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L’effet dénominateur va probablement réduire le rythme des engagements en private equity

Pour les LP (Limited Partners ou associés commanditaires), l’environnement macroéconomique et l’inflation sont les deux principaux risques susceptibles de peser sur les performances du private equity

  • Face à la volatilité actuelle, les investisseurs jugent le private equity et le crédit privé plus attractifs que les marchés publics
  • Les marchés du non-coté en Europe centrale et orientale, au Royaume-Uni et en Italie sont désormais moins intéressants pour les investisseurs qu’il y a quatre ans
  • Les investisseurs sont plus nombreux qu’il y a quatre ans à investir dans des actifs énergétiques non-cotés, qu’il s’agisse d’énergies renouvelables ou d’hydrocarbures
  • Le reporting ESG est considéré comme un enjeu majeur par trois quarts des investisseurs

Selon le dernier Baromètre Global Private Equity de Coller Capital, le rythme des engagements de nombreux investisseurs (LP) va diminuer en raison de l’« effet dénominateur ». Cet effet est déjà ressenti par un nombre croissant de grands investisseurs et fonds de pension publics, deux tiers d’entre eux l’ayant mentionné comme facteur de ralentissement du rythme de leurs engagements. La pénurie de liquidités entraîne elle aussi une modération des engagements pour plus d’un quart des investisseurs.

L’« effet dénominateur » pèse également sur les objectifs d’allocation des investisseurs aux actifs alternatifs. En effet, le nombre d’entre eux prévoyant d’augmenter leurs allocations au private equity a diminué au cours des six derniers mois, malgré la stabilité des intentions d’allocation au crédit privé.

La majorité des investisseurs estiment que leurs portefeuilles de private equity sont bien positionnés pour composer avec les conditions de marché actuelles, mais deux tiers de ceux qui ajustent leurs portefeuilles le font aux stades de l’investissement et de l’exposition sectorielle. Globalement, la moitié des investisseurs interviennent sur le marché secondaire pour modifier leurs portefeuilles.

Francois Aguerre, Partner et Co-Head of Investment chez Coller Capital a déclaré, « Les LPs ont manifesté un peu moins d’appétit pour le private equity, sous la contrainte de l’effet dénominateur mais aussi en Europe compte tenu de la situation macro. Le Royaume-Uni arrive en queue de peloton, dans ce contexte ».

L’environnement macroéconomique et le niveau élevé de l’inflation figurent au premier rang des inquiétudes des investisseurs lorsqu’ils anticipent les risques susceptibles de peser sur la rentabilité de leurs investissements en private equity au cours des deux à trois prochaines années ; la quasi-totalité d’entre eux voient ces facteurs comme « significatifs ». En revanche, les investisseurs s’inquiètent moins du niveau élevé des prix des actifs, dans le sillage de la baisse des valorisations par rapport au Baromètre de l’hiver 2019-20. Malgré ces préoccupations, les investisseurs sont optimistes quant aux perspectives de rentabilité du private equity, un tiers d’entre eux prévoyant des performances annuelles nettes de plus de 16 % pour leurs portefeuilles, niveau le plus élevé depuis le Baromètre de l’hiver 2011-12.

Lorsqu’ils évaluent les marchés dans leur ensemble, un tiers des LP sont plus optimistes à l’égard des marchés privés que des marchés publics, estimant que la volatilité actuelle a rendu le private equity et le crédit privé plus intéressants que les segments des marchés publics. Un cinquième des investisseurs envisagent d’accroître leurs allocations dans les fonds dédiés au crédit privé l’année prochaine, et deux cinquièmes jugent attractifs les prêts directs seniors et les « situations spéciales ».

Perspectives des marchés régionaux du private equity

Les investisseurs ont des opinions très variables vis-à-vis des marchés européens du private equity, les marchés d’Europe centrale et de l’Est étant perçus de manière plus défavorable par la majorité d’entre eux par rapport à il y a trois ans. Deux cinquièmes des investisseurs ont une opinion négative concernant les perspectives du marché britannique du private equity. En Europe, seule la Scandinavie est désormais plus attractive aux yeux des investisseurs.

Aux États-Unis, un peu plus de la moitié des investisseurs anticipent un durcissement de la réglementation des marchés privés et un quart estime que la moindre réforme aura un impact négatif sur les performances sur les marchés américains du private equity. Très peu de LP estiment que la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) de l’administration Biden constituera une opportunité dans le cadre de leurs nouveaux engagements dans le non-coté.

En Asie, les investisseurs ont une approche différente pour se positionner sur le marché du private equity. Si les investisseurs de toutes les régions voient d’un bon œil les avantages des fonds à vocation régionale, les investisseurs d’Asie-Pacifique saluent également le potentiel des fonds exposés à l’échelle nationale.

Des investissements en private equity dédiés à des secteurs spécifiques

Les investissements en private equity dans des actifs énergétiques suscitent un intérêt croissant auprès des investisseurs. Par rapport à il y a quatre ans, un nombre accru d’investisseurs se positionnent sur les énergies renouvelables mais aussi dans des projets d’hydrocarbures dans l’univers du non-coté. Les investisseurs en private equity sont par ailleurs moins nombreux à réduire leurs investissements dans les actifs liés aux hydrocarbures.

Compte tenu de leur volatilité, les marchés technologiques ne suscitent plus le même intérêt de la part des investisseurs. 45 % d’entre eux estiment que la volatilité actuelle des marchés a réduit l’attractivité des investissements en capital-risque dans le secteur technologique à moyen terme, et 28 % des investisseurs ont le même avis à l’égard des investissements en private equity dans le secteur technologique.

Le reporting ESG des gestionnaires (General Partners - GP) et son impact sur les décisions d’investissement des investisseurs

Les obligations d’informations se sont durcies avec l’entrée en vigueur du règlement SFDR (sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers) en Europe et le projet de reporting ESG de la SEC aux États-Unis. Le non-respect potentiel de ces normes est pris au sérieux par les investisseurs, dont les trois quarts déclarent qu’ils arrêteront d’investir dans le fonds d’un gestionnaire si celui-ci ne se conforme pas aux nouveaux standards lors des trois prochaines années. La majorité des investisseurs estiment que leurs institutions disposent des moyens nécessaires pour évaluer les systèmes d’analyse ESG des gestionnaires.

Investir dans plusieurs fonds proposés par un gestionnaire

Pour plus de la moitié des investisseurs, investir dans plusieurs produits d’un même gestionnaire permet d’avoir plus d’influence. Autres avantages cités par les investisseurs, l’accès plus aisé à d’autres opportunités d’investissement, une réduction des frais et des due diligence moins approfondies pour investir dans d’autres produits. Un tiers des investisseurs passent actuellement par des comptes dédiés (separately managed accounts : SMA) pour avoir accès à plusieurs produits d’un même gestionnaire. Cette proportion est relativement inchangée depuis le Baromètre de l’hiver 2015-16, ce qui tend à montrer que le recours aux SMA a atteint un plateau. En termes de performance, un cinquième des investisseurs ayant fait le choix d’un compte dédié déclarent qu’ils surperforment leur portefeuille global de private equity.

Autre manière d’investir dans la plateforme d’un gestionnaire, se positionner sur un fonds prenant des participations dans la société d’un gestionnaire. Cette solution est encore largement inexploitée, mais un quart des investisseurs déclarent avoir été au-delà de leurs prévisions.

Next Finance , Décembre 2022

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