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Opinion
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C’est encore la hausse des taux longs qui animait cette semaine de rentrée et tous les acteurs du monde économique et financier semblent désormais se plier au fait qu’il faudra bel et bien s’habituer à ces taux de financement significativement plus élevés pour un certain temps.
C’est encore la hausse des taux longs qui animait cette semaine de rentrée et tous les acteurs du monde économique et financier semblent désormais se plier au fait qu’il faudra bel et bien s’habituer à ces taux de financement significativement plus élevés pour un certain temps. Qu’il s’agisse des entreprises, des investisseurs, des agences de notation, des analystes, tous ont dû réviser leurs objectifs et leur modus operandi.
Après avoir abordé le point de vue banques centrales et investisseurs la semaine passée, nous nous intéresserons cette semaine aux entreprises au sein desquelles nous notons, dans les stratégies et politiques financières, un tournant significatif. Nous noterons en particulier l’exemple d’Altice, qui après des années de financement à bon compte, de croissance à marche forcée et d’endettement massif largement toléré par les marchés, semble avoir bifurqué vers une politique plus raisonnable. Bien sûr, l’épisode de la découverte d’une fraude orchestrée par Monsieur Armando Pereira peut être considéré comme déclencheur de la prise de conscience des marchés et de Monsieur Draghi sur la nécessité de réduire la voilure et de retrouver la faveur des marchés. C’est en effet à partir de ce moment que pléthore d’articles parurent sur l’endettement de l’entreprise, sa croissance, sa difficulté à dégager suffisamment de cash-flows sur certains métiers… Mais les investisseurs, eux, avaient en réalité déjà apprécié ce risque depuis bien longtemps comme en témoigne le prix des obligations Altice et SFR, qui avaient chuté bien avant la découverte de cette affaire. (cf graphe ci-dessous) Et, si elle a pu être accélérée pour rétablir plus rapidement l’image du groupe, il est évident que la vente des data centers à Morgan Stanley, réalisée cette semaine pour un montant de 1 milliard d’euros a été préparé depuis plusieurs mois. Cette cession doit être appréciée à deux points de vue : premièrement la prise de conscience du groupe, comme celle de Teva ou Valeant en leur temps, et deuxièmement la capacité du groupe à vendre ses actifs au prix auquel elle les valorisait et à des montants comparables à la dette contractée en face ; ce dernier facteur étant capital pour les investisseurs pour s’assurer de la viabilité d’un groupe. Ce fut le cas dans cette opération et l’annonce, quelques jours plus tard d’une possible vente partielle de SFR a continué de conforter les marchés, comme en témoigne le léger rebond des obligations ces derniers jours.
Parmi les autres exemples cette semaine, nous noterons celui d’Unibail qui a également pris en main son endettement, ne pouvant supporter trop longtemps les taux élevés qui compressent son compte de résultat, et qui a cédé pour 199 millions de dollars un centre commercial en Californie, avec une décote de moins de 3% par rapport à la dernière évaluation de fin 2022 et pour un prix légèrement supérieur au montant de la dette de 195 millions de dollars. Quand on voit le marasme dans lequel se trouve aujourd’hui une grande partie du marché immobilier, que ce soit en Europe ou aux USA, cette opération peut ainsi rassurer sur la qualité des actifs du groupe, sur la prudence de ses évaluations, et sur sa latitude à gérer son parc immobilier et son endettement.
Outre leur caractère idiosyncrasique, ces deux exemples revêtent des points de comparaison importants qui pourront être utilisés dans une analyse crédit future.
Deux de ces trois critères adressent ainsi finalement la taille de l’entreprise et nous considérons aujourd’hui que la taille est un atout majeur face au contexte économique et financier. La taille a permis aux grandes marques de transférer l’inflation dans leurs prix, elle offre un pouvoir de négociation face à ses contreparties, elle offre une diversité de sources de financement ou de cessions d’actifs. A l’inverse, le contexte est actuellement plutôt défavorable aux petites entreprises comme en témoigne les chiffres de faillites et de défauts récents, largement concentrés sur ce segment. Pour les mois à venir, un investisseur pourra donc plutôt privilégier des fonds obligataires à des fonds de dette privée, généralement concentrés sur des entreprises de plus petite taille, qui devraient connaître, après leur âge de la fin de la décennie 2010, une période plus difficile, entre rémunérations encore faibles, défaillances, restructurations et illiquidité.
Matthieu Bailly , Septembre 2023
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