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Premières réaction à la victoire de D. Trump

Donald J. Trump sera le 45ème Président des États-Unis. Alors que la plupart des sites de pari en ligne et les marchés financiers pensaient que la victoire de Trump était improbable, les sondages dans les Swing States suggéraient une course bien plus serrée.

  • Donald Trump est élu 45e Président des États-Unis. Son discours suite à l’élection a invité au rassemblement, mentionnant notamment « l’immense gratitude » du pays pour H. Clinton.
  • La Chambre des Représentants et le Sénat gardent une majorité républicaine. Le Président de la Chambre Paul Ryan a appelé D. Trump pour le féliciter et a eu une « bonne conversation ».
  • L’élection de D. Trump engendre des incertitudes économiques. Nous attendons plus de précisions sur les priorités de la nouvelle administration, en particulier concernant les promesses les plus populistes. L’équilibre entre celles-ci et les mesures budgétaires va déterminer les perspectives économiques dans les 18 prochains mois.
  • L’incertitude a créé une réaction initiale de défiance des marchés : chute des actions et des futurs, hausse des obligations d’État et volatilité des devises. Le discours rassurant de Trump a permis de renverser une partie de ces mouvements.
  • Une hausse de taux de la Fed en décembre reste notre scénario central, mais une détérioration persistante des conditions de financement ou de l’appétit au risque pourraient dissuader le FOMC de resserrer sa politique monétaire le mois prochain.
  • La BCE devrait se garder de mentionner un ralentissement des achats lors de sa réunion de décembre et nous maintenons notre prévision d’une extension du programme d’achats de 3 mois.
  • L’incertitude, notamment sur la politique commerciale, crée des risques pour l’Amérique latine et l’Asie.

Le résultat

Le graphique ci-dessous montre que seuls quelques Swing States ont eu un résultat inattendu, toujours en faveur de Trump (dans le cas du Wisconsin, c’est même un écart considérable aux sondages). Les sondages avaient néanmoins suggéré que le vote serait serré, soulevant la possibilité d’une contestation de l’élection. Finalement, le plus surprenant est peut-être que le résultat n’est pas serré.

Conformément à notre précédente analyse (voir aussi les programmes ici), le Président Trump bénéficiera d’un Congrès républicain. Il était attendu que la Chambre des Représentants conserve sa majorité républicaine, mais les gains démocrates ont été décrits cette nuit comme décevants. Comme nous l’avions aussi suggéré, le Sénat a suivi la Présidence en conservant une majorité républicaine.

Alors que les relations entre Trump et les Républicains du Congrès ont été difficiles ces derniers mois, la soirée a été marquée par une volonté de renforcer les bonnes relations. Le Président de la Chambre des Représentants, Paul Ryan, a appelé Trump pour le féliciter de sa victoire et a dit avoir eu « un bon échange ». Le Sénateur McCain a dit qu’ils continueraient à travailler ensemble et a « tendu la main » au futur Président. Même si les relations pourraient être tendues entre le Président et son Congrès, les deux parties auront un intérêt clair à travailler ensemble. Ceci devrait permettre une adoption plus facile des lois que durant les dernières années d’Obama. Ryan décrit une situation qui offre un grand « potentiel » en cette « bonne soirée pour l’Amérique ». Mais l’incertitude sur le degré de collaboration entre Président et Congrès va perdurer.

Perspectives économiques

L’élection de Trump fait planer une certaine incertitude sur la politique économique américaine. Le candidat Trump a fait campagne sur un certain nombre de propositions économiques. Il a adopté les vues du Parti Républicain sur le budget qui mettaient l’accent sur la simplification de la fiscalité pour les ménages et les entreprises dans le but notamment de rapatrier les fonds détenus à l’étranger par les firmes américaines. Ces mesures seraient équivalentes à un large plan de relance en faveur des entreprises. Elles permettraient de renforcer la dynamique positive de l’économie américaine et s’inscriraient dans la volonté, encore explicitée lors du discours d’acceptation de Trump, de rendre aux Etats-Unis sa position d’« économie dominante ».

