›  Opinion 

Le Nasdaq peut-il doubler ?

Vous l’avez certainement noté, le Nasdaq a dépassé pour la première fois de son histoire les 15’000 points mardi soir. Si le chiffre des 15’000 est plus symbolique qu’autre chose, il met cependant en avant un indice qui n’a pas connu la crise et qui s’est transformé d’une manière radicale au fil des années. Synthèse et analyse d’une success story « à l’américaine ».

a. Les faits

À hier soir, le Nasdaq affichait la marque des 15’041 points après avoir dépassé les 15’000 points mardi soir. On l’oublie rapidement, mais l’indice « technologique » (on verra au Point b que cela n’est plus vraiment le cas) était à 2’000 points il y a près de 10 ans. C’est dire si les 15’000 points représentent plus d’un simple chiffre symbolique. En fait, le Nasdaq a progressé de +16% depuis le début de l’année et de près de 120% depuis les creux de mars 2020. Depuis septembre 2009 c’est près de … 1’080% (contre +440% pour le Dow Jones). La progression a donc été littéralement hallucinante.

b. Une progression sans commune mesure

Si la progression du Nasdaq est impressionnante depuis les creux de mars 2020 en pleine crise du Covid-19, elle l’est aussi depuis plusieurs années. Songez seulement, lors des 5 dernières années, la progression annuelle moyenne a été de 24%.

À la question de savoir quand le Nasdaq pourrait atteindre les 30’000 points on peut affirmer les choses suivantes :

  • Si le Nasdaq continue de progresser au même rythme que ces 12 derniers mois, il pourrait atteindre 30’000 points en juillet 2023.
  • Si le Nasdaq continue de progresser au même rythme que ces 5 dernières années, cela prendrait 3.3 ans (donc à la fin 2024) pour que le Dow Jones atteigne les 30’000 points.

En conservant ce rythme effréné (avec une croissance moyenne des 5 dernières années) le Nasdaq pourrait même dépasser le Dow Jones (si on respecte aussi sa croissance moyenne de ces 5 dernières années) en termes de points en … 2031 !

Cependant, attention à l’euphorie des chiffres puisque si on prend la croissance moyenne annuelle depuis 2000, il faudrait 14 ans pour dépasser les 30’000 points.

Rappelons-nous aussi que le Nasdaq a perdu 80% de sa valeur entre le sommet de la bulle internet de 2000 et la fin de son dégonflement.

c. L’histoire du Nasdaq

Le Nasdaq était historiquement basé sur les avancées technologiques après avoir été le premier à proposer des échanges électroniques dès 1971.

À ses débuts, le Nasdaq a connu une brève ascension, atteignant 816 points avant de s’effondrer à moins de 300 points en 1974. Mais, depuis ce point bas, le Nasdaq a connu une tendance à la hausse jusqu’en 2000, et cette tendance s’est renforcée à l’époque des dot com jusqu’à son effondrement.

À son sommet de l’année 2000, il a atteint plus de 7’000 points, mais est tombé à 1’660 deux ans plus tard avant de se redresser, puis de retomber à un niveau similaire en 2009.

Aujourd’hui, le Nasdaq répertorie plus de 3’500 entreprises et peut se targuer d’avoir le volume d’échanges le plus élevé du marché américain. Les 15’000 points ont été dépassés mardi soir.

d. Un profil totalement différent

Certains « anciens » gérants appellent le Nasdaq « l’indice technologique » en songeant à son profil au début des années 2000. Pour mémoire, il y a 20 ans les premières capitalisations de l’indice étaient :

Aujourd’hui les premières valeurs qui trustent les premières places ont largement changé. Si Microsoft n’a pas vraiment bougé (de n°1 il y a 20 ans à n°2 aujourd’hui) Apple n’était même pas dans les 10 premières capitalisations de l’indice il y a 20 ans.

Sur les 15 plus grosses capitalisations de 2000 il n’y a en a plus que 4 aujourd’hui qui restent dans le top 15 du Nasdaq.

La composition de l’indice Nasdaq Composite a changé de façon spectaculaire. En 2000, les sociétés technologiques dominaient effectivement sa composition (64,9%).

Aujourd’hui les entreprises technologiques comme Apple, Alphabet, Microsoft, mais aussi Intel dominent l’indice. D’ailleurs, les entreprises technologiques représentent 56 % de l’indice. L’indice compte également des sociétés de services aux consommateurs comme Amazon, Starbucks, Costco, etc, qui représentent 22 % de l’indice. Les entreprises du secteur de la santé, comme Alexion, Intuitive Sergical, etc.

