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L’accord de Turnberry ou l’allégorie de la fenêtre d’Overton

Après de nombreux rebondissements dans le feuilleton des droits de douane, l’acte IV s’est déroulé ce weekend dans le complexe de golf « Trump Turnberry ». C’est donc en terrain déjà conquis que Donald Trump a reçu Ursula von der Leyen afin de négocier un accord en vue de rééquilibrer l’excédent commercial de l’Europe envers les Etats-Unis...

Après de nombreux rebondissements dans le feuilleton des droits de douane, l’acte IV s’est déroulé ce weekend dans le complexe de golf « Trump Turnberry ». C’est donc en terrain déjà conquis que Donald Trump a reçu Ursula von der Leyen afin de négocier un accord en vue de rééquilibrer l’excédent commercial de l’Europe envers les Etats-Unis, selon les propres mots de la Présidente de la Commission européenne.

Par rééquilibrage, Mme. Von der Leyen entend combler, au moins en partie, l’excédent de 235 milliards de dollars en faveur de l’Union européenne dans le commerce des biens. Et les mesures annoncées ont de quoi laisser un goût amer : 15% de droits de douane sur l’ensemble des biens importés d’Europe (excepté sur certains biens tels que les spiritueux et l’aéronautique) contre 0% pour les biens importés en Europe depuis les Etats-Unis, achat de GNL pour 750 milliards de dollars sur 3 ans, investissement de 600 milliards de dollar aux Etats-Unis, achat d’importantes quantités d’équipements militaires. L’Union européenne semble dès lors abandonner une partie de sa souveraineté et accroître sa dépendance aux Etats-Unis.

Mais Donald Trump n’est pas seulement en passe de gagner sa guerre commerciale, ce que beaucoup d’observateurs pensaient difficilement réalisable il y a quelques mois, il est également en train de gagner la bataille de la rhétorique. Puisqu’au-delà des concessions réalisées par l’Union européenne, Ursula von der Leyen a elle-même concédé une contre-vérité concernant le montant du déséquilibre commercial, faisant fi de l’importation des Services (qui réduisent le déficit américain à 66 milliards de dollars) ou encore du mécanisme d’optimisation de certaines multinationales américaines qui installent leurs sièges sociaux en Irlande, faisant gonfler artificiellement le déficit commercial.

Par cet accord, Donald Trump illustre parfaitement sa maîtrise du concept de la fenêtre d’Overton, qui désigne l’éventail des sujets et des arguments politiquement acceptables pour la population générale à un moment donné. En faisant fluctuer les droits de douane de 4.5 à 20%, puis 10%, jusqu’à 30% et enfin 15%, il a fini par faire accepter aux « partenaires » commerciaux, et surtout aux marchés financiers, qu’un taux de 15% qui était jugé comme inacceptable le 2 avril est désormais quelque chose de nécessaire afin de rééquilibrer le grand échiquier du commerce mondial. En poussant davantage l’analyse, c’est en divisant son adversaire que Donald Trump a pu gagner son bras de fer. En effet, si des pays comme l’Allemagne et l’Italie (qui sont les principaux contributeurs à l’excédent commercial) étaient favorables aux concessions, la France s’était exprimée pour l’application de droits de douane réciproques. Nul doute que les échanges entre les ambassadeurs de l’Union européenne pour ratifier l’accord final seront houleux. Les investisseurs ne seront pas en reste puisque la semaine qui s’ouvre s’annonce comme une des plus riches en matière de publications d’entreprises avec les résultats de Visa, L’Oreal, Microsoft, Meta, Apple, Amazon ou encore Hermès, alors que Jerome Powell viendra ponctuer le tout lors de la réunion du FOMC ce mercredi.

Valentin URRUTIAGUER , 28 juillet

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