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Crise de la dette : le modèle européen est incomplet

En refusant de participer à la résolution du déséquilibre entre offre et demande, sous prétexte de ne pas encourager l’aléa moral, la BCE s’abstient de participer à une résolution plus rapide des problèmes de la zone euro, estime Etienne Pourny, Président de Stelphia AM…

Le sommet du 9 décembre marque un tournant dans le traitement de la crise de la dette souveraine de la zone euro, à travers notamment l’engagement en faveur d’une plus grande coordination des politiques fiscales et la recherche d’un modèle de gouvernance plus efficace. Une vraie sortie de crise ne pourra toutefois être envisagée aussi longtemps que la BCE restera sur l’influence du modèle orthodoxe allemand, qui interdit toute monétisation massive de la dette.

La Banque centrale européenne devrait faire évoluer se politique et se rapprocher du modèle anglo-saxon, plus pragmatique en matière de gestion de la crise. L’action de politique monétaire des Etats-Unis en particulier est caractérisée par le refus de laisser l’économie tomber en déflation.
Etienne Pourny

La Banque centrale européenne devrait faire évoluer se politique et se rapprocher du modèle anglo-saxon, plus pragmatique en matière de gestion de la crise. L’action de politique monétaire des Etats-Unis en particulier est caractérisée par le refus de laisser l’économie tomber en déflation.
A côté d’une action visant à réduire progressivement les déficits publics (proches de 9% du PIB) et ramener la dette publique à un niveau plus raisonnable du produit intérieur brut (95% aux Etats-Unis ; 82% au Royaume-Uni), les banques centrales anglo-saxonnes ont décidé une monétisation importante de la dette publique. Aux Etats-Unis, les achats de dette par la Fed ont atteint 2.700 milliards de dollars (dette fédérale et dette des agences). Au Royaume-Uni, ils ont été portés à 275 milliards de livre sterling.

Cette création monétaire est une réponse à la surabondance de dette publique. Ce type de politique a pour objectif d’entretenir une croissance nominale du PIB plus importante et d’assurer ainsi une érosion plus rapide du stock de dette.

Les pouvoirs publics veulent en fait éviter à tout prix toute action qui nuirait à la croissance de l’économie, dont le principal moteur reste encore à ce jour la consommation des ménages. Ces derniers, lourdement affectés par l’effondrement de la valeur de leur patrimoine (bourse et immobilier), reconstituent leur épargne et cherchent à rembourser leurs dettes. Ceci pèse sur la demande intérieure et n’incite pas les entreprises à investir, d’où une lente diminution du chômage.

La situation européenne est différente. Dans l’ensemble, l’Europe part d’une situation budgétaire moins dégradée (déficit à 6,5% du PIB ; ratio dette/PIB de 85%). Mais cette moyenne recouvre de grandes disparités entre pays. Dans l’ensemble européen, l’Allemagne se distingue par de meilleures performances économiques, mais également par un modèle de croissance centré sur les exportations (vers ses partenaires de l’Union européenne notamment).
L’Allemagne croit à tort que son modèle économique doit être répliqué par les autres pays de la zone euro. Forts de cette certitude, les dirigeants allemands estiment qu’il est inutile d’activer la création de monnaie pour réduire les déficits publics ou relancer la croissance économique.

L’Allemagne croit à tort que son modèle économique doit être répliqué par les autres pays de la zone euro. Forts de cette certitude, les dirigeants allemands estiment qu’il est inutile d’activer la création de monnaie pour réduire les déficits publics ou relancer la croissance économique.
Etienne Pourny

Le danger de cette approche est de produire une croissance nominale insuffisante pour contribuer à la réduction des déficits, et partant de la dette publique. En n’ayant à l’esprit que la « vertu » de la discipline budgétaire, les allemands ont une vision incomplète de la réalité.

Les marchés financiers sont aujourd’hui saturés de dette entre les tombées d’obligations gouvernementales, le désendettement du système bancaire. Cet afflux de papier risque de trouver difficilement preneur sur les marchés. En refusant de participer à la résolution de ce déséquilibre entre offre et demande, sous prétexte de ne pas encourager l’aléa moral, la BCE s’abstient de participer à une résolution plus rapide des problèmes de la zone euro.

Etienne Pourny , Décembre 2011

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