Les bénéfices – proches d’un point d’inflexion ?

La publication des bénéfices américains est l’occasion de faire le point sur l’état des bénéfices des entreprises et les anticipations des analystes. Nous sommes à mi-chemin de la publication des bénéfices du quatrième trimestre, 239 entreprises sur les 500 du S&P 500 ayant publié leurs résultats.

Pour le moment, ils sont ressortis légèrement au-dessus de la moyenne : 68 % des entreprises ont dépassé les attentes du consensus, 12 % sont en ligne et 20 % sont en dessous. Ces résultats sont quelque peu supérieurs à ceux de la série précédente et au-dessus de la moyenne de long terme (depuis 1994), de respectivement 62 %, 17 % et 21 % (d’après Thomson Reuters). Globalement, les bénéfices ressortent supérieurs de 4 % aux anticipations, en ligne avec la moyenne de long terme.

Cependant, comme toujours, ces statistiques se mesurent par rapport aux derniers chiffres des analystes. Or, leurs estimations ont été substantiellement revues à la baisse au cours des derniers mois. A l’heure actuelle, la croissance des bénéfices par action du quatrième trimestre pour le S&P 500 devrait s’établir à 3,8 % sur un an – soit une légère hausse par rapport aux 2,9 % attendus en début de mois – les entreprises ayant dépassé les prévisions, mais très en deçà des 13,9 % anticipés mi-2012 et des 9,9 % anticipés en octobre dernier. Les secteurs responsables de ces révisions à la baisse sont la finance, la technologie et les matériaux de base.

En ce qui concerne les chiffres d’affaire, en revanche, il y a un changement notable, dans la mesure où 65 % des entreprises ont dépassé les anticipations des analyses, contre 35 % qui ont déçu. La surprise positive ressort à +1 %. Cela contraste avec les deux précédents trimestres lorsque les chiffres d’affaire étaient ressortis inférieurs aux attentes, seulement 40 % (T3) et 41 % (T2) étant parvenus à dépasser les anticipations.

Globalement, compte tenu des inquiétudes relatives aux prévisions en demi-teinte des entreprises, nous sommes peut-être proches d’un point de retournement des anticipations bénéficiaires. Il ne fait pas de doute que les estimations du consensus pour l’année 2013 ont été bien trop optimistes : mi-2012 la croissance 2013 anticipée par les analystes « bottom-up » était de 12 % sur l’ensemble des principales zones géographiques.

Cela contrastait avec nos propres indicateurs avancés qui auguraient d’une croissance des bénéfices comprise entre 5 % et 7 %. Sans surprise, les prévisions du consensus ont été revues à la baisse aux Etats-Unis et en Europe. Surtout aux Etats-Unis, où le taux de croissance des bénéfices a été ramené à seulement 8 % en 2013 contre 9,5 % en Europe.

En revanche, les prévisions dans les marchés émergents se sont appréciées jusqu’à 13,5 %. Les bénéfices des entreprises en Europe et dans les marchés émergents ayant été sous pression en 2012, ils sont susceptibles de faire l’objet d’un rattrapage en 2013.

Aux Etats-Unis, ces bénéfices étaient beaucoup plus robustes en 2012 et ne bénéficient plus de cet effet.

Quelques soient ces différences entre les régions, l’important pour votre auteur est que les anticipations bénéficiaires aient été ramenées au niveau où nous les attendions pour l’année 2013 – et les marchés ont progressé dans le sillage de ces révisions à la baisse, comme cela est souvent le cas.

En d’autres termes, pour prendre l’exemple des Etats-Unis, si l’on anticipe une baisse des prévisions des bénéfices de 12 % à 6 %, le chiffre de 8 % n’est pas le bon niveau pour commencer à s’inquiéter de la poursuite possible de la dégradation. A contrario, c’est peut-être le bon moment pour commencer à méditer sur l’éventualité d’un retournement à la hausse des anticipations.

Jusqu’à présent, il n’y a que très peu de signes d’une reprise du momentum des bénéfices, tel que mesuré par les révisions bénéficiaires (c’est-à-dire le nombre des révisions bénéficiaires à la hausse des analystes par rapport aux révisions à la baisse), ce qui est caractéristique d’un processus chaotique de nivellement par le bas. Cela étant, lorsque le momentum se redressera, il ne sera probablement plus qu’une confirmation du redressement du momentum de l’économie déjà intégré par les marchés. Ainsi, les anticipations bénéficiaires étant revenues sur des niveaux quasi-raisonnables, les bénéfices ne devraient pas constituer un facteur de performance pour les marchés en 2013, et constitueront probablement un indicateur retardé du cycle économique.

David Shairp , Février 2013

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