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Energies alternatives : proches d’un plancher ?

Suite aux turbulences économiques et aux mesures d’austérité strictes, les subventions aux énergies renouvelables sont remises en question. Le solaire et l’éolien en dépendent de moins en moins, car leurs prix baissent rapidement.

Nombre de gouvernements européens ont récemment été confrontés à des problèmes de dette sans précédent et à de faibles prévisions de croissance. En raison de la nécessité croissante d’appliquer des mesures d’austérité strictes, les responsables politiques sont prêts à réévaluer les différentes dépenses, y compris les programmes de subvention. Si les énergies alternatives sont censées apporter de nombreux avantages à long terme, une question se pose en cette période mouvementée : le coût des subventions accordées à ces technologies est-il encore abordable ?

Les subventions pour les énergies renouvelables sont relativement faibles

Avant de tirer des conclusions, commençons par étudier dans le détail les montants alloués. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les subventions accordées aux énergies renouvelables dans le monde se sont montées à 66 milliards de dollars US en 2010. Une somme modeste comparée aux 409 milliards de dollars US octroyés aux combustibles fossiles. Par rapport au PIB total de la zone euro, les subventions mentionnées représentent une proportion de moins de 0,4%. Etant donné ces chiffres, il est probable que des mesures de réduction des coûts soient plus efficaces en termes absolus dans d’autres secteurs.

Les prix du solaire et de l’éolien reculent rapidement...

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Baisse du prix au comptant du polysilicium (USD/kg)

De plus, les prix des technologies servant à exploiter les sources d’énergie renouvelable reculent rapidement. L’exemple le plus frappant est celui des panneaux photovoltaïques, dont les prix ont chuté de 75% depuis 2008. Selon EnergyTrend et PVinsights, le prix au comptant des cellules solaires en silicium cristallin est désormais de l’ordre de 1 dollar US/W. Cette baisse est due à un déséquilibre important entre la demande, qui reste faible, et les capacités de production mondiales, qui sont en hausse. Actuellement, les fabricants de panneaux se livrent une concurrence acharnée, notamment avec les entreprises chinoises qui bénéficient de structures de coûts plus favorables et de nombreuses opportunités de financement. L’Italie, le Royaume-Uni et, plus récemment, l’Allemagne ont réduit leurs subventions destinées à l’énergie solaire afin de refléter cette évolution des prix et d’éviter une rentabilité disproportionnée des investissements. L’énergie éolienne dépend nettement moins des subventions publiques dans la mesure où elle est d’un coût bien plus abordable. Aujourd’hui, l’industrie éolienne souffre principalement de difficultés de financement et doit faire face à des surcapacités entraînant une baisse rapide du prix des installations.

...tandis que les prix des combustibles fossiles augmentent

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Coût de l’électricité : la compétitivité des énergies renouvelables augmente

Les tarifs de l’électricité issue de combustibles fossiles, en revanche, sont en hausse. Depuis fin 2010, les centrales à charbon ont vu le prix des matériaux de combustion augmenter sensiblement en raison de contraintes à long terme au niveau de l’offre. En conséquence, le coût de l’électricité (levelized cost of electricity, LCOE) des nouvelles centrales électriques est désormais estimé à plus de 75 dollars US/MWh, selon New Energy Finance. Il en a résulté un accroissement des coûts de 36% sur les deux dernières années, contre un recul de près de 30% pour le solaire. L’électricité issue de sources renouvelables est de plus en plus compétitive par rapport à celle provenant de combustibles fossiles. L’énergie éolienne rivalise déjà avec les nouvelles centrales à charbon et à gaz, sous certaines conditions telles que les ressources éoliennes et la performance des installations.

Le solaire et l’éolien moins dépendants des subventions

Si les technologies renouvelables deviennent moins tributaires des subventions, la plupart d’entre elles, notamment le solaire, en dépendront encore pendant quelques années. Lorsque l’énergie solaire aura atteint la « parité réseau », c’est-à-dire lorsque ses prix seront équivalents ou inférieurs à ceux de l’électricité conventionnelle hors subventions, le secteur devrait afficher une croissance forte et durable. D’ici là et pendant la période de transition, le marché des actions exposé aux énergies renouvelables présentera probablement un niveau élevé de volatilité. La nouvelle concernant les décisions en matière de subventions sur plusieurs marchés devrait influencer considérablement les performances des valeurs vertes.

Des perspectives favorables à long terme, mais une forte volatilité à court terme

La situation actuelle du marché a d’importantes implications pour les investisseurs. La période de transition offrira vraisemblablement des opportunités d’investissement intéressantes à condition de choisir les vainqueurs de la crise. Les entreprises technologiques protégées par des barrières technologiques plus élevées et bénéficiant d’un plus grand pouvoir d’imposer leur prix devraient surmonter les turbulences actuelles et remporter des parts de marché à long terme.

Pierre-Yves Bolinger , Janvier 2012

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