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Le virus rebat les cartes

L’accélération de la crise sanitaire en Europe et les mesures prises pour la juguler contrecarrent le scénario de reprise économique mondiale. Cependant, l’Asie et, dans une moindre mesure, les Etats-Unis semblent jusqu’à présent davantage épargnés.

La confirmation d’une seconde vague de coronavirus en Europe et les mesures coercitives que cela implique modifient notre scénario macroéconomique. Le confinement décidé dans plusieurs pays européens est moins brutal qu’en mars et laisse une partie non négligeable de l’économie en marche. Il n’en pèsera pas moins sur l’activité avec, comme enjeu principal, les ventes de Noël si importantes pour la croissance. Un retour progressif à la normale début décembre serait le scénario le moins préjudiciable et permettrait de sauver les fêtes de fin d’année. Nous restons toujours sur un scénario de reprise forte le jour où la crise sanitaire sera derrière nous, même s’il faut reconnaître que le timing reste impossible à prédire. Les politiques budgétaires et monétaires ainsi que le taux d’épargne très conséquent des ménages plaident pour ce scénario de choc de croissance positif. Toutefois, certains secteurs mettront beaucoup plus de temps à se remettre et, plus la crise durera, plus les victimes seront nombreuses. Une rechute du PIB au quatrième trimestre en Europe est désormais inévitable après des statistiques étonnamment résilientes au troisième trimestre.

Aux Etats-Unis, la pandémie s’accélère également depuis quelques jours, alors que l’économie reste toujours solide, tirée par une consommation robuste, une production de biens en hausse. Le secteur de l’immobilier est en forte croissance et agit comme un véritable moteur. La pénurie de logements pourrait d’ailleurs alimenter l’inflation qui repart progressivement. Le PIB du troisième trimestre s’affiche à +33,1% (+7,4% en annualisé) après la chute de 31,4% au second trimestre. C’est une vraie reprise en V. Seul le secteur des services est encore affecté et devrait le rester tant que la situation sanitaire ne s’améliorera pas. Le futur président, quel qu’il soit, devra toutefois gérer l’expansion du virus en espérant que le plan de relance budgétaire, maintes fois espéré et toujours repoussé, soit enfin accepté par les parlementaires.

La Chine a retrouvé son niveau d’avant-crise

Le grand gagnant de la période actuelle est la Chine, pays duquel est pourtant partie cette pandémie mondiale. Ce n’est pas le moindre des paradoxes… En Chine, tous les indicateurs sont au vert. Sauf à penser que le coronavirus y fera également son retour, il n’y a aucune raison de douter de la croissance chinoise. Industrie, services, commerce extérieur, consommation interne, tout est à la hausse. La Chine a retrouvé son niveau d’avant crise et s’affirme désormais à égalité avec les Etats-Unis comme le leader économique du monde. C’est aujourd’hui un élément rassurant pour la croissance mondiale et particulièrement pour certaines industries comme celle du luxe ou de l’automobile.

L’expérience du mois de mars nous conforte dans l’idée de ne pas agir de façon binaire dans nos allocations. La volatilité est de retour après plusieurs mois de répit mais il faut rester investis sur un certain nombre de secteurs peu dépendants de cette crise (digital, consommation courante, santé, énergies propres…) et rester à l’écart à court terme des secteurs les plus impactés (tourisme, services, aéronautique…). Toute baisse exagérée serait un point d’entrée car l’abondance de liquidités reste un puissant facteur de rebond. La diversification sectorielle et géographique est également un élément important pour réduire le risque dans les portefeuilles. Nous ne pensions pas devoir revivre une deuxième fois dans l’année un confinement de cet ordre. Essayons au moins de tenir compte des enseignements boursiers du premier épisode en mars avril.

Emmanuel Auboyneau , Novembre 2020

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