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Les dividendes mondiaux devraient chuter d’au moins 15 % en 2020, alors que la pandémie affecte les bénéfices des entreprises

La pandémie n’a quasiment pas eu d’impact sur les dividendes du premier trimestre, qui ont augmenté de 3,6 % pour atteindre un record de 275,4 milliards de dollars. La croissance sous-jacente a été de 4,3 %, conformément à nos prévisions. Les dividendes en Amérique du Nord devraient être moins affectés que ceux de l’Europe et du Royaume-Uni...

  • L’impact sur les dividendes en Asie devrait être minime cette année, mais plus important en 2021
  • Les banques, les secteurs de consommation discrétionnaire et les industries sensibles aux conditions économiques sont les plus touchés
  • Les dividendes des secteurs de la technologie, des soins de santé, de l’alimentation et de la plupart des secteurs de consommation de base devraient être davantage préservés
  • Le scénario optimiste prévoit une baisse des dividendes mondiaux de 15 % cette année à 1 210 milliards de dollars, soit une baisse de 213 milliards de dollars
  • Le scénario pessimiste prévoit quant à lui une baisse de 35 % cette année, à 933 milliards de dollars

Les dividendes du premier trimestre n’ont presque pas été affectés par la pandémie de Covid-19, selon le dernier indice mondial des dividendes de Janus Henderson, mais l’impact sur le reste de l’année sera important. Le T1 a donc représenté un record temporaire pour l’indice. Les paiements mondiaux de dividende ont augmenté de 3,6 % en base globale pour atteindre un record de 275,4 milliards de dollars au premier trimestre, ce qui équivaut à une croissance sous-jacente de 4,3 %. Les États-Unis et le Canada ont affiché des niveaux jamais vus, tandis que le Japon, Hong Kong et la Russie ont battu des records au premier trimestre. L’indice global des paiements de dividendes a atteint un niveau record de 196,3.

Pour évaluer l’impact de la pandémie sur les dividendes de l’année 2020, Janus Henderson a passé au crible des entreprises représentant plus des trois quarts des paiements mondiaux en termes de valeur. L’équipe a identifié celles qui ont déjà annulé ou suspendu leurs paiements, celles dont elle juge les paiements soumis à caution et ceux qui sont le moins susceptibles d’être touchés. La disparité entre les régions et les secteurs est grande. Les facteurs clés qui influencent les paiements dans chaque partie du monde sont les suivants :

  • L’étendue de l’épidémie : Quelle est l’étendue de la contagion ?
  • La sévérité du confinement : Quelle est l’ampleur du préjudice économique ?
  • La réponse politique : Quel soutien les gouvernements et les banques centrales apportent-ils aux entreprises et à l’économie ?
  • La réglementation : Quelle est la sévérité des exigences des régulateurs, par exemple à l’égard des banques ?
  • Les secteurs : Quelle est la capitalisation boursière des industries plus/moins touchées ?
  • La saisonnalité des dividendes : A quel point les dividendes sont-ils réguliers et l’impact se fera-t-il sentir tôt ou tard ?
  • Politique de distribution : Quel est le montant des dividendes par rapport aux bénéfices, et les entreprises favorisent-elles un ratio de distribution cible ou une politique de dividendes progressive ?

L’Amérique du Nord et l’Asie sont susceptibles d’être les moins affectées, mais pour des raisons différentes. La première a une composition sectorielle favorable (par exemple, une pondération technologique importante) et c’est plutôt sur la réduction des rachats d’actions que sur les paiements de dividendes que les efforts des entreprises risquent de porter pour préserver la trésorerie. En Chine et dans le reste de l’Asie, les entreprises ont déjà ajusté leurs paiements de 2020 sur les bénéfices de 2019, l’impact devrait donc être plus important en 2021. L’Europe et le Royaume-Uni sont les plus gravement touchés. Les régulateurs ont forcé les banques à suspendre les paiements de dividendes et les grandes compagnies pétrolières ainsi qu’une série de grandes entreprises ont déjà réduit les paiements. Le Japon et l’Australie se situent quelque part entre les deux.

D’un point de vue sectoriel, les banques, la consommation discrétionnaire et certains secteurs industriels, comme l’aérospatial, sont les plus menacés. Les secteurs pétrolier et minier, la finance au sens large et la construction sont très vulnérables, mais les entreprises technologiques et les secteurs défensifs comme les soins de santé, l’alimentation et la plupart des biens de consommation de base (à l’exception des producteurs de boissons qui dépendent fortement du secteur des bars et des restaurants) sont relativement préservés.