Mais Trump a aussi mentionné des mesures économiques davantage populistes, incluant le contrôle de l’immigration (expulsion des migrants illégaux, davantage de contrôles aux frontières et notamment le fameux « mur » le long du Rio Grande). Trump a aussi évoqué d’éventuels droits de douanes sur les produits mexicains et chinois, allant à contre-sens de l’ALENA et des discussions en cours sur l’accord Trans-Pacifique (TPP) et sur le TIPP avec l’Union Européenne. Trump a dit aujourd’hui vouloir « travailler avec les pays souhaitant coopérer avec [les États-Unis] ».

Nous sommes désormais dans l’expectative que la future administration Trump établisse ses priorités en matière de politique économique. Celles-ci ne pourraient prendre forme que tardivement puisque Trump doit à présent engager un dialogue avec le Congrès sur sa politique. Nous resterons certainement dans le flou en attendant son discours inaugural.

Réaction des marchés financiers

L’incertitude concernant l’orientation politique est l’un des facteurs principaux ayant un impact sur les marchés financiers.

Comme nous l’avions anticipé, l’élection de Trump a conduit à un épisode important d’aversion au risque sur les marchés financiers. Les marchés actions ont massivement reculé dès que la victoire de Trump est devenue possible. Le Topix japonais a chuté de 4,6% au moment de la rédaction, avec de fortes chutes sur les autres marchés financiers asiatiques (Corée -2,25%, Taiwan -3% et Inde -3,4%). De plus, les marchés futures américains ont reculé de 4%. L’aversion au risque s’est aussi emparée du marché des devises. Le yen japonais (+2,6%), le franc suisse (+1%) et l’euro (+1,6%) ont tous progressé vis-à-vis du dollar américain. La livre sterling, les couronnes norvégienne et suédoise ont baissé contre le dollar. Par ailleurs, de nombreuses autres devises, notamment le peso mexicain et le yuan chinois, se sont affaiblies en réponse aux incertitudes concernant le commerce international. Les rendements des obligations ont aussi réagi vers plus d’aversion au risque.

Cependant, cette réaction initiale s’est renversée. Les rendements des obligations demeurent légèrement plus bas, avec les obligations américaines à 10 ans à 1,87%, le Bund allemand à 0,13%, et le Gilt britannique à 1,20%. Les actions européennes reculent de 0-2%, bien moins que ce que les futures suggéraient plus tôt. Et le dollar américain (mesuré vis-à-vis d’un panier de devises) diminue de 0,7%, contre une chute de 2,3% plus tôt ce matin. La plupart de ce renversement coïncide avec le discours conciliant de Trump.

L’ampleur et la persistance de la réaction des marchés futures posent la question de l’impact sur les perspectives économiques et plus précisément concernant la Réserve fédérale. Nous avions anticipé, tout comme les marchés, que la Fed resserrerait sa politique à sa prochaine réunion, le 14 décembre. La Fed pourrait être dissuadée d’un tel mouvement, selon l’ampleur et la persistance de la détérioration des conditions financières. Toutefois, comme les conditions économiques qui pourraient pousser la Fed à resserrer sa politique ne devraient pas beaucoup changer avant la réunion du 14 décembre, nous continuons d’anticiper une hausse des taux, à moins que les conditions financières se détériorent davantage et pour une large gamme de classes d’actifs (actions, obligations, dollar).

Impact pour le reste du monde

L’incertitude autour des futures mesures de politiques aux États-Unis a aussi des implications pour le reste du monde :

  • Nous sommes surtout inquiets de l’impact pour l’Amérique latine et l’Asie. Le risque baissier se matérialisera si Trump met en place son programme anti-commerce, même si le stimulus budgétaire US attendu est un soutien.
  • Comme lors du Brexit, nous nous attendons à ce que les marchés financiers réagissent dans les prochains mois à chaque nouvelle « vague » de nouvelles.
  • A notre sens, le résultat de cette élection devrait renforcer le biais accommodant (dovish) de la BCE : à la réunion de décembre, la BCE n’aura pas plus de visibilité sur les mesures que Trump mettra en place. Nous estimons donc que la BCE prolongera son programme d’achats d’actifs (QE) de 3 mois, en jouant sur certains paramètres (mais pas sur les clés de capital) ; elle annoncerait un prolongement et au-delà si les conditions financières se détérioraient davantage.

AXA-IM , Novembre 2016

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