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La Der des Ders ?

La BCE a donc tranché. En augmentant, une nouvelle fois, ses taux directeurs de 25 bps tout en laissant entendre qu’il pourrait s’agir de la dernière hausse, l’institution européenne a donc opté pour la « dovish hike ».

Cette dixième hausse porte donc le taux de dépôt de la zone euro à 4%, soit 450 bps d’augmentation depuis le début du cycle de resserrement monétaire en juillet 2022, un record depuis la mise en place de la monnaie unique. Afin de garder les anticipations d’inflation ancrées et ne pas perdre en crédibilité, Christine Lagarde s’est naturellement bien gardée de graver cette décision dans le marbre (« nous ne disons pas que nous avons atteint le pic [de la hausse des taux] ») reprenant les éléments de langage sur le caractère « data dependent » de la BCE, ce qui sous-tend que d’autres hausses restent possibles selon les données d’inflation. Les investisseurs ont cependant préféré retenir du communiqué que « le Conseil des gouverneurs considère que les taux directeurs de la BCE ont atteint des niveaux qui, s’ils sont maintenus pendant une période suffisamment longue, apporteront une contribution substantielle au retour rapide de l’inflation vers l’objectif ». A ce titre, si les prévisions d’inflation pour cette année et l’année prochaine ont été revues à la hausse (de 0.2% à respectivement 5.6% et 3.2%), preuve que la baisse de l’inflation reste lente, la prévision pour 2025 a été abaissée à 2.1%, proche de la cible des 2% de la BCE.

Les membres de l’institution estiment néanmoins que les facteurs de risque sur l’inflation restent orientés à la hausse, la dynamique des salaires, notamment dans les services, restant forte, et ce, malgré la dégradation des prévisions de croissance. La question qui se pose désormais est de savoir combien de temps la BCE maintiendra ses taux directeurs à ce niveau. A minima jusqu’au premier trimestre de l’année prochaine même si la visibilité est faible. La prochaine mise à jour du scénario macroéconomique en décembre pourrait nous donner des premiers éléments de réponse.

Outre-Atlantique, les données macroéconomiques publiées la semaine passée ont confirmé le ralentissement graduel de l’économie américaine même si la lecture séquentielle peut être impactée par le rebond des prix de l’énergie. C’est notamment le cas des chiffres d’inflation qui ont rebondi sur le mois d’août en rythme mensuel aussi bien sur l’inflation headline que sur la core. Cette dernière a notamment subi la hausse des prix des services dans les transports, sensibles aux variations du cours du baril. Idem sur la publication des prix à la production, en rebond sur le mois, mais en baisse hors pétrole et alimentation. Malgré cette hausse du prix du pétrole, les anticipations d’inflation des ménages, calculées par l’Université du Michigan, sont ressorties en baisse aussi bien sur le court que le moyen terme. Ces données ne devraient néanmoins pas remettre en cause le scénario d’une pause de la Fed cette semaine.

Notons (enfin) les bonnes nouvelles venues de Chine avec plusieurs indicateurs publiés au-dessus des attentes (production industrielle et dans les services, ventes au détail,…). Prémices des conséquences des mesures gouvernementales ou capitulation du consensus dans ses prévisions ? Probablement un peu des deux.

Thomas Giudici , Septembre 2023

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