Avec autant d’incertitude, toute prévision de dividendes aurait peu de valeur, c’est pourquoi Janus Henderson ne fait aucune estimation pour 2020. L’équipe préfère plutôt proposer une fourchette qui servira de guide pour déterminer à quoi pourrait ressembler l’année 2020. Dans le cas optimiste, seules les réductions de dividendes qui ont déjà été annoncées, ou qui le seront très probablement, sont prises en compte. Cela suggère que les paiements mondiaux vont diminuer de 15 % cette année pour atteindre 1 210 milliards de dollars, soit une baisse de 213 milliards de dollars. Le cas pessimiste inclut également tous ceux qui sont tangents. Cela suggère que les paiements mondiaux pourraient chuter de 35 % cette année, à 933 milliards de dollars. L’ampleur de la fourchette reflète l’évolution rapide de la crise et la probabilité que de nombreuses entreprises se contenteront de réduire leurs paiements, plutôt que de les annuler complètement.

Une partie de l’impact s’étendra jusqu’en 2021, année où les paiements seront probablement moins élevés que ce qui était prévu avant la pandémie. Malgré cela, les paiements de dividendes d’un certain nombre de secteurs devraient reprendre en 2021, à condition que la croissance des cas de virus ait atteint son pic, que le confinement imposé par les gouvernements actuels prenne fin et que l’économie mondiale recommence à fonctionner et se redresse. Il faut également tenir compte du niveau d’endettement des entreprises - certaines sociétés sont trop endettées pour faire face à une contraction économique aussi soudaine et inattendue. La réduction ou l’annulation du dividende, ainsi que l’émission de nouvelles actions, font partie des mesures que certaines entreprises prennent pour conserver des liquidités et renforcer leur bilan.

Ben Lofthouse, co-responsable de l’équipe Global Equity Income chez Janus Henderson, a déclaré : « Ce ralentissement a toutes les chances d’être très prononcé, mais le soutien des gouvernements et des banques centrales a été d’une ampleur inédite, ce qui, nous l’espérons, permettra une reprise rapide. La suspension des dividendes est inévitable en raison de l’arrêt soudain et sans précédent de l’activité économique dans de nombreux pays. Pour 2020, les dividendes du premier trimestre ont été versés, de sorte que l’amplitude complète de l’impact, du sommet au creux, devrait se faire sentir au cours des douze prochains mois environ.

Dans de nombreux cas, les changements apportés aux politiques de dividendes reflètent l’incapacité à prévoir quand les choses reviendront à la « normale », mais la relation entre le soutien des gouvernements et le comportement des entreprises est un nouveau facteur à prendre en compte. Dans certains cas, les modifications en matière de dividendes, ainsi que la modération des salaires des dirigeants, sont une prise de conscience, voire une exigence, que les actionnaires doivent faire partie de la réponse de la société au Covid-19.

En 2019, plus des deux cinquièmes des dividendes mondiaux ont été versés par des secteurs défensifs qui seront relativement épargnés par la récession. Deux autres cinquièmes sont plus sensibles sur le plan économique et sont confrontés à des baisses réelles ou potentielles, bien que nous ne prévoyions pas d’annulations totales dans la plupart des cas, mais des réductions. La diversification sectorielle et géographique a un impact significatif sur la capacité à verser des dividendes, ce qui, souligne l’intérêt d’adopter une approche globale de l’investissement en matière de revenus. La diversification sur de nombreuses zones différentes est extrêmement précieuse et les investisseurs obtiennent une diversification sectorielle bien supérieure à travers une approche globale plutôt qu’en se concentrant sur un pays ou une région en particulier »

Charles-Henri Herrmann, Directeur du Développement France & Distribution BeNeLux de Janus Henderson, a déclaré : « L’arrêt brutal de l’économie en France, l’intervention politique du Ministre de l’Economie ainsi que la forte exposition du pays à des secteurs sensibles de l’économie, comme les banques par exemple, vont fortement impacter le versement de dividendes en France. Le plus gros payeur de dividendes en Europe a ainsi fortement incité ses entreprises à réduire leurs dividendes et interdit le versements de ceux-là, lorsque l’entreprise a bénéficié des aides de l’états. Ces annonces intervenant début mars et le versement des dividendes ayant habituellement lieu au deuxième trimestre en France, très peu de dividendes seront versés en intégralité pour l’année 2020. »

Next Finance , Mai 2020

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