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L’Europe enfin ?

En l’espace de quelques semaines le consensus sur l’économie mondiale a brusquement changé. D’un scénario de ralentissement, voire de récession dans certains pays comme les Etats-Unis, nous sommes passés au pronostic d’une accélération progressive de la croissance des principales zones géographiques.

Ce changement de vision nous conforte dans notre sentiment positif que nous exprimons, souvent seuls, depuis plusieurs mois. L’élection de Mr Trump, qui effrayait toutes les salles de marché et que personne n’osait envisager, est aujourd’hui considérée comme une bonne nouvelle pour l’économie américaine. « Qui change d’opinion une fois mille fois peut changer » disait le poète Philippe Quinault. Ce basculement vers une vue optimiste de l’élection du nouveau président est à ce titre un cas d’école !

Les Etats-Unis vont bénéficier dans les prochains mois d’une accélération forte des dépenses d’infrastructures et d’une baisse générale des impôts, notamment ceux des sociétés.

La relance envisagée par Mr Trump doit toutefois être mise en perspective avec une économie déjà proche du haut de cycle, comme le confirme le dernier chiffre de PIB pour le troisième trimestre (+3,2%). Son impact serait de ce fait plus marginal et devrait inciter la nouvelle administration à modérer ses ardeurs. Par ailleurs, les secteurs tournés vers l’exportation vont pâtir de la hausse du dollar contre l’ensemble des devises. L’évolution prochaine des taux doit également nous inciter à la vigilance. La hausse des taux courts de décembre est désormais actée par les marchés. En revanche une remontée trop rapide des taux longs et une accentuation de la courbe pourrait effrayer les investisseurs.

En Europe les statistiques économiques s’améliorent également. Le taux de chômage diminue mois après mois, les ventes au détail sont très dynamiques et les indicateurs de confiance montrent des signes positifs. Même l’investissement, point faible depuis des années, semble se redresser légèrement. Ces données n’ont pas servi de catalyseur car l’année 2016 restera marquée par un contexte politique compliqué avec comme point d’orgue le Brexit en juin. Le dernier écueil de cette séquence est le referendum italien du 4 décembre. Comme souvent, ce genre de consultation se transforme en plébiscite pour ou contre le gouvernement en place. Si le non l’emporte, comme les derniers sondages le laissent supposer, la réaction des marchés sera négative dans un premier temps. Nous savons déjà que la BCE est prête à acheter davantage de dette italienne, ce qui serait à même d’éteindre rapidement l’incendie. Si le oui est majoritaire, il est probable que le soulagement des marchés se traduise par une forte hausse des indices européens dans les prochaines semaines.

Le scepticisme sur l’Europe, alimenté par un contexte politique incertain, pourrait rapidement se transformer en un sentiment plus favorable. La défiance actuelle occulte l’amélioration progressive de la toile de fond économique. Cela devrait permettre à notre continent de redevenir une zone d’investissement privilégiée.

Nous avons récemment légèrement renforcé le risque dans nos portefeuilles. Nous sommes prêts à accélérer ce mouvement si le « put » politique européen venait à s’estomper. Le potentiel nous semble à la mesure du retard accumulé depuis plusieurs années par rapport au marché américain. Il est temps de se réintéresser à l’Europe.

Emmanuel Auboyneau , Xavier d’Ornellas , Décembre 2016

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