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Les taux d’intérêt devraient augmenter, à un « rythme très modéré », selon les CIO des principales filiales de Legg Mason

Les investisseurs et les personnes qui suivent de près les marchés financiers mondiaux sont nombreux à prévoir une hausse des taux d’intérêt. Les CIO des filiales d’investissement de Legg Mason sont de cet avis, mais pensent qu’il faudra jusqu’à deux ans, si ce n’est plus, pour que cette tendance se concrétise.

S’exprimant à l’occasion de la Journée des investisseurs de Legg Mason, qui s’est tenue à l’hôtel Roosevelt de New York en septembre, les CIO des filiales ont évoqué l’avenir à court et à long terme des marchés mondiaux lors de deux tables rondes, animées par Consuelo Mack de WealthTrack. La question formulée était : où investir dans un contexte de hausse des taux d’intérêt ?

« L’augmentation des taux d’intérêt ne se fera pas en un jour », a estimé Ken Leech, CIO de Western Asset, l’un des plus importants gérant obligataire, leader dans le monde.

Cela pourrait prendre 18 à 24 mois, voire plus. Et d’ajouter que cinq ans auparavant, personne n’aurait pu prévoir - ni n’a d’ailleurs prévu – ce que serait la situation actuelle, aussi bien sur le plan monétaire qu’au niveau du marché mondial. Au vu de la complexité du contexte, il sera difficile pour la Réserve fédérale américaine de poursuivre son ambition affichée de redressement des taux à court terme.

« Les décideurs politiques mettront du temps à s’apaiser », a déclaré M. Leech. C’est notamment pour cette raison que « nous apprécions la typologie à long terme de la courbe américaine ». M. Leech s’est également montré optimiste quant aux entreprises du marché en termes d’investissement mondial, où un écart de valorisation subsiste. M. Leech prévoit une croissance des stratégies « unconstrained bond » qui offrent aux investisseurs la possibilité d’accéder à une variété de produits et de zones géographiques.

« Au cours des neuf derniers mois, nous avons adopté des positions longues sur les obligations américaines à 30 ans », a convenu David Hoffman de Brandywine Global, une société spécialisée dans l’investissement axé sur la valeur dans les actions et sur l’obligataire. « Le plus grand risque serait que la Fed n’agisse pas comme elle le devrait », a-t-il insisté.

« Cette année a été bien meilleure que prévu et l’année prochaine devrait l’être également. » M. Hoffman est devenu plus offensif sur les marchés émergents et s’est concentré sur les obligations mexicaines.

Isaac Souede, CIO de Permal, s’est associé à ces observations. Permal est l’une des plus anciennes sociétés de gestion d’actifs, avec plus de 40 ans d’expérience.

« La mission de la Fed consiste à renouer avec la croissance et l’inflation », a déclaré M. Souede. « Sur ce second point, les Etats-Unis connaissent une période de répit. » Il attribue ce résultat aux tendances mondiales. « La Chine observe un ralentissement séculaire à long terme et le dollar bien plus fort est déflationniste pour les Etats-Unis. En effet, nous connaîtrons une hausse des taux d’intérêt, mais à un rythme très modéré. »

M. Souede a exprimé une préoccupation majeure : « La grande question est de savoir si la productivité progressera en même temps que les salaires ». Interrogé sur ses prévisions, il a répondu : « Nous sommes du côté des optimistes ».

La volatilité a été réduite par les actions des décideurs politiques, selon M. Souede. Il estime que les investissements résultant d’événements ainsi que les fusions et acquisitions sur les marchés matures devraient être favorisés.

D’après lui, les attentes autour d’une hausse des taux d’intérêt devraient doper les fusions et acquisitions américaines au cours des 12 à 24 prochains mois, même si pour le moment les taux demeurent bas. Les arbitrages, les restructurations et le suivi des investisseurs actifs initiant des mesures efficaces présentent également un potentiel.

