L’étude annuelle de CFA Institute souligne l’importance des politiques des banques centrales pour les performances des marchés en 2015 et les préoccupations exprimées quant à la faiblesse de la croissance sur les marchés développés et aux risques géopolitiques.
Les professionnels de l’investissement du monde entier prévoient que la croissance de l’économie
mondiale ne dépassera pas 2 % en moyenne en 2015, selon l’enquête de CFA Institute sur le sentiment
des professionnels du secteur financier sur les perspectives des marchés en 2015 (2015 Global Market
Sentiment Survey). Les réponses – émanant de profils divers tels que gérants de portefeuilles, analystes
et cadres dirigeants – pointent le risque politique, et particulièrement celui lié aux mouvements
sécessionnistes et nationalistes, comme le facteur susceptible d’impacter négativement les marchés
dans les cinq prochaines années le plus sous-estimé.
L’étude de CFA Institute s’appuie sur l’analyse des opinions et avis émis par 5 259 de ses membres, qui
représentent les positions de professionnels de l’investissement partout dans le monde. Analyses
détaillées et résultats de l’enquête peuvent être consultés sur www.cfainstitute.org/gmss.
Par ailleurs, les participants à l’enquête ont déclaré ne s’attendre qu’à une progression modeste des
indices des marchés d’actions, et misent sur une hausse de 4,8 % pour le S&P 500, 1,9 % pour l’indice
EuroStoxx et 1,6 % seulement pour le Nikkei 225. Ils ont également exprimé leur préoccupation quant
aux questions d’ordre éthique qui pèsent sur la confiance des investisseurs et l’intégrité des marchés,
questions au nombre desquelles figurent la persistance de pratiques frauduleuses ainsi que la nécessité
d’améliorer la régulation et de disposer d’une vision globale du risque systémique au niveau mondial.
« Les résultats de l’enquête montrent la faiblesse des attentes de nos membres en matière de croissance
économique mondiale et de performances des marchés pour l’année à venir », a commenté Kurt Schacht,
CFA, directeur général de CFA Institute. « Nos membres se montrent préoccupés par la mollesse de la
croissance des économies développées ainsi que des effets des troubles et crises politiques et considèrent
que les pratiques frauduleuses telles que le délit d’initié et la production d’un reporting financier biaisé
demeurent un motif d’inquiétude. Chaque année, nous constatons au travers de cette enquête que nos
membres sont particulièrement sensibilisés aux facteurs qui façonnent la confiance que peut avoir un
investisseur dans l’intégrité des marchés des capitaux et aux mesures qui doivent être prises pour
renforcer cette confiance. »
Prudence des professionnels de l’investissement sur la croissance économique mondiale en 2015
- Prudence sur les perspectives économiques mondiales et ralentissement attendu de la
croissance au niveau local. Nos membres prévoient une croissance économique mondiale à 2 %
en moyenne pour 2015. Les prévisions des analystes indiens tablent sur une solide performance
de 5,8 % de leur pays mais les Suisses, les Japonais, les Français et les Brésiliens estiment que la
croissance de leurs marchés locaux devrait tomber en-dessous de 1%.
- Progression attendue des indices mondiaux. Sur la période de 15 mois courant du 1er octobre
2014 au 31 décembre 2015, les participants à l’enquête s’attendent à une progression des
indices S&P 500, EuroStoxx et Nikkei 225 de 4,8 %, 1,9 % et 1,6 % respectivement, en même
temps qu’une légère progression du rendement des bons du Trésor américain à 3,46 % par
rapport aux 3,21 % enregistrés au 30 septembre 2014.
- Les Etats-Unis et la Chine continuent à être regardés comme les économies les plus favorables
à l’investissement en actions. Comme en 2014, les USA et la Chine restent les deux marchés privilégiés en termes de performance des marchés actions pour l’année à venir, le quatuor de
tête étant composé dans l’ordre des USA, de la Chine, de l’Inde et de la Russie.
- Persistance de l’inquiétude quant à la fin des mesures d’assouplissement quantitatif sur les
marchés locaux. 57 % des professionnels ayant répondu à l’enquête pensent que les décisions
prises par les banques centrales partout dans le monde de mettre progressivement un terme
aux politiques d’assouplissement quantitatif vont avoir un impact négatif sur leurs marchés
locaux, contre 68% l’an dernier. Par contraste, à la question « Quel serait le facteur le plus
susceptible d’affecter positivement les marchés mondiaux en 2015 ? », près d’un tiers (30 %)
cochent la réponse « la poursuite des politiques accommodantes menées par les banques
centrales ».
Les membres de CFA Institute réclament une capacité de vision globale du marché mondial et un
renforcement de la régulation au niveau local afin d’améliorer l’intégrité des marchés
- Une vue d’ensemble du système pour gagner la confiance des investisseurs. A l’échelle
mondiale, les participants à l’enquête sont 28 % à indiquer que parvenir à améliorer la
régulation et la capacité à avoir une vision d’ensemble du risque systémique global serait la
mesure la plus efficace pour améliorer le sentiment de confiance des investisseurs et l’intégrité
des marchés. Les plus nombreux à défendre cette prise de position sont, à 40 %, les
représentants de CFA dans la région Asie-Pacifique, suivis de ceux de la zone EMEA (EuropeMoyen-Orient-Afrique)
avec 29 % et enfin ceux du continent américain avec 23 %.
