![]() |
https://www.next-finance.net/fr |
Opinion
|
Difficile encore, en cette fin de mois de janvier, de déterminer le climat des marchés, encore en balance entre une situation sanitaire et économique médiocre et la certitude des investisseurs que banques centrales et gouvernements continueront d’appliquer leur politique ultra accommodante propre à gonfler la valorisation de tous les actifs…
C’est donc de la volatilité pure qu’on observe depuis quelques jours sur les actifs risqués, au gré des humeurs, avec des flux et des mouvements de portefeuilles qu’on ressent finalement assez modestes du côté des investisseurs « real money », patients face aux « day traders » avides de mouvements et de nouvelles prises de positions.
Une semaine finalement assez calme donc, sur les marchés de crédit avec un marché primaire toujours actif mais pas pléthorique, à la demande forte et aux primes serrées, et un début de saison de résultats dans l’exacte continuité de l’année passée, avec toujours cette dichotomie forte entre entreprises qui se sont adaptées au contexte et les autres, qui continuent de creuser… Et de temps à autres, on retrouve quelque ancien nom, profitant du désordre du champ de bataille pour profiter encore un peu de la situation et nous nommerons ici Rallye qui vient encore de tenter cette semaine de réduire son endettement à bon compte en proposant une offre de rachat sur ses obligations (sujettes à restructuration depuis 2019 par un prolongement de maturité de 10 ans…) entre 12.5 et 20% du nominal, soit une perte de 80 à 87% pour les investisseurs ! Et un gain équivalent pour Monsieur Naouri qui ne se lassera donc pas de soutirer à ceux qui lui avaient, à tort, fait confiance, le maximum de ce qui est possible. Notons enfin que, cocassement, Rallye financera cette offre par de la dette bancaire et une obligation remboursable en 2025, et donc de facto senior par rapport à ces anciennes dettes en défaut de Rallye, dont la maturité avait été repoussée autour de 2030, il y a à peine plus d’un an ! L’éternel recommencement…
Et nous ne pourrons parler de cette semaine sans évoquer l’affaire Gamestop, qui, bien qu’elle ait déjà été largement commentée dans la presse spécialisée, nous évoque quelques remarques complémentaires sur les marchés financiers actuels, au-delà du simple phénomène sur cette action spécifique.
Rappelons rapidement les faits :
Gamestop est un distributeur spécialisé de jeux vidéo comptant environ 7000 boutiques dans le monde, dont Micromania en France. Face à la distribution en ligne et aux nouveaux canaux de jeux vidéo, l’entreprise survivait depuis plusieurs années, ne parvenant à dégager aucun bénéfice, fermant sans cesse des boutiques et ayant vu sa capitalisation fondre de 95% sur les cinq ou six dernières années, sans que les fameux vendeurs à découvert n’interviennent alors spécialement.
Mais depuis quelques mois, attirés par une très faible capitalisation, quelques perspectives de transformation de l’entreprise et l’entrée d’un investisseur à succès, Ryan Cohen, pour 9% du capital, quelques communautés de petits investisseurs s’étaient positionnés sur le titre, créant un léger engouement et faisant remonter le cours boursier de quelques dollars, l’effet rareté jouant à plein sur de tels titres peu liquides.
Voyant que la valorisation grimpait sans que les perspectives ne s’améliorent vraiment, quelques vendeurs à découvert, en particulier Melvin Capital ou Citron Research, sont alors intervenus, en particulier courant 2020. Et tout s’est accéléré lorsque, il y a quelques jours, une communauté de « gamers », sans doute aussi investisseurs dans lesdites actions, a organisé sur le forum WallstreetBets du gigantesque site de discussion en ligne Reddit, une lutte contre ces fonds spéculatifs, appelant à les faire capituler et sortir de leur pari baissier en faisant monter coûte que coûte l’action du distributeur.
Notons ici que le forum en question compte plus de deux millions de membres, ce qui, à l’échelle d’une entreprise capitalisant autour de 100M€ il y a quelques jours, est colossal et propre à créer tous les mouvements possibles.
Encouragés sur le forum par l’icône Elon Musk qui avait lui-même eu affaire aux vendeurs à découvert il y a quelques années (dont Citron Capital, encore présent ici), oubliant toute argumentation financière pour préférer des symboles comme « 420 dollars » car c’était le cours de Tesla à l’époque où Elon Musk avait tweeté qu’il pouvait sortir l’entreprise de la cote à ce prix, les millions de traders particuliers ont fait bondir le cours de Gamestop de 20 dollars à 350 dollars, essentiellement par des produits dérivés, obligeant les ‘short sellers’ à se racheter de toute urgence et à se faire recapitaliser sous peine de faillite.
L’histoire est donc à peu près celle-ci et nous vous conseillons de lire les articles de presse pour plus de détails, pour nous concentrer, pour notre part, sur quelques courtes remarques :
S’il est donc impossible de s’exonérer de la volatilité des marchés financiers, il reste tout de même possible d’en éviter les exagérations et nous continuerons donc à garder une ligne directrice en tête, celle de l’économie des entreprises, celle de rendements positifs assis sur des actifs tangibles et des activités pérennes ; de garder aussi en tête la notion de rendement absolu face à un risque absolu, qui perd parfois de son lustre face à la finance relative qui calcule en permanence les primes entre les actifs, considérant que -0.20% de rendement est mieux que -0.30% et en accordant trop peu d’importance à la rentabilité totale finale, seule juge de paix en cas de crise majeure touchant l’ensemble des actifs.
Matthieu Bailly , Janvier 2021
En 2016, Eurex a lancé les contrats à terme « Total Return Futures (TRF) » en réponse à la demande croissante de produits dérivés listés en alternative aux Total return swaps. Depuis, ces TRF sont devenus des instruments utilisés par une grande variété d’acteurs à des fins (...)
![]() | Fil d'actualité |
![]() | Emplois & Stages |
![]() | Formations |