Comme sur les marchés émergents, il est conseillé « d’investir dans des entreprises qui vont dans le sens du gouvernement ». Le Mexique affiche de bons résultats, le Brésil est en récession, mais rien ne prouve que cette stratégie soit payante.

« Sur le plan international, les investisseurs ont fait preuve de davantage de prudence qu’on ne pouvait le croire », a poursuivi M. Souede. « J’adopte une position modérément optimiste pour l’avenir », conclut Scott Glasser de ClearBridge Investments, dont les expertises « cœur » sur les actions américaines comprennent gestion active, stratégies de rendement ou à faible volatilité.. Il a notamment écarté toute crainte concernant la possibilité d’une nouvelle crise. « Le marché s’est normalisé. Une croissance de 6 % à 8 % est à prévoir sur l’indice S&P 500. »

Pour M. Glasser, il est difficile de trouver de nouveaux titres à acquérir, compte tenu de sa concentration sur les grandes capitalisations, mais en cherchant, certaines opportunités peuvent être identifiées. Il mentionne plusieurs secteurs : la technologie, notamment le matériel, la santé, notamment l’assurance, et l’énergie, même s’il vise la stabilité sur les marchés des matières premières avant de s’intéresser aux opportunités du marché de l’énergie. Le potentiel d’efficacité accrue au sein des entreprises est également un objectif majeur et M. Glasser observe avec attention les actions menées par les investisseurs actifs et les entreprises. Il continue de déceler de la valeur dans des sociétés de qualité : « La qualité est devenue la dernière roue du carrosse ».

« Nous ne pensons pas que l’exubérance ou la complaisance pourrait conduire à un effondrement », déclare Rosemary Macedo, CIO de QS investisseurs, s’alignant sur les prévisions de M. Glasser. QS gère des stratégies multi-actifs, des alternatives liquides, des solutions personnalisées et des actions sur les marchés développés et émergents. « Les investisseurs en actions anticipent le risque », a déclaré Mme Macedo, soulignant qu’ils peuvent utiliser l’assurance du portefeuille pour gérer le risque sans pour autant sacrifier la hausse. « Il existe des moyens systématiques d’intégrer la croissance et la protection », dit-elle. « Les investisseurs trouvent d’autres moyens d’accéder aux bénéfices habituellement générés par les obligations ». Son message clé : « La diversification est la première des défenses ».

La hausse des taux d’intérêt, quel qu’en soit son rythme, devrait donner un coup de pouce aux sociétés à petite capitalisation de qualité suivies par Chuck Royce. La société dont il est le fondateur, Royce Funds, est spécialisée dans les portefeuilles de petites entreprises gérées selon une méthode axée sur la valeur dans un horizon à long terme.

Pour M. Royce, plusieurs des actions entreprises par la Réserve fédérale américaine au cours des dernières années « ont eu un impact favorable sur les petites capitalisations, nous n’avons donc pas à nous plaindre ». Pourtant, l’assouplissement quantitatif a profité de manière inégale aux entreprises de moins bonne qualité grâce à la grande disponibilité des fonds, en particulier de la dette à haut rendement. « Cela a eu un impact profond sur leur capacité à survivre et à prospérer. Sur une base relative, les sociétés de qualité ont été défavorisées. Elles n’ont pas eu besoin de l’aide du bilan ni d’obligations à haut rendement ».

Il cite Reliance Steel et Aluminum Co. comme des exemples de sociétés de qualité qui n’ont pas enregistré d’aussi bons résultats que prévu dans le contexte actuel.

Selon lui, il y a davantage de revenus disponibles dans les petites capitalisations étrangères, provenant de différents types d’entreprises familiales sur ces marchés. M. Royce favorise la volatilité, qui devrait, selon lui, augmenter parallèlement à une croissance des taux d’intérêt.

Ce changement pourrait être plus lent que prévu, mais il viendra.

Pour M. Royce, « c’est de la psychologie humaine ». Il suffira d’une évolution psychologique mineure et les gens anticiperont un basculement des taux d’intérêt. Cela donnera un rôle clé aux taux sur les marchés. »

Next Finance , Octobre 2014

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