- Transparence financière. L’amélioration de la transparence de la communication financière et
des autres process de reporting des entreprises est citée par 21 % des membres de CFA Institute
comme la mesure la plus susceptible de contribuer à restaurer la confiance des investisseurs
dans les marchés ainsi que l’intégrité de ces mêmes marchés. Les réponses émanant du
continent américain dans sa globalité sont avec 26 % les plus nombreuses à ériger une telle
mesure en priorité absolue, contre 16 % pour la zone EMEA et 15 pour cent pour la région AsiePacifique.
- Nécessité de mieux appliquer la législation et la réglementation existantes au niveau local.
Dans leur classement des efforts à entreprendre tant sur le plan réglementaire que de la
pratique des affaires pour renforcer le degré de confiance des investisseurs dans leurs marchés
locaux en 2015, les répondants placent en premier (avec 26 pour cent) l’amélioration de
l’application des législations et réglementations existantes, suivie de très près, avec 24 %, par
l’amélioration de la gouvernance des entreprises.
Fraude et déficit de transparence sont perçus comme la menace la plus sérieuse pour l’intégrité
globale des marchés.
- La persistance de problèmes graves sur les marchés mondiaux et locaux continue à susciter
l’inquiétude. Les pratiques frauduleuses (ex. délit d’initié), avec 25 % des opinions émises, et l’insuffisance d’intégrité dans la communication financière, avec 24 % des réponses, sont
considérées comme les plus importantes de l’ensemble des questions d’éthique professionnelle
auxquelles les marchés mondiaux vont devoir s’attaquer en 2015. Au niveau local, le
pourcentage de préoccupation lié aux pratiques de vente abusives au niveau local tombe à 21 %
pour 2015 d’une année sur l’autre, mais n’en reste pas moins un motif d’inquiétude majeur dans
de nombreux marchés.
- L’alignement des incitations commerciales au centre des préoccupations. La question du nonalignement
de la rémunération des professionnels de la finance avec les intérêts de leurs clients
est considérée comme un motif majeur de préoccupation par 21 % des professionnels certifiés
CFA.
Développer la culture de l’éthique professionnelle dans le monde de la finance reste le meilleur moyen
pour améliorer la confiance dans le secteur.
- L’absence de culture de l’éthique professionnelle responsable du défaut de confiance dans le
secteur de la finance. Plus de la moitié des professionnels ayant répondu à l’enquête CFA (63 %)
soulignent que le déficit de culture de l’éthique professionnelle au sein des entreprises du
secteur financier est le facteur qui a le plus contribué au sentiment de défiance prévalant
actuellement vis-à-vis du monde de la finance. Les répondants de la zone EMEA (Europe-MoyenOrient-Afrique),
avec 67 %, sont, avec ceux de la région Asie-Pacifique (65 %), plus nombreux
que leurs homologues des Amériques (59 %) à pointer ce dysfonctionnement.
- Nécessité d’agir au niveau de l’entreprise pour améliorer le sentiment de confiance des
investisseurs. L’alignement des rémunérations des gérants avec les objectifs des investisseurs
(31 %), la mise en œuvre par les directions générales de politiques de « tolérance zéro » pour les
comportements anti-éthiques (27 %) et une adhésion plus forte aux codes et normes de
déontologie (21 %) sont les principales mesures préconisées au niveau de l’entreprise en vue
d’améliorer le sentiment de confiance des investisseurs pour l’exercice à venir.
« L’inquiétude qui pèse sur la question de l’intégrité des marchés reste au premier rang de nos
préoccupations », a ajouté M. Schacht, en précisant que « définir et créer les conditions permettant
d’avoir une vision globale améliorée du risque systémique mondial va être au centre des efforts que nous
allons devoir déployer tout au long du prochain exercice si nous voulons un marché qui repose sur la
confiance et l’intégrité. L’enquête que nous venons d’analyser permet de dire que six ans après la crise
financière de 2008, le niveau de coopération transfrontalière entre régulateurs qui serait nécessaire à la
détection et l’atténuation du risque systémique reste insuffisant. »
L’enquête annuelle réalisée par CFA Institute sur la perception qu’ont les professionnels de la finance de
leurs marchés s’appuie sur la contribution des professionnels certifiés CFA ou membres de CFA Institute
qui collectent et rassemblent données et informations sur les problématiques de marché et les
questions économiques considérées comme majeures pour l’exercice à venir. Cette enquête a été
réalisée en ligne du 14 au 28 octobre 2014. L’ensemble des membres du CFA Institute a été invité à répondre à cette étude. Au total, 5 259 d’entre eux ont participé, ce qui représente un taux de réponse
de 4%, avec une marge d’erreur de +/- 1,3 %.