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La fin de 35 ans de baisse des taux ?

Le grand sujet des marchés financiers depuis la fin de l’été est le retour de l’inflation. Il provoque une importante remontée des taux d’intérêt et une rapide rotation sectorielle au détriment des valeurs défensives et au bénéfice des banques, des matières premières et du pétrole...

Le grand sujet des marchés financiers depuis la fin de l’été est le retour de l’inflation. Il provoque une importante remontée des taux d’intérêt et une rapide rotation sectorielle au détriment des valeurs défensives et au bénéfice des banques, des matières premières et du pétrole. Dès la fin du mois d’août, les enquêtes macroéconomiques, témoignant de la reprise de la croissance américaine après 4 trimestres anémiques, ont enclenché le mouvement. La Reserve fédérale, jusque-là peu pressée de remonter ses taux directeurs, a infléchi son discours, sous la pression d’un frémissement des salaires horaires. Puis, fin septembre, c’est la Banque du Japon qui lui emboîtait le pas en réduisant la taille de ses injections pour agir plus sur la pente de sa courbe des taux dans la durée.

Mais le sujet a pris une acuité nouvelle avec l’élection de Donald Trump. Alors que le marché du travail est quasiment au plein emploi avec un taux de chômage de 4,6 %, son programme de baisse d’impôts massive et de relance des investissements en infrastructures pourrait faire craindre une surchauffe de l’économie américaine, entraînant une poussée de l’inflation et une tension importante sur les taux d’intérêt. Ce scénario a bien sûr été rapidement intégré par les investisseurs, générant des flux massifs de sortie des obligations qui se sont reportés sur les actions, essentiellement américaines.

Sommes-nous donc à un tournant historique qui va voir à nouveau l’inflation faire son retour alors qu’elle diminue depuis 1980, entraînant une inversion de toute notre stratégie d’investissement ? Il nous semble que les marchés oublient un peu vite ce qui a été le cauchemar de tous les banquiers centraux depuis la faillite de Lehman Brothers : le spectre d’une spirale déflationniste qui enchaînerait anticipations de baisses des prix et report des décisions d’achats et d’investissements.

Certes, le point bas de l’économie américaine a été atteint cet été, mais rien dans le reste de l’économie mondiale ne laisse craindre une surchauffe.

La reprise chinoise est financée par du déficit public, ce qui n’aura qu’un temps. Le pétrole a rebondi, mais la production de schiste redémarre déjà, limitant le potentiel de hausse des prix de l’or noir. Et la croissance européenne ne devrait pas voir d’accélération fulgurante en 2017. Au total, ni les pays développés ni les émergents ne montrent une dynamique suffisante pour générer durablement une inflation soutenue, dans un monde où le digital reste un facteur de baisse des coûts.

Pas de grande révolution copernicienne donc : des marchés d’actions qui resteront bien orientés au premier semestre 2017 mais dans un monde où la croissance reste rare.

Marc Riez , Janvier 2017

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