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Opinion
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Selon John Plassard de Mirabaud, même si l’élection d’Emmanuel Macron a déjà quelque peu été anticipée par les marchés financiers, nous pourrions assister à un apaisement de la tension sur la dette française, une réduction de l’écart entre le Bund et l’OAT et une remontée de la monnaie unique face au dollar...
Sans (réelle) surprise, Emmanuel Macron a remporté les élections présidentielles françaises pour la deuxième fois consécutive face à Marine Le Pen (premières estimations : 58,2% contre 41,8%). Si le score est assez large, l’écart entre les 2 prétendants est cependant plus réduit qu’il y a 5 ans (64.1% - 33.9%).
Tout comme au premier tour on peut aisément penser que les électeurs d’Emmanuel Macron ont principalement été des retraités, des cadres et des habitants des grandes villes. Les cadres bénéficiant de la mondialisation, et les personnes âgées (elles ne sont pas la majorité, mais elles votent) et les retraités n’aimant pas ce qui ressemble à une révolution ; ils ont eu « peur » des changements radicaux proposés par des candidats comme Zemmour ou Le Pen.
a. Une aisance déconcertante
Contrairement à toutes les dernières campagnes présidentielles (même lorsque Jacques Chirac était assuré de sa victoire face à Jean-Marie Le Pen en 2002) Emmanuel Macron a semblé observer le déroulement de cette élection de loin avec une aisance remarquable voire une arrogance considérée comme rarement vue.
Il a même été photographié mal rasé dans son bureau, portant un jean et un sweat à capuche de type militaire ce qui est du jamais vu durant la 5ème république.
Dans cet esprit, Emmanuel Macron a décidé d’annoncer sa candidature dans un quasi silence total en publiant une lettre dans certains journaux locaux avec une humilité inhabituelle en sollicitant à nouveau la confiance des Français contrairement à ses 11 rivaux qui avaient déjà fait bien avant cet exercice public.
Par ailleurs, Emmanuel Macron a choisi ces dernières semaines de jouer le rôle du président, et non celui du candidat, sans doute trop occupé à résoudre des crises majeures, comme la guerre en Ukraine, pour se concentrer sur la politique de la rue et notamment le pouvoir d’achat.
Cette campagne fantôme pourrait venir hanter le « nouveau » président comme le relevait le Monde il n’y a pas si longtemps de cela.
b. Le deuxième mandat sera (beaucoup) plus compliqué
La montée en flèche de Macron au pouvoir il y a cinq ans, à l’âge de 39 ans, a stupéfié l’Europe et a écrasé les partis républicains et socialistes français. Aujourd’hui, Emmanuel Macron, qui a 44 ans, aussi doué soit-il n’est plus un inconnu pour les Français et sa lune de miel avec eux pourrait bien ne durer que quelques jours. De nombreux observateurs affirment aussi que la pandémie de coronavirus aura « permis » à Emmanuel Macron de « gagner » près de 2 ans sans « rébellions ». Seulement voilà, il n’y a plus de confinement à l’horizon et la vie a (presque) repris son cours. Quels sont donc les chantiers à régler le plus rapidement possible :
c. Marine Le Pen n’a pas tout perdu
Il y 5 ans de cela, malgré une défaite en finale, Marine Le Pen avait eu près de 2 années de chemin de croix après notamment un débat de deuxième tour face à Emmanuel Macron considéré comme catastrophique. Cette année cela devrait être différent. Il y a plusieurs manières dont on peut voir (analyser) la défaite de Marine Le Pen.
d. Réactions de marché
Si l’élection d’Emmanuel Macron a déjà quelque peu été anticipée par les marchés financiers, nous pourrions cependant assister aux mouvements suivants :
Le stress politique pourrait cependant faire son retour lors des élections législatives des 12 et 19 juin afin d’élire les 577 députés de la XVIe législature de la Cinquième République.
e. Quels sont les prochains rendez-vous à surveiller ?
Si (contrairement aux États-Unis) la confirmation d’Emmanuel Macron par la cour constitutionnelle ne devrait être qu’une formalité le 27 avril, tous les yeux sont maintenant dirigés vers les élections législatives qui auront lieu les 12 et 19 juin prochain (1 semaine d’écart entre les 2 tours).
Comment se déroulent les élections législatives ?
Les députés sont élus au suffrage universel direct, au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Pour être élu dès le premier tour, il faut obtenir la majorité absolue, soit plus de la moitié des suffrages exprimés. Le nombre de suffrages doit en outre être au moins égal au quart des électeurs inscrits.
Pour qu’un candidat ait le droit de se présenter au second tour, il doit avoir obtenu au premier tour un nombre de voix au moins égal à 12,5% du nombre des électeurs inscrits dans la circonscription. Si un seul candidat remplit cette condition, le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages après lui peut se maintenir au second tour. Dans le cas où aucun candidat ne remplit cette condition, seuls les deux candidats arrivés en tête peuvent se maintenir au second tour.
Selon l’Insee, 48,7 millions d’électeurs sont inscrits sur les listes électorales.
Historiquement, le scrutin majoritaire est rarement favorable au parti d’extrême droite. En 2012, seuls deux députés frontistes sont entrés au Palais-Bourbon, alors que le FN avait recueilli 13,6% des suffrages au premier tour.
Rappelons ici que le scrutin majoritaire est un système électoral caractérisé par la victoire du ou des candidats qui obtiennent le plus de suffrages, et qui excluent ou limitent la représentation des candidats minoritaires.
Il a l’avantage de la simplicité, et permet généralement la constitution d’une majorité stable et capable de gouverner sans blocage. Sa limite est un moindre pluralisme, donc une moindre représentation de la diversité du corps électoral.
g. La folle rumeur
Mi-mars 2022, le journal le Canard Enchaîné pensait savoir qu’Emmanuel Macron songerait à dissoudre l’Assemblée nationale au lendemain du second tour, soit le 25 avril.
En effet, 63 jours séparent le premier tour de l’élection présidentielle prévue le 10 avril, et le premier tour des législatives, le 12 juin. Ce délai, le plus long depuis la réforme du quinquennat, fait craindre à la majorité de voir son électorat moins motivé quand il faudra revenir aux urnes deux mois après la présidentielle.
En droit, rien ne l’y empêche, il est même défini à l’article 12 de la Constitution qui prévoit que les élections « ont lieu vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution ».
Selon le spécialiste de droit constitutionnel et professeur de droit public à l’université de Lille Jean-Philippe Derosier, 3 scénarios seraient alors sur la table :
1. Une dissolution dès le lundi 25 avril, au lendemain du second tour, pour viser un premier tour des législatives, le 15 mai et un second tour, le 22 mai.
2. Une dissolution le 27 avril conduirait à décaler le premier tour des législatives au 22 mai et le second au 29, lors du pont de l’ascension.
3. Décaler encore d’une semaine la date des législatives pour que le premier tour se déroule le 29 mai et le second le 6 juin, soit deux week-ends de jours fériés, pour deux semaines seulement d’avance sur les dates prévues.
h. Synthèse
La victoire d’Emmanuel Macron n’est pas une surprise en soi. Cependant, ceux qui pensaient que son deuxième mandat serait une « partie de plaisir » devront se raviser. En effet, la lune de miel entre le peuple français et le « nouveau » président de la République devrait durer seulement quelques jours. Des soulèvements sociaux devraient bientôt venir perturber le paysage politique français…
John Plassard , Avril 2022
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