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Le dynamisme de la place de Luxembourg sur tous les segments du marché des fonds ne se dément pas

Selon Henri Berthe, Front Middle office Software Product Manager et Andrea Brevi, Regional Director Front and Middle Office chezLinedata, elle tire parti avec succès de la création d’un marché européen des fonds alternatifs par la directive AIFM...

L’industrie de la gestion d’actifs est depuis quelques années en ébullition sur la place de Luxembourg. Et l’avènement de la directive AIFM (Alternative Investment Fund Managers) en juillet 2012, qui a créé un véritable marché unique des fonds alternatifs (FIA), lui a même donné un nouveau coup d’accélérateur.

Il y a à peine dix ans, les actifs gérés par les fonds de droit français étaient supérieurs à ceux gérés par les fonds de droit luxembourgeois.

Mais la tendance s’est depuis inversée, au point que les fonds luxembourgeois affichent des encours deux fois plus importants que leurs homologues français : 3.525 milliards d’euros contre 1.715 milliards à fin mars 2015 (Ucits et AIF confondus), selon une récente étude de l’Efama (l’Association européenne de l’asset management).

Dans le même temps, la proportion de fonds alternatifs dans l’ensemble des fonds luxembourgeois est passée de 5 à 20%. Ce segment du marché a donc été particulièrement dynamique au cours de ces toutes dernières années.

Ni l’affaire Madoff, ni la crise des subprimes, ni le déclin du secret bancaire n’ont interrompu la marche en avant du Grand-Duché sur le marché des fonds. En trente ans, depuis la publication de la première directive Ucits en 1985, les acteurs de la place de Luxembourg ont affiné leurs expertises et cette dernière est devenue le « hub » de tous les gérants d’actifs internationaux pour accéder au marché européen des OPCVM (360 sociétés de gestion y sont ainsi implantées). Toutes les parties prenantes, les cabinets d’audit, les sociétés de services informatiques, les banques dépositaires, les administrateurs et valorisateurs de fonds, les avocats, les consultants ont su enrichir leurs pratiques, fluidifier leurs relations, apporter le service le plus complet. Au total, plus de 300 sociétés prestataires cohabitent.

Les acteurs de la place étaient fin prêts

C’est ainsi qu’au moment de la création de ce nouveau marché européen, celui des fonds d’investissement alternatifs, initiée par la directive AIFM, les infrastructures luxembourgeoises, très rodées, ont été immédiatement opérationnelles. La directive oblige par exemple la mise en place d’un suivi des risques systémiques (risques de marché, de crédit, de liquidité, de contrepartie…) qui est pratiqué depuis longtemps par les acteurs de la place.

De même, l’Alfi (Association luxembourgeoise des fonds luxembourgeois) a coordonné l’effort commun d’élaboration du reporting AIFM type, interprétant les règles établies par l’Esma, le régulateur européen. En outre, les autorités locales ont joué un rôle moteur. Une véritable politique publique de soutien à l’industrie des fonds a été mise en œuvre.

C’est ainsi que des véhicules de droit luxembourgeois dédiés aux stratégies alternatives préexistaient : les SIF (Specialised Investment fund) et les SICAR (Société d’investissement en capital à risque). Ils avaient fait leurs preuves et deviennent naturellement des véhicules privilégiés pour les gestionnaires de hedge funds, de fonds de private equity ou de fonds immobilier, qui ambitionnent de lever des fonds auprès d’investisseurs professionnels situés dans plusieurs pays européens. Or munis d’un passeport européen, attestant qu’ils s’engagent à se conformer aux obligations de transparence et de contrôle des risques, entre autres, de la directive AIFM, ils peuvent désormais mener à bien une stratégie commerciale sur une base transfrontalière.

Dans cette perspective, la richesse en termes d’offre de prestataires et le caractère international de la place s’illustre, par exemple, par la présence de 66 banques dépositaires issues de 25 pays différents, mais aussi de 150.000 salariés non-luxembourgeois, dont une bonne partie œuvre dans le secteur des fonds.

L’une des ambitions de la directive AIFM était de faire revenir dans un univers européen plus régulé une bonne partie du marché des fonds alternatifs, beaucoup ayant historiquement fait le choix de places offshore. De ce point de vue, le Luxembourg a su répondre à ce souhait des autorités, puisque de nombreux fonds issus de juridictions non-européennes sont progressivement réintégrés dans des véhicules luxembourgeois.

Pour la place de Luxembourg, une nouvelle étape cruciale sera à franchir en mars 2016, avec la mise en œuvre de la prochaine directive OPCVM (Ucits V). Elle sera l’occasion d’introduire dans les règles d’encadrement certains des principes inscrits dans la directive AIFM, en matière de définition du rôle du dépositaire en particulier.

Andrea Brevi , Henri Berthe , Juillet 2015

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