Les actions asiatiques cherchent leur équilibre

Catherine Yeung, spécialiste des investissements actions Asie Pacifique hors Japon basée à Hong Kong, commente la volatilité des marchés asiatiques sur fond d’inquiétudes face au probable retrait du QE et au ralentissement de la croissance chinoise. Elle présente également la stratégie de Fidelity sur les principaux marchés asiatiques.

Quel serait l’impact d’un retrait du programme d’assouplissement quantitatif de la Fed sur les marchés asiatiques ?

Catherine Yeung : A ce stade du cycle économique, nous cherchons à confronter les prévisions à la réalité. Concernant la question d’un retrait progressif du programme d’assouplissement quantitatif (QE) de la Réserve fédérale américaine, les marchés sont « sur la corde raide ». En fait, ce retrait est plutôt bon signe au final puisqu’il signifie que l’économie américaine se redresse. Cependant, les investisseurs (sur les marchés émergents) ont accueilli la nouvelle de manière très négative et nous avons constaté un regain important d’aversion au risque. En définitive, quand on sait que la dette a été la cause de la plupart des problèmes que nous connaissons aujourd’hui, il faut que les investisseurs se demandent quel volume de dette l’économie peut supporter. Même si l’économie américaine affiche une croissance (peut-être de 2 % ou plus), la croissance mondiale reste bridée par d’autres obstacles, comme la crise de la dette souveraine et le désendettement des banques en Europe, sur lesquels beaucoup ferment les yeux.

Q : Le ralentissement de la croissance en Chine vous inquiète-t-il ?

Catherine Yeung : Dans l’ensemble, les dernières statistiques économiques en Chine sont ressorties inférieures aux anticipations du consensus et ont indiqué un ralentissement de la croissance, mais, encore une fois, les investisseurs doivent prendre en compte la qualité de la croissance plutôt que son taux et faire la part des choses entre anticipations et réalité. De nombreux dirigeants d’entreprises avec lesquels nous avons parlé nous ont affirmé que, même si la croissance ralentit à 5,5 ou 6 %, ils seront toujours capables d’enregistrer des bénéfices attrayants. Le Japon est dans la même situation que les États-Unis et, même si les deux premières « flèches » (mesures de relance monétaires et budgétaires) de Shinzo Abe portent leurs fruits, le véritable enjeu final se situera au niveau des réformes structurelles. Par conséquent, les investisseurs doivent trouver le bon équilibre en ce moment.

Les élections de la Chambre haute japonaise en juillet devraient ouvrir la voie à davantage de réformes et de même, en automne, les nouveaux dirigeants chinois devraient annoncer de nouvelles réformes structurelles. En termes de valorisation, les actions chinoises se négocient toujours à près de 1,5 fois leur valeur comptable, ce qui signifie qu’elles intègrent déjà en grande partie ces réformes, d’où les nombreuses opportunités individuelles attrayantes que nous identifions sur ce marché.

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Q : Selon vous, quels sont les secteurs les plus intéressants en Chine ?

Catherine Yeung : Nous cherchons des sociétés de qualité car nous ne prévoyons pas de rebond structurel durable à court terme sur les marchés actions. Ils pourraient connaître quelques hausses mais la volatilité devrait persister, puisque certains des grands problèmes aux États-Unis, en Europe et en Chine n’ont toujours pas été résolus.

En Chine, nous apprécions les sociétés du secteur de la santé car elles sont concernées par certaines des réformes mises en place par le gouvernement. Nous privilégions aussi le secteur des énergies renouvelables, le pays abandonnant progressivement les centrales électriques alimentées au charbon, qui sont plus polluantes. Par exemple, le week-end dernier, le Conseil d’État a voté dix mesures pour améliorer la qualité de l’air et lutter contre la pollution. Par ailleurs, le secteur du e-commerce reste attrayant et nous conservons un biais structurel en faveur des valeurs liées à la consommation, la Chine étant en plein processus de réorientation de son économie vers une croissance axée sur la demande intérieure.

Q : Quels autres marchés d’Asie recommandez-vous ?

Catherine Yeung : Les actions thaïlandaises ont connu quelques dégagements massifs, même si cette récente correction du marché est probablement attendue depuis longtemps, après sa longue période haussière. Il faut probablement s’attendre à de nouvelles baisses à court terme, mais les investisseurs devraient reprendre leurs achats, les valorisations ayant retrouvé des niveaux raisonnables. Nous pensons que les perspectives à long terme de la Thaïlande sont positives, en partie du fait de la reprise économique qui a suivi les inondations, de l’amélioration des infrastructures et des opportunités liées à ses liens étroits avec les pays émergents voisins tels que le Myanmar et le Laos.

Nous restons également confiants à l’égard de certaines sociétés coréennes, malgré les craintes liées à l’impact possible de la dépréciation du yen sur les entreprises exportatrices. Les investisseurs doivent garder à l’esprit que toutes les entreprises coréennes ne sont pas sensibles à l’évolution des prix de leurs produits. Ces dernières années, de nombreux exportateurs coréens ont accru leur part de marché grâce à l’innovation et à des produits haut de gamme et non grâce à un avantage en termes de prix.

De même, nous gardons une perspective positive sur les Philippines. En effet, même si les multiples de valorisation sont assez élevés par rapport à ceux du reste de la région, la stabilité politique et la situation macroéconomique favorable devraient continuer à attirer des investisseurs.

En résumé

 ? Le retrait progressif du programme d’assouplissement quantitatif devrait être un événement positif puisqu’il est le signe d’une reprise de l’économie américaine.

 ? Les statistiques économiques en Chine se sont dégradées, mais les investisseurs devraient privilégier la qualité à la quantité.

 ? Au second semestre, des réformes structurelles devraient être annoncées au Japon et en Chine, une fois que les élections seront passées.

 ? Les secteurs chinois des énergies renouvelables, de la santé et du e-commerce attirent les investisseurs.

 ? La correction du marché thaïlandais était attendue depuis longtemps : la croissance structurelle à long terme se maintient dans les secteurs des infrastructures et du commerce.

 ? Les exportateurs coréens de grande qualité peuvent résister à une dépréciation du yen grâce à l’innovation et à l’amélioration de la qualité de leurs produits.

Next Finance , Juin 2013

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