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Opinion
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L’inflation réduit le pouvoir d’achat. Or, la consommation est le principal paramètre (entre la moitié et les deux tiers le plus souvent) qui contribue au PIB. Il est clair que de très nombreux pays vont connaître un ralentissement, possiblement marqué, dans les mois qui viennent.
Quel que soit l’objectif poursuivi par le Kremlin, la maîtrise des littoraux ukrainiens sur la mer Noire et la mer d’Azov offrant un débouché vers la Méditerranée, la possession de gisements de gaz, de pétrole et de minerais principalement situés à l’Est et au Sud, la volonté de retrouver les limites de la Grande Russie face à une Europe occidentale considérée comme décadente, Vladimir Poutine n’est pas parvenu à soumettre la résistance ukrainienne. Or, en l’absence d’un vainqueur et d’un vaincu, il semble illusoire de parvenir à un accord de paix.
La guerre de mouvement russe a évolué vers une guerre de position. Les Ukrainiens répliquent avec des groupes mobiles qui ont la connaissance du terrain et pratiquent un harcèlement systématique. Le conflit pourrait durer encore plusieurs mois.
La durée de la guerre, par principe imprévisible, va déterminer l’ampleur de la vague inflationniste qui submerge la planète, du fait de la hausse brutale des prix de nombreuses matières premières et notamment du gaz, du pétrole et du blé. En rythme annuel, l’inflation atteindrait fin mars plus de 5% en France, plus de 7% en Allemagne et aux États-Unis, plus de 9% en Espagne, et serait souvent à deux chiffres dans la plupart des pays émergents.
L’inflation réduit le pouvoir d’achat. Or, la consommation est le principal paramètre (entre la moitié et les deux tiers le plus souvent) qui contribue au PIB. Il est clair que de très nombreux pays vont connaître un ralentissement, possiblement marqué, dans les mois qui viennent. Les États peuvent envisager d’atténuer l’impact de l’inflation par des aides compensatoires, un tel choix viendra détériorer le déficit budgétaire et, en final, accroître la dette. Est-ce raisonnable ? Les banques centrales peuvent choisir d’augmenter les taux directeurs.
Cependant, cette mesure ne sera efficace qu’à partir du moment où l’inflation s’est diffusée, entraînant une augmentation généralisée des salaires. La FED aux États-Unis a annoncé qu’elle interviendrait massivement pour lutter contre l’inflation. Le discours était ferme mais les actes seront peut-être mesurés devant une économie finalement plus vulnérable à un ralentissement que prévu.
En Europe, la BCE est en présence d’économies nationales moins vigoureuses. De plus l’inflation n’a pas encore provoqué le renchérissement des salaires. Remonter les taux directeurs pour lutter contre la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation ne serait pas efficace et découragerait les velléités d’investissement.
La gestion de telles situations est particulièrement difficile. Le mouvement généralisé de hausse naturelle des taux courts et longs, en réponse au réveil de l’inflation, a déclenché dans le monde obligataire des performances désastreuses. L’immobilier souffre également de la hausse brutale du prix de nombreux matériaux et d’un accroissement significatif du coût du crédit.
Ainsi, parmi les trois grands marchés qui accueillent l’investissement financier, deux sont aujourd’hui dépourvus d’attrait, l’immobilier et les taux. C’est sans doute ce qui explique la tenue et le comportement actuels des marchés d’actions, particulièrement résistants aux mauvaises nouvelles, particulièrement optimistes dans leurs anticipations et toujours enclins à s’emballer à l’achat dès lors que surgit la moindre rumeur encourageante. Les actions semblent attirer toutes les liquidités en quête d’une espérance de gain.
Dans le contexte actuel, il peut paraître fondé d’envisager une possible dégradation des résultats futurs des entreprises et une réduction de la valorisation des actions de qualité. L’œuvre conjointe de ces deux réajustements peut susciter une certaine réserve ! Ironiquement, le niveau très élevé de l’inflation actuelle vient favoriser tous les débiteurs qui ont emprunté à taux fixe.
Les taux d’intérêt réels (taux moins l’inflation) n’auront jamais été aussi négatifs ! Une caractéristique qui, associée à des anticipations d’inflation qui se réveillent, devrait favoriser l’appréciation de l’or. Le métal jaune, dont le parcours s’est avéré modéré depuis 18 mois, pourrait prochainement changer d’allure.
Jacques de Panisse Passis , Avril 2022
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