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Gestion de Patrimoine

En marche vers l’épargne productive ? Ne vous voilez pas la face !

La loi PACTE porterait-elle déjà ses fruits ? Une conclusion un peu hâtive arguée par certains. La Banque de France elle-même a montré un mouvement de l’épargne vers les placements utiles. L’heure reste à la fonte de la collecte du “Fonds euro” à capital garanti et à la montée en puissance des fameuses “unités de compte”...

La loi PACTE porterait-elle déjà ses fruits ? Une conclusion un peu hâtive arguée par certains. La Banque de France elle-même a montré un mouvement de l’épargne vers les placements utiles. L’heure reste à la fonte de la collecte du “Fonds euro” à capital garanti et à la montée en puissance des fameuses “unités de compte”. Je serai moins affirmatif quant aux raisons du réveil des français…

On veut faire parler les chiffres ; y coller de petites phrases ré-assurantes

Il y a surtout un tableau de l’épargne productive un peu flou, sur lequel on veut coller des chiffres et des petites phrases ré-assurantes dont le seul objectif est de valider les premiers pas du projet de loi. Mais il ne faut pas occulter les freins et se cacher derrière des signaux de fumés encore lointains.

Parmi ces signaux de fumés, trois me semblent avoir été bien vite interprétés : tout d’abord, la tendance n’est clairement pas encore assez marquée. On doit attendre que l’argent reparte massivement dans l’économie pour clamer de vrais changements en faveur de l’épargne réelle. Or, les investissements ne s’annoncent pas suffisamment élevés pour créer un vrai effet de levier.

La deuxième erreur d’interprétation vient du succès des “UC”, ces produits à capital non garanti : on a réduit le recours aux UC à un passage à l’épargne productive. Mais il ne faut pas se leurrer de ce raccourci simpliste. Rappelons que les choix d’épargne des Français sont également orientés par les petits arrangements entre professionnels : on peut y voir un effort du côté des assureurs mais les souscriptions massives des fonds UC traduisent surtout leur intérêt à privilégier des produits moins gourmands en capitaux sur leur bilan.

Ne pas crier trop vite victoire pour ne pas enrayer la machine

Infine, doit-on vraiment se réjouir des annonces sur la réorientation de l’épargne et des chiffres brandis ? On devrait plutôt agir pour que les 520 milliards d’euros qui dorment encore en cash sur le compte des Français soient utiles à l’économie du pays. A force de se donner des tapes dans le dos en se félicitant les uns les autres, on risque de crier trop vite victoire et d’enrayer la machine.

L’épargne est loin d’être sexy. Alors redorons son blason ! Agissons concrètement pour enfin répondre aux épargnants et les faire aller vers l’épargne productive. Proposons des produits plus adaptés à leurs attentes. Et organisons-nous pour leur donner un vrai interlocuteur, qui saura comprendre les consommateurs et les orienter vers des placements qui leur ressemblent et leur servent : produits affinitaires, produits régionaux, crowdlending, etc. Les Français ont prouvé à de nombreuses reprises que plus ils se sentaient proches des valeurs et des produits d’une entreprise, plus leur appétence au risque augmentait. Un dernier point et pas des moindres : la confiance envers le système. Si la survie de l’épargne ne tenait qu’à un mot, ce serait bien la confiance.

Arrêtons de nous envoyer des fleurs pour des demi-résultats et de lire les chiffres dans le sens qui nous arrange. Le temps est venu d’écouter les clients et de construire avec les Français les bases d’une finance qui n’avance pas à deux vitesses.

Guillaume-Olivier Doré , Septembre 2018

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