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Les rendements des fonds à gestion active sont pénalisés par des coûts cachés

Le Pensions Institute appelle les gestionnaires de portefeuille à dévoiler l’intégralité des coûts de gestion de leurs fonds...

Un rapport conclut que les rendements des fonds à gestion active sont pénalisés par des coûts cachés au moins aussi importants que les coûts visibles

Les gestionnaires de fonds pourraient se voir obligés de communiquer l’ensemble des coûts de la gestion active de leurs fonds pour que les investisseurs soient conscients de leur impact réel sur le rendement de leur portefeuille.

Le Pensions Institute [1] de la Cass Business School a publié un livre blanc appelant les gestionnaires de portefeuille à révéler l’ensemble des coûts visibles et invisibles qui, en fin de compte, sont supportés par les investisseurs.

Les études citées dans la publication tendent à prouver que les coûts cachés (tels que les écarts de cours acheteur-vendeur et les coûts de transaction des fonds sous-jacents) peuvent représenter jusqu’à 85 % de l’ensemble des coûts de transactions d’un fonds. Le reste est constitué de coûts visibles tels que les commissions, les taxes et les frais administratifs.

Le professeur David Blake, directeur du Pensions Institute, déclare : « Il n’existe aucun argument pour justifier que tous les coûts de la gestion de portefeuille ne soient pas transparents. Après tout, il s’agit là de réels coûts supportés par les investisseurs.
Les appels à la transparence n’ont pas beaucoup de sens quand les « coûts » indiqués n’incluent pas tous les coûts ou au moins tous les coûts qui pourraient déjà être communiqués de manière satisfaisante dès le départ.
Si, au final, l’intégralité des coûts du placement n’apparaît pas clairement, comment imaginer un plafonnement des frais efficace et sérieux et comment les gestionnaires actifs de portefeuille pourraient-ils évaluer leur réelle valeur ajoutée ? »

Les coûts pourraient être présentés à la fois en termes de « taux de coût », que l’on soustrairait au taux de rendement brut pour obtenir un taux net, et en termes financiers, pour être comparés à la valeur du portefeuille de l’investisseur.

Le livre blanc suggère une approche progressive pour aboutir à une transparence totale de l’ensemble des coûts de transaction.

Dans un premier temps, les gestionnaires de portefeuille devraient faire état de tous les coûts financiers visibles comme les commissions, taxes, frais, droits de garde et coûts d’acquisition, mais aussi des coûts financiers cachés que représentent les écarts de cours, les coûts de transaction des fonds sous-jacents et les profits collatéraux.

« Tous ces coûts indirects sont liés à l’efficacité du processus de gestion des fonds, et tous les bons gestionnaires de portefeuille devraient pouvoir en donner une estimation », déclare le professeur David Blake.

Une fois que les sociétés de gestion de placements auront mis en place les systèmes informatiques adéquats, on pourrait également communiquer les coûts non financiers, qui comprennent l’impact sur le marché, la fuite d’informations, l’exposition sur le marché, les coûts liés au moment de l’exécution d’un ordre et les coûts dus aux délais d’exécution (voir ci-dessous).

Le professeur David Blake ajoute : « Les coûts cachés non financiers seraient plus compliqués à calculer puisqu’ils sont liés à l’analyse d’informations qui ne sont pas forcément enregistrées automatiquement par les systèmes utilisés par le gestionnaire de portefeuille. Cependant, la question est de savoir si les systèmes des gestionnaires peuvent être configurés pour générer des informations similaires à un coût acceptable ».

Coûts visibles financiers

  • Commissions
  • Taxes
  • Frais
  • Droits de garde
  • Coûts d’acquisition

Coûts cachés non financiers

Écarts de cours acheteur-vendeur : de tous les coûts cachés, l’écart acheteur-vendeur est le plus simple à comprendre puisque c’est l’écart dont bénéficie un vendeur ou un animateur de marché lorsqu’il achète ou vend un titre, ou dont bénéficie une banque d’affaires pour, par exemple, une couverture de change. Le total des coûts dus aux écarts de cours est fonction du taux de rotation du portefeuille.

Coûts de transaction des fonds sous-jacents : si le gestionnaire de portefeuille achète des fonds pour le compte de l’investisseur, les coûts de transaction afférents à ces fonds ne sont pas communiqués même à ce gestionnaire de portefeuille, mais sont tout de même supportés par l’investisseur sous la forme d’un taux de rendement plus bas.

Profits non communiqués  : le gestionnaire de portefeuille peut également bénéficier de revenus tels que des intérêts résiduels sur des soldes de caisse sous-jacents ou des bénéfices non distribués issus de prêts de titres.

Coûts cachés non financiers

  • Impact sur le marché : il s’agit de la réaction du prix sur le marché en cas de transaction de gros volume, comme la vente en bloc de titres. Le prix sur le marché va baisser pendant la vente des titres et le prix moyen d’exécution sera plus bas que le prix avant la vente. Si le gestionnaire de portefeuille essaie d’exécuter une transaction importante en plusieurs fois, par exemple en promouvant l’opération pour attirer des acheteurs ou en cherchant des indications d’intérêt, cela donnera lieu à des fuites d’informations et aura un effet globalement similaire à l’impact sur le marché.
  • Exposition sur le marché : il s’agit du fait que l’investisseur est exposé aux événements du marché pendant que la transaction a lieu. Supposons que le gestionnaire de portefeuille prévoie d’acheter des titres pour un client. Le client est exposé au risque que le prix sur le marché monte pendant que la transaction est exécutée.
  • Opportunités de marché manquées ou coûts liés au moment de l’exécution d’un ordre : ce sont les coûts subis lorsque la transaction n’a pas été exécutée au meilleur prix possible. Enfin, il existe des coûts associés au temps d’exécution d’une transaction (par exemple en gardant le prix d’achat dans un compte à 0 % d’intérêt). Certains de ces coûts non financiers peuvent être couverts (par exemple contre les variations défavorables du marché), mais le coût de cette couverture de risque devient alors une mesure explicite du coût caché.

Next Finance , Juin 2014

Voir en ligne : Livre blanc du Pensions Institute de la Cass Business School

Notes

[1] Le Pensions Institute (PI) mène des recherches et fournit un avis d’expert sur toutes les questions liées au financement des retraites. Fondé en 1996, le PI est le plus ancien centre de recherche académique d’Europe à s’intéresser exclusivement aux retraites.

La spécificité du Pensions Institute est de regrouper des experts reconnus au niveau mondial dans différentes disciplines comme l’économie, la finance, l’assurance, la science actuarielle, la comptabilité, la gouvernance d’entreprise, le droit et la régulation. En plus de promouvoir la recherche et le partage des savoirs, cette approche interdisciplinaire permet une réflexion plus stratégique dans le développement de solutions novatrices pour répondre aux défis complexes posés aux États, aux entreprises et aux individus par le problème des retraites.

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