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Opinion
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L’inflation a fortement accéléré en avril aux Etats- Unis, essentiellement en raison d’effets de base et de régularisations de prix dues à la réouverture, qui ne devraient pas perdurer dans le temps. C’est le narratif sur lequel la Fed dit se baser pour son approche très patiente en termes de normalisation de la politique monétaire...
L’inflation a fortement accéléré en avril aux Etats- Unis, essentiellement en raison d’effets de base et de régularisations de prix dues à la réouverture, qui ne devraient pas perdurer dans le temps. C’est le narratif sur lequel la Fed dit se baser pour son approche très patiente en termes de normalisation de la politique monétaire. Toutefois, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et les pénuries sur le marché du travail, si elles venaient à durer, pourraient changer la donne.
Les économistes et commentateurs ont été très surpris par les chiffres de prix à la consommation (CPI) du mois d’avril : L’inflation totale a progressé de 4,2 % sur les 12 derniers mois (plus haut niveau depuis septembre 2008) et l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) de 3 % (plus haut niveau depuis décembre 1995).
L’accélération de l’inflation dans les derniers chiffres provient globalement de trois facteurs :
SELON TOUTE VRAISEMBLANCE, LES CHIFFRES D’INFLATION DE MAI (PUBLIÉS EN JUIN) SERONT UN PEU PLUS FORTS ET LE CORE CPI A ENCORE UNE MARGE DE PROGRESSION SUR LES MOIS À VENIR.
Pour le moment, les membres du FOMC considèrent que la hausse de l’inflation « reflète en large part des facteurs transitoires » et donc que cela justifie une approche très patiente en termes de retrait des politiques monétaires accommodantes : en clair, cela ne justifie pas de précipiter le ralentissement des achats de titres (le fameux « tapering »).
C’est cela qui constitue notre scénario central, avec une possible annonce dudit « tapering » lors de la conférence de Jackson Hole (26 au 28 août).
Le fond de la philosophie de la Fed, exprimé par Jerome Powell lors de la conférence de Jackson Hole 2020, est qu’après plusieurs décennies de déception sur l’inflation, celle-ci reste sceptique sur la matérialisation de taux d’inflation qui seraient supérieurs à 2 % de façon persistante.
Toutefois, certains développements récents incitent à ne pas exclure un scénario alternatif où l’inflation augmenterait plus que prévu, ce qui tirerait à la hausse les anticipations d’inflation et inciterait la Fed à durcir sa politique de façon bien plus rapide que prévu. Parmi les facteurs pouvant rendre l’inflation plus persistante, on trouve :
SI L’INFLATION VENAIT À ACCÉLÉRER PLUS QUE PRÉVU, LA VARIABLE À SURVEILLER SERA LES ANTICIPATIONS D’INFLATION,
Qu’il s’agisse des mesures de marché ou des mesures provenant d’enquêtes auprès des ménages ou des entreprises. La stabilité des anticipations d’inflation de long terme est en quelque sorte l’indicateur de la réussite de la stratégie d’Average Inflation Targeting (AIT) dévoilée par la Fed à l’été 2020. Lors de l’annonce de cet ajustement de stratégie2, Jerome Powell avait indiqué : « si des pressions inflationnistes venaient à se matérialiser ou si les anticipations d’inflation venaient à s’installer au-dessus des niveaux cohérents avec notre objectif, nous n’hésiterions pas à agir ». Cela signifie qu’un emballement des anticipations pousserait la Fed à durcir sa politique monétaire de façon précipitée, à arrêter rapidement ses achats d’actifs et à communiquer sur des hausses de taux directeurs à venir. Pour le moment, les enquêtes auprès des ménages révèlent que les anticipations d’inflation de moyen/long terme (Université du Michigan, Fed de New York) ont nettement rebondi sur les derniers mois mais qu’ils ne dépassent pas les niveaux de la dernière décennie.
Même si la hausse récente de l’inflation s’explique en bonne part par des phénomènes transitoires (effets de base, régularisations de prix liées à la réouverture), plusieurs développements (essence, persistance de perturbations d’approvisionnement pour les voitures, loyers, hausse de salaires dans certains secteurs) font qu’on ne peut exclure une hausse plus persistante de l’inflation. Cela pousserait la Fed à sortir de façon plus abrupte que prévu de ses politiques accommodantes.
UNE POLITIQUE D’ACHATS DE TITRES QUI NE PARAÎT PLUS ADAPTÉE À LA SITUATION
La Fed a répondu très énergiquement et très rapidement dès le début de la crise Covid, d’abord en achetant de très grandes quantités de titres du Trésor pour remédier à l’assèchement de la liquidité sur ce marché, puis en mettant en place des véhicules d’investissement (facilities) qui ont permis de stabiliser d’autres segments de marché (obligations corporate, commercial papers, etc). A partir de la mi-juin 2020, la Fed est revenue vers un rythme régulier d’achats de titres, de 120 Mds $ par mois (80 Mds $ de titres du Trésor et 40 Mds $ de MBS). Cela fait donc maintenant quasiment un an que la Fed achète de façon régulière des actifs, ce qui correspond à la durée pendant laquelle la Fed avait effectué son opération de QE3 à plein régime.
Concrètement, la Fed continue actuellement de créer de la monnaie banque centrale à plein régime à un moment où il devient de plus en plus manifeste que celle-ci est trop abondante : la pression baissière sur les taux courts est de plus en plus forte et les opérations de « reverse repo » (la Fed emprunte au jour le jour en déposant des titres du Trésor en collatéral) ont très fortement augmenté sur avril/mai. En clair, la Fed dépose en collatéral les titres du Trésor qu’elle vient d’acheter. Ainsi, la Fed inaugure un rôle « d’emprunteur en dernier ressort », pour capter l’excès de liquidité et éviter que les taux courts ne dérivent trop en deçà de la fourchette des fed funds. De plus, plusieurs grandes banques américaines encouragent désormais leurs clients corporate à retirer leurs dépôts chez elles et à se diriger vers des fonds monétaires pour des raisons réglementaires. Ainsi, la politique actuelle de QE pourrait avoir des conséquences négatives sur l’octroi de crédit bancaire.
Par ailleurs, de plus en plus de voix s’élèvent pour évoquer le fait que les achats de MBS seraient à l’origine au moins en partie de la montée extrêmement rapide des prix immobiliers, qui rendrait inaccessible pour beaucoup l’accès à la propriété. La Fed achète aujourd’hui environ la moitié des MBS arrivant sur le marché. Le président de la Fed de Dallas Robert Kaplan estime que les achats de MBS pourraient avoir des effets néfastes. Il n’est probablement pas le seul membre du FOMC à être embarrassé par ce type d’achats. Lorsqu’on lui a posé la question de savoir pourquoi la Fed achetait encore 40 Mds $ de MBS par mois alors que les prix immobiliers explosaient, le membre du Board Randal Quarles a paru embêté et a eu du mal à justifier…
Bastien Drut , Juin 2021
En 2016, Eurex a lancé les contrats à terme « Total Return Futures (TRF) » en réponse à la demande croissante de produits dérivés listés en alternative aux Total return swaps. Depuis, ces TRF sont devenus des instruments utilisés par une grande variété d’acteurs à des fins (...)
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