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La crise rime mais ne se répète pas : les marchés actions restent finement équilibrés

Alors que la volatilité augmente après que la lutte contre l’inflation a déstabilisé le secteur bancaire, nous continuons à recommander une exposition à un portefeuille diversifié d’actions de qualité et une allocation accrue aux marchés émergents.

  • La situation fait écho à 2008, mais la réponse des décideurs politiques et des régulateurs est plus rapide et plus décisive
  • La qualité reste la principale préoccupation, ce qui nous permet de continuer d’investir et de saisir les opportunités de hausse lorsqu’elles se présentent
  • Les marchés émergents vont surperformer tandis que le dollar s’affaiblit et que la reprise en Chine s’accélère

La décision de la Fed du 22 mars 2023 de ne relever son taux directeur que de 25 pb prépare le terrain pour une pause très attendue dans le relèvement des taux plus tard dans l’année. Après trois semaines de trébuchements du secteur bancaire américain, la marge de manœuvre de la Fed en matière de relèvement des taux est désormais limitée, ce que reflètent les commentaires relativement conciliants du président de la Fed, Jerome Powell, après la réunion. Nous ne pensons pas que la crise de 2008 se répète, les décideurs politiques ayant agi beaucoup plus rapidement pour gérer les problèmes de stabilité, mais la volatilité est là pour durer, car l’économie mondiale continue de s’adapter à une inflation plus forte et à des taux d’intérêt plus élevés.

Dans un tel contexte, d’excellentes opportunités s’offrent aux investisseurs en actions à long terme, mais cela ne signifie pas qu’il faille se contenter d’acheter et de conserver l’indice. L’étrange juxtaposition des manchettes concernant les autorités américaines qui envisagent d’assurer tous les dépôts bancaires américains [1], avec l’article « Biggest Fear for Trillion-Dollar Funds Is Missing Next Rally » [2], montre que nous vivons une période incertaine et potentiellement périlleuse où les stratégies actives l’emporteront sur les stratégies passives.

L’inflation reste élevée, mais le robinet du dollar est ouvert

Des données récentes en provenance du monde entier montrent que l’inflation n’est pas encore suffisamment ralentie pour permettre aux décideurs politiques d’adopter une attitude résolument accommodante. Les données sur l’inflation ont récemment surpris à la hausse, notamment au Royaume-Uni, en Suisse et à Singapour, tandis qu’en Europe, la BCE reste ferme [3], l’inflation de l’IPC de la zone euro se maintenant autour de 8,5 %. La tendance aux États-Unis est plus propice, les prix à la production ayant baissé de 0,1 % d’un mois à l’autre en février, ce qui conforte les projections selon lesquelles le niveau le plus haut du taux directeur est en vue. Par ailleurs, avec le concours d’autres banques centrales, la Fed a considérablement facilité l’accès aux liquidités en dollars [4] afin d’alléger la pression sur le secteur bancaire, inversant partiellement son programme de resserrement quantitatif. Ces indications et actions soutiennent aujourd’hui les marchés actions.

L’augmentation des liquidités en dollars ne fonctionnera que si elle fait plus que compenser le resserrement des conditions financières provoqué par plusieurs épisodes de fuite des dépôts et la baisse de la confiance interbancaire. Les tensions sur le marché de l’immobilier commercial [5] risquent également de compliquer les efforts visant à dépasser la surveillance étroite actuelle des banques américaines. Par conséquent, sur la base de l’expérience de 2008, la Fed devrait rester généreuse dans son apport de liquidités jusqu’à ce que le sentiment se normalise. En outre, si le problème des banques de taille moyenne est dû à une longue exposition concentrée aux bons du Trésor, comme c’est le cas pour la SVB, la baisse des taux aidera à résoudre ce problème. Dans tous les cas, un environnement monétaire plus accommodant devrait se manifester tout au long de l’année pour tenter d’empêcher le resserrement du crédit, ce qui offrira un certain soutien aux actions, même en cas de ralentissement de l’économie.

Les données économiques des marchés développés démentent les craintes de récession

Les indicateurs macroéconomiques font encore preuve de résilience dans les marchés développés, malgré un contexte difficile et le pessimisme persistant de la part de certains analystes. Le fait que l’Europe ait survécu à l’hiver sans perturbations liées à l’énergie a contribué à maintenir l’Allemagne dans une croissance positive, tandis que l’indice PMI de la zone euro a surpris à la hausse en mars, s’établissant à 54,1. Aux États-Unis, les ventes au détail ont fléchi en février après les bons résultats de décembre et de janvier, et les demandes hebdomadaires d’allocations chômage montrent toujours que le marché du travail est relativement tendu. Le Japon est également prêt pour la croissance en 2023, les récentes données sur l’inflation laissant croire que la BoJ va finalement sortir de sa politique de taux d’intérêt zéro.

Les marchés émergents restent néanmoins bien mieux placés que les marchés développés

Malgré une réaction plutôt mitigée des marchés aux prévisions prudentes de croissance du PIB de la Chine (5 %), les données vont dans la bonne direction, la consommation et les investissements en actifs immobilisés étant tous deux favorables en janvier et février. Si l’on y ajoute un affaiblissement du dollar américain, tous les ingrédients pour une surperformance des ME sont réunis. La crise bancaire qui se manifeste aux États-Unis et en Suisse a entraîné un rally des actions chinoises, tirées par le secteur financier, ce qui conforte cette thèse. L’indicateur macroéconomique plus général qui s’avère positif pour les ME est que l’inflation ne s’est tout simplement pas installée de la même manière que dans les pays développés. Certaines des plus grandes économies émergentes, comme le Brésil et l’Inde, se trouvent à un stade différent du cycle de crédit et bénéficient de certains ancrages déflationnistes ponctuels, comme le pétrole russe bon marché dans le cas de l’Inde. Tout cela va se traduire par une croissance plus rapide pour les ME par rapport aux MD.

En outre, les indicateurs de valorisation ont atteint des niveaux extrêmes en 2022, les ME se négociant à une décote de 30 % par rapport aux MD. Cet écart s’est légèrement réduit, mais reste injustifié à nos yeux.

La priorité accordée à la qualité permettra de saisir les opportunités de hausse lorsqu’elles se présentent

Les données économiques sont solides et la politique monétaire va devenir favorable, mais il subsiste toujours une combinaison de plusieurs risques pour les actions, dont une inflation encore élevée, des craintes de récession persistantes, des problèmes bancaires et des signes de tension sur le marché de l’immobilier commercial. Les titres de qualité ont surperformé au début de 2023 après avoir été à la traîne en 2022, et nous pensons que privilégier la qualité dans un portefeuille d’actions est le meilleur moyen de traverser cette période de turbulences.

Par qualité, Robeco entend un rendement élevé du capital investi (ROIC) avec des opportunités de réinvestissement claires, une forte génération de flux de trésorerie disponibles et une décote par rapport à la valeur intrinsèque. Sélectionner des entreprises qui offrent un bouclier macroéconomique en périodes de ralentissement, mais qui sauront aussi saisir les opportunités de hausse lorsqu’elles se présentent, nous permet de continuer à investir.

Robeco , Mai 2023

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