondie des enjeux, les évolutions liées ont été mesurées au travers de questionnaires.

[2] A propos de Kurt Salmon
Kurt Salmon est un cabinet de conseil en transformation des entreprises.
La vocation des 1400 consultants de Kurt Salmon est d’apporter aux dirigeants des entreprises le conseil et les idées originales qui ont un impact direct et concret sur la réussite de leurs projets et, en particulier, sur leurs projets de transformation. Kurt Salmon accompagne les dirigeants dans l’exploration de nouvelles voies pour les entreprises. Nos équipes de conseil interviennent à leurs côtés pour mieux comprendre les attentes du marché, pour les aider à discerner les facteurs d’évolution de leur secteur d’activité et à trouver la différenciation compétitive qui leur permettra d’exprimer leur leadership.

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