›  Note 

Le classement développement durable de DPAM par pays au S1 2020 : Il ne peut y avoir de reprise sans une croissance durable et inclusive

DPAM a publié son nouveau classement sur le développement durable par pays pour le premier semestre 2020. Ce classement constitue le cœur de l’univers d’investissement pour les stratégies de dette des marchés développés et des marchés émergents.

A mesure que s’apaise progressivement la crise du coronavirus, les pays et les gouvernements du monde entier cherchent les moyens d’instaurer un nouveau paradigme, une "nouvelle normalité". Le virus a forcé le monde à surmonter des obstacles sans précédent et a mis à nu de nombreuses lacunes de nos sociétés. DPAM a développé depuis 2007 un modèle de recherche exclusif permettant une hauteur de vue et une vision claire, transparente et complète des situations par pays.

La pandémie a eu un impact sans précédent à travers le monde et a entraîné une série de changements dans notre façon de vivre, de travailler et d’interagir avec ceux qui nous entourent. À son pic, la pandémie a contraint un tiers de la population mondiale au confinement. Les gouvernements ont imposé de sévères restrictions de nos libertés fondamentales. Mais l’épidémie a également eu des conséquences dramatiques sur l’emploi. L’Organisation Internationale du Travail estime que jusqu’à 25 millions de personnes sont actuellement sans emploi en conséquence directe de la pandémie et les travailleurs pourraient perdre jusqu’à 3,4 milliards de dollars de revenus d’ici la fin de l’année. Cette pandémie a mis les questions sociales sur le devant de la scène internationale. À première vue, le confinement mondial a tout de même eu quelques aspects positifs : les émissions de gaz à effet de serre ont énormément diminué cette année : - 70 % en Inde, - 58 % dans l’UE, - 30 % aux États-Unis et - 18 % en Chine. Cela dit, plusieurs experts de l’environnement avertissent que ces succès liés au confinement ne sont que temporaires par nature, alors que les conséquences du réchauffement climatique sont probablement irréversibles. Contrairement à la crise du Covid-19, il n’y aura pas de "retour à la normale" pour le climat.

Il est essentiel de nous concentrer sur les principaux obstacles au développement durable et de veiller à les intégrer à notre modèle de développement. Ophélie Mortier, stratégiste investissement responsable et durable chez DPAM, avertit qu’« il ne peut y avoir de reprise pérenne sans une croissance durable et inclusive. Notre modèle exclusif l’a déjà démontré par le passé : à court terme, une croissance à deux chiffres qui ne respecte pas les facteurs de durabilité est souvent le signe d’une économie à fort effet de levier, plutôt que d’une économie sensible à sa croissance future. Il est crucial que les plans de relance budgétaire ne se fassent pas au détriment de l’environnement ou des facteurs de durabilité comme la santé, la répartition des richesses et l’éducation. Malheureusement, à mesure que le PIB diminue, les priorités ont tendance à changer. »

Le classement développement durable de DPAM permet aux investisseurs d’identifier les pays qui intègrent les défis mondiaux dans leur développement à moyen terme afin d’assurer leur viabilité à long terme. L’analyse des facteurs de durabilité s’appuie sur cinq dimensions clés : transparence et valeurs démocratiques, environnement, éducation et innovation, santé et répartition des richesses, et économie. Aujourd’hui, le modèle intègre 69 et 62 critères pour les marchés développés et émergents (OCDE et ME) respectivement. Ces modèles donnent une représentation précise et quantitative des tendances mondiales en matière de durabilité. Ses composantes sont constamment affinées pour améliorer leur efficacité. À titre d’exemple de ces améliorations continues, le Conseil consultatif sur la durabilité des titres obligataires (FISAB) [1] de DPAM a récemment décidé d’harmoniser les ensembles de données intégrés aux modèles OCDE et ME. Le modèle pour les pays émergents dispose en effet accès aujourd’hui de bien plus de données qu’à l’origine. En conséquence, le FISAB a réévalué à la hausse les critères du modèle ME pour l’harmoniser avec le modèle OCDE et ainsi refléter ce changement dans la disponibilité des données.

Dans ce classement, le FISAB souligne également plusieurs thèmes qui s’accordent particulièrement bien avec les évolutions mondiales actuelles. La répartition des richesses est un thème clé pour les pays de l’OCDE autant que pour les pays émergents : un nouvel "accord" social est en train d’émerger. Cependant, alors que les prestations sociales se sont généralement améliorées pour une grande partie de la population, plusieurs pays sont actuellement confrontés à une polarisation des emplois, une stagnation des revenus et à une augmentation substantielle du coût des produits basiques. Le FISAB a également décidé d’examiner de plus près le thème de l’éducation dans les marchés développés, sur la base des résultats détaillés des derniers tests PISA qui révèlent une accentuation des différences entre les systèmes éducatifs. Enfin, le Conseil insiste sur l’importance de la transparence et du développement des valeurs démocratiques dans les marchés émergents.

