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Opinion
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Certes, nous n’anticipons toujours pas d’implosion de la zone Euro mais nous prenons au sérieux le risque politique italien et considérons que la volatilité sur les actifs périphériques de la zone Euro va devenir structurelle. L’échéance électorale de mai 2019 avec les élections européennes sera cruciale et il faut s’y préparer dès ce début d’année.
Il est difficile d’être optimiste sur la conjoncture économique européenne, essentiellement pour des raisons liées à des ruptures politiques
LE RISQUE France
Et si la France était tiraillée entre son passé économique catastrophique avec l’arrivée au pouvoir des socialistes en 1981 et la nécessité de faire enfin les réformes de structure que la plupart des pays OCDE ont mis en œuvre depuis trois décennies.
Il y a bientôt 38 ans, la France s’engageait dans une politique économique aussi incohérente que stupide pour des raisons purement idéologiques : hausse du salaire minimum, hausse des dépenses publiques et déficit public important. Malheureusement, peu de responsables politiques ont le courage d’expliquer que cette politique prétendument sociale a été totalement contre-productive en affaiblissant les entreprises et en institutionnalisant le chômage de masse et la pauvreté.
D’ailleurs, un récent rapport de l’INSEE sur la situation sociale française est particulièrement révélateur
"Le constat est cruel. Alors que la France célèbre ce 1er décembre les 30 ans de la création du Revenu minium d’insertion (RMI) et les 10 ans de celle du Revenu de solidarité active (RSA), le pays n’a jamais compté autant de pauvres.
Avec 714,5 milliards d’euros de prestations sociales versées en 2016, la France est pourtant le pays européen qui dépense le plus en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, de logement, d’emploi, de famille, mais aussi de santé et de retraites. Ce montant représente 32,1% du PIB, contre une moyenne de 27,5% pour l’Europe des vingt-huit, selon les chiffres du ministère des Solidarités. L’aide et l’action sociales représentent 10% de ce montant, soit 70 milliards."
Il n’en demeure pas moins que le mouvement des gilets jaunes et les responsables politiques aussi démagogues et incompétents qui récupèrent ce mouvement s’inscrivent dans cette absurdité française qui réclame tout à la fois moins d’impôts et plus de dépenses publiques.
Et pourtant, la réforme la plus urgente et la plus nécessaire est la réforme de l’Etat. La pression fiscale sur les entreprises est considérablement plus élevée en France que dans les autres pays de la zone euro. Donc, pour la corriger, la seule solution est de réduire les dépenses publiques. Et si l’on veut vraiment réduire les dépenses publiques en France par rapport aux autres pays de la zone euro, il faut engager un vrai débat sur la stratégie de gestion des deniers publics avec pragmatisme et bon sens.
Le jour où un pouvoir, une commission ou des experts pourront citer concrètement quelles sont les dépenses qui sont concernées, un pas important sera franchi au niveau de la prise de conscience de ces enjeux. Nous doutons fortement que ce jour arrive bientôt et c’est la raison pour laquelle la prime de risque politique risque de s’installer durablement sur les actifs financiers français
ALORS QUELLES CONSÉQUENCES SUR LA ZONE EURO
Certes, nous n’anticipons toujours pas d’implosion de la zone Euro mais nous prenons au sérieux le risque politique italien et considérons que la volatilité sur les actifs périphériques de la zone Euro (aujourd’hui souverain et banques en Italie) va devenir structurelle. L’échéance électorale de mai 2019 avec les élections européennes sera cruciale et il faut s’y préparer dès ce début d’année.
Est-ce que, malgré l’accalmie actuelle entre Bruxelles et le gouvernement italien, la BCE ne sera-t-elle pas conduite à mettre en place une éventuelle opération spéciale de sauvetage sur la dette publique italienne (Cf la décision du conseil de la BCE du 6 septembre 2012 qui avait mis en place les OMT pour Outright Monetary Transactions – instrument qui n’a jamais eu l’occasion d’être activé compte tenu de la mise en œuvre du QE sur les dettes publiques de la zone Euro entre mars 2015 et décembre 2018).
Quoi qu’il en soit, avec la fin du QE fin 2018 et les incertitudes sur le financement de la dette publique italienne, il est légitime de repenser à ces OMT. Naturellement, ces opérations ne pourraient être mises en place que pour un gouvernement qui se pliera aux principes de réalité.
On voit mal comment il pourrait en être autrement puisque l’Italie dépendra plus que jamais des marchés et de la BCE pour boucler leurs fins de mois. On a vu à quel point il était illusoire pour le gouvernement de compter massivement sur l’épargne domestique ; en effet, l’émission obligataire du 22/11/2018 à destination des investisseurs retail et institutionnels locaux n’a pas eu le succès escompté (2,2 Mds€ levés contre 7 à 8 Mds€ attendus). Quoi qu’il en soit, comme nous le verrons dans notre allocation obligataire, nous pensons qu’il est encore trop tôt pour revenir sur les titres d’état italiens.
On a souvent défendu l’idée que le fait de spéculer sur la fin de la zone Euro était plutôt contre-productif. En effet, la situation de la zone Euro est tellement déséquilibrée qu’il semble difficile d’imaginer une disparition de la monnaie unique. Aussi absurde que cela paraisse, il est donc dangereux d’anticiper l’avenir de la zone Euro avec des analyses trop rationnelles. La meilleure preuve est représentée par ce que l’on appelle le système TARGET. Les soldes TARGET (“Trans-European Automated Real-time Gross settlement Express Transfer system”) correspondent aux positions intra-zone Euro des banques centrales nationales vis-à-vis de l’Eurosystème et permettent donc de mesurer la situation créditrice ou débitrice des banques centrales nationales vis-à-vis de l’Eurosystème. Dans la mesure où les créances TARGET sont comptabilisées dans l’Eurosystème, tous les membres de la zone Euro doivent partager le défaut d’une des banques centrales possédant une dette TARGET, en fonction de leur part dans le capital de la BCE. Les systèmes bancaires « créditeurs » peuvent donc perdre à due concurrence de leur participation du pays dans le capital de la BCE car le système est centralisé. Qui a donc intérêt à ce que le système implose ? Pas l’Italie dont la banque centrale nationale débitrice ne peut vivre sans la zone Euro ; pas non plus l’Allemagne dont la banque centrale nationale créditrice aurait beaucoup à perdre d’une implosion de la zone Euro.
Mais la situation est devenue très complexe en matière d’anticipations sur le devenir de la zone Euro
On ne peut donc dire, à ce stade, qui l’emportera du facteur financier, du facteur macroéconomique ou du facteur politique.Ce qui semble par contre « évident », c’est que face à de telles incertitudes, il faudra être particulièrement sélectif dans ses choix d’investissement sur des actifs financiers libellés en Euro.
Mory Doré , Janvier 2019
En 2016, Eurex a lancé les contrats à terme « Total Return Futures (TRF) » en réponse à la demande croissante de produits dérivés listés en alternative aux Total return swaps. Depuis, ces TRF sont devenus des instruments utilisés par une grande variété d’acteurs à des fins (...)
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