Les sociétés de biens de consommation comme Tesla, Netflix, Monster Beverages, Mattel, et aussi Kraft Heinz, etc. ont une part de 7%. Les sociétés industrielles représentent 5 %.

En bref, au-delà des entreprises technologiques, on trouve aussi des sociétés diversifiées dans la biotech, la cryptomonnaie ou encore le cannabis.

e. Pourquoi le Nasdaq attire tant de sociétés ?

Tout d’abord il faut rappeler qu’au cours du premier semestre 2021, le Nasdaq a :

  • Connu 410 nouvelles introductions en bourse
  • Levé près de 106 milliards de dollars de capitaux pour les sociétés cotées (soit le chiffre le plus élevé depuis 2008)
  • Donné au Nasdaq l’avantage sur ses rivaux boursiers pour le 30e trimestre consécutif.

Il y a plusieurs raisons à cette tendance. Tout d’abord, de plus en plus de sociétés tentent de se positionner en tant qu’entreprises innovantes, à croissance rapide et à la pointe de la technologie ce qui explique la forte hausse du nombre des transferts supplémentaires vers le Nasdaq. Honeywell par exemple en est un bon exemple pour montrer aux investisseurs son changement d’orientation.

Tant que la bourse maintiendra sa réputation d’encourager les leaders de demain, le Nasdaq continuera d’attirer à la fois les sociétés nouvellement cotées et les entreprises bien établies qui cherchent à dynamiser leurs perspectives.

Ensuite, c’est une question de coût puisqu’une introduction en bourse ou un transfert au Nasdaq coûte moins cher que le NYSE par exemple. Aurora Cannabis en est un bon exemple. Le PDG de l‘entreprise Miguel Martin lors de l’annonce de ce changement en mai dernier avait déclaré que le transfert de cotation (du NYSE au Nasdaq) permettra à Aurora Cannabis de réaliser des économies de coûts. Aurora suivait plusieurs autres valeurs du cannabis qui avaient fait des changements similaires récemment, notamment Canopy Growth.

f. Comment être éligible au Nasdaq 100 ?

L’indice Nasdaq 100 comprend les 100 plus grandes sociétés non financières nationales et internationales cotées à la bourse du Nasdaq en fonction de leur capitalisation boursière. En outre, l’indice comprend la quasi-totalité des entreprises de 27 pays.

L’indice Nasdaq 100 utilise une méthode de capitalisation modifiée pour la sélection des actions. Cette méthode utilise des pondérations individuelles en fonction de la capitalisation boursière de l’entreprise.

Pour faire partie du Nasdaq 100, les titres doivent être exclusivement cotés à la bourse du Nasdaq. L’indice comprend des secteurs non financiers tels que le commerce de détail, la biotechnologie, l’industrie, la technologie, les soins de santé, etc. Il exclut le secteur financier - banques commerciales et d’investissement.

Voici les titres qui peuvent faire partie de l’indice Nasdaq 100 :

  • Certificats américains d’actions étrangères (ADR)
  • Actions ordinaires
  • Actions « reflet »

Les autres critères d’éligibilité sont la liquidité et la capitalisation boursière. Cependant, il n’y a pas d’exigence minimale pour la capitalisation boursière. Toutefois, l’indice représente de toute façon les 100 plus grandes sociétés du Nasdaq.

g. Synthèse

La progression du Nasdaq est indéniable et peut encore se poursuivre. Elle dépendra cependant de l’aspect compétitif de l’indice, de la progression de ses plus grosses capitalisations boursières et de la poursuite de sa diversification en misant sur l’innovation en premier lieu. Si les 30’000 points semblent utopiques aujourd’hui il est probable que nous les atteignons à moyen terme…

John Plassard , Août 2021

tags
Partager
Envoyer par courriel Email
Viadeo Viadeo

Focus

Opinion Les contrats à terme « Total Return » devraient poursuivre leur croissance compte tenu de l’engouement des investisseurs

En 2016, Eurex a lancé les contrats à terme « Total Return Futures (TRF) » en réponse à la demande croissante de produits dérivés listés en alternative aux Total return swaps. Depuis, ces TRF sont devenus des instruments utilisés par une grande variété d’acteurs à des fins (...)

© Next Finance 2006 - 2024 - Tous droits réservés