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Opinion
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Aucun mouvement n’est attendu ni de changement de communication de la part de Christine Lagarde ; la politique monétaire menée par la BCE restera accommodante malgré le ton plus hawkish de la Fed. L’analyse de Vincent Manuel, Directeur des investissements chez Indosuez Wealth Management
En ce qui concerne les perspectives macroéconomiques, la BCE ne fournira pas de mise à jour de ses prévisions avant mars, le message restera donc largement qualitatif.
Nous nous attendons à ce que les messages délivrés par Christine Lagarde soient en ligne avec sa récente déclaration du 21 janvier, lorsqu’elle a mentionné que l’inflation reviendrait vers son objectif, sur la base d’une stabilisation des prix de l’énergie, d’une résolution progressive des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et de pressions salariales plus faibles qu’aux États-Unis, grâce à un taux de participation plus faible. À cet égard, la BCE prévoit une croissance des salaires proche de 3 % (2,9 % en 2023-2024) sans risque de boucle prix/salaires.
Christine Lagarde pourrait reconnaître que l’inflation de la zone euro pourrait rester élevée au cours du premier semestre 2022 et atteindre un pic prochainement ; mais la vision à plus long terme devrait rester inchangée : la BCE devrait maintenir sa vue d’une inflation sous-jacente sous les 2% en 2023 (sa prévision d’inflation IPCH publiée en décembre est de 1,8% pour 2023 et 2024).
Par ailleurs, la BCE pourra également utiliser les derniers développements sur le front de la pandémie avec la diffusion du variant Omicron et le risque de ralentissement des niveaux d’activité au premier trimestre ainsi que les risques géopolitiques pour justifier sa position accommodante tout en soulignant certains risques pour le scénario central sur la croissance.
Les tensions géopolitiques pourraient également être signalées comme un risque pour le scénario de base de la BCE sur l’inflation et en particulier sur la baisse attendue des prix de l’énergie.
Il convient de garder à l’esprit la sensibilité de l’inflation de la zone euro aux prix du pétrole fournie par la BCE en décembre. Toutes choses égales par ailleurs, si le prix du pétrole se stabilise à 83 dollars, cela entraînerait une augmentation de 0,2 à 0,3pp de l’inflation IPCH en 2022-24, et de 0,5pp pour un prix du pétrole à 90 dollars. En effet, la hausse des prix de l’énergie (pétrole, gaz et électricité) est probablement le principal risque pour le scénario de la BCE.
Concernant les perspectives sur les programmes de rachats d’actifs menées par la BCE, nous attendons plus de détails sur le remplacement du PEPP par un APP, qui sera certainement remanié et redimensionné, avec probablement une extension de l’horizon de réinvestissement.
En ce qui concerne les taux d’intérêt, nous ne nous attendons à aucun commentaire particulier concernant la perspective d’une hausse des taux en 2022, malgré certaines attentes du marché qui s’accumulent et un environnement macroéconomique qui justifie probablement la sortie des taux négatifs. En effet, les marchés tablent sur une seule hausse de 25 pb du taux de dépôt de la BCE en décembre 22, vers -0,25 %, et une autre en 2023.
Le débat interne s’intensifie probablement au sein du Conseil de la BCE sur les perspectives des taux de la BCE, alors même que de nombreuses banques centrales mettent davantage l’accent sur l’inflation, étant donné que le soutien monétaire est désormais moins nécessaire et que la lutte contre l’inflation est devenue une urgence politique. Les mois à venir pourraient marquer la fin des conditions spéciales et ultra-avantageuses applicables dans le cadre des opérations de refinancement à long terme (TLTRO III) à partir de juin 2022 en relevant le taux de -1% à 0,5% (ce qui serait considéré comme une mesure restrictive). En revanche, nous ne voyons pas encore la BCE bouger sur ses principaux taux directeurs, simplement parce que la pression salariale observée aux États-Unis et au Royaume-Uni est moins pressante en Zone Euro. Par conséquent, Christine Lagarde écartera probablement la perspective d’une hausse des taux en 2022 mais ne repoussera pas cette perspective pour 2023. En bref, pas de précipitation pour la BCE : le temps devrait jouer en sa faveur. D’un point de vue macroéconomique, l’horizon de moyen terme est probablement plus certain que le chemin emprunté à court terme.
Vincent Manuel , Février 2022
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