Une sélection de pays de l’univers des marchés développés

France

Bien que la France ait obtenu une bonne note pour son action environnementale, elle pourrait encore travailler à l’amélioration de son efficacité énergétique. L’amélioration générale de la culture politique a également porté ses fruits. Les efforts du gouvernement pour permettre aux gilets jaunes, entre autres voix contestataires, d’exprimer leurs griefs ont conduit à une légère amélioration sur l’indice de démocratie de l’Economist Intelligence Unit (EIU). En revanche, les tests PISA ont révélé que la France a peu progressé dans le domaine de l’éducation. Et le pays est également touché par la stagnation des salaires, exposé au risque de pertes d’emplois par l’automatisation et a des taux de pauvreté relativement élevés par rapport à ses pairs. En conséquence, on constate une perte de pouvoir d’achat, qui est partiellement due à une augmentation impressionnante du coût du logement en France.

Espagne

L’Espagne a connu des améliorations considérables dans plusieurs domaines. En particulier, les dimensions population, santé et répartition des richesses se sont remarquablement améliorées. Les taux moyens de chômage, et plus particulièrement le chômage des jeunes, ont sensiblement diminué. Toutefois, en examinant de plus près l’amélioration globale du chômage, nous constatons une fragilité que les moyennes ne reflètent pas à première vue. Une grande partie de la population nouvellement employée travaille ainsi à temps partiel. Nous constatons que l’augmentation de l’emploi est principalement due à l’arrivée des femmes sur le marché du travail. Cela explique aussi en partie l’augmentation des emplois à temps partiel, les femmes étant plus susceptibles de les rechercher (congés parentaux, conciliation travailfamille, etc.). En outre, de nombreux travailleurs qualifiés ont été mis au chômage ou ont été contraints de prendre des emplois à temps partiel. Cette dépendance à l’égard du travail à temps partiel et la baisse des revenus qui en résulte, pourrait mettre le système de retraite espagnol à rude épreuve. Les efforts de l’Espagne en matière d’environnement ont par ailleurs faibli et l’éducation n’a pas progressé. Le milieu socio-économique joue toujours un rôle important dans l’éducation espagnole (12 à 14 % des notes s’expliquent par le statut socio-économique de l’étudiant). L’éducation reste par conséquent un domaine à améliorer pour l’Espagne.

Italie

L’environnement reste un sujet de préoccupation en Italie, malgré la diminution récente de 10 % de ses émissions carbone. En termes absolus, c’est un progrès, mais cette diminution est plus faible que dans les autres États membres. Son score de biodiversité et ses niveaux de qualité de l’air ont stagné et tous les autres facteurs environnementaux se sont détériorés. Bien que stable, la biodiversité stagne à des niveaux faibles, l’Italie ne protégeant qu’un faible pourcentage de son territoire. En outre, la qualité de l’air en Italie ne s’est pratiquement pas améliorée au cours des cinq dernières années (même si le confinement devrait apporter un léger soulagement temporaire). L’Italie a connu une baisse impressionnante du chômage des jeunes, bien que l’on constate que les emplois à temps plein ont été largement remplacés par des emplois à temps partiel (souvent de façon involontaire). Les dernières enquêtes PISA ont été un facteur important pour les calculs de la dimension éducation. Les résultats de l’Italie sont généralement inférieurs à la moyenne de l’OCDE, sauf pour les mathématiques, où l’Italie se situe dans la moyenne. La performance moyenne en lecture et en sciences a diminué et cette baisse est plus importante pour les filles que pour les garçons. Un examen plus approfondi des données révèle de grandes disparités entre les régions : Trente et Bolzano ont toutes deux obtenu des résultats élevés, qui sont assez semblables à ceux des pays les plus performants. La Sardaigne a obtenu des résultats bien inférieurs, plus proches de ceux de la Turquie.

Allemagne

Le score de l’Allemagne en matière de durabilité a légèrement diminué. Ses résultats en matière d’éducation restent élevés et bien au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE. Néanmoins, leur moyenne s’est détériorée, et nous constatons des niveaux d’égalité inférieurs à la moyenne dans le système scolaire allemand. L’affaiblissement des mécanismes de négociation salariale et la diminution du nombre de travailleurs protégés par des conventions collectives ont également conduit à une stagnation des salaires. Bien que cela puisse affaiblir la stabilité et la cohésion sociales en cas de tensions sur le marché du travail, nous observons une tendance à la hausse des résultats de l’Allemagne en matière d’emploi. Ces résultats montrent un bon équilibre entre les emplois à temps partiel et les emplois à temps plein. L’Allemagne se distingue particulièrement comme l’un des pays avec le taux le plus élevé de femmes dans la population active.

Ophélie Mortier , Mai 2020

Notes

[1] Le Conseil consultatif sur la durabilité des titres obligataires (FISAB) de DPAM, est composé de sept membres votants avec une majorité d’experts externes. Son rôle principal est de sélectionner les critères de durabilité qui remplissent les conditions préalables, c.a.d les plus pertinentes dans le cadre de l’évaluation de la durabilité. Ils valident aussi la liste des pays éligibles.

Partager
Envoyer par courriel Email
Viadeo Viadeo

Focus

Note Replay conférence digitale du 27/01/2022 : Présentation de l’étude de l’Investissement Responsable de 2021

Cette 3ème édition met en lumière l’évolution de la connaissance et de l’appétence des épargnants français pour les produits d’épargne responsable et mesure en parallèle les convictions et l’appropriation du sujet par les conseillers (...)

© Next Finance 2006 - 2024 - Tous droits réservés