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Actions : Nos raisons d’investir au Japon

Que ce soit de manière directe ou indirecte, les injections de liquidités de la Banque du Japon (50 milliards d’euros par mois) se retrouveront en partie investies en bourse, ce qui soutiendra mécaniquement les cours des valeurs mobilières...

A priori, l’argument est similaire à celui mis en avant dans la thèse d’investissement concernant les titres européens : les politiques monétaires non conventionnelles dont le but est de reflater l’économie auront des conséquences importantes sur les prix des actifs financiers. Alors que la BCE a annoncé des achats de titres à un rythme de 60 milliards d’euros par mois dès la venue du printemps, rappelons que la Banque du Japon a comme objectif d’accroître son bilan de 80’000 milliards de yen par année, ce qui correspond à environ 50 milliards d’euros par mois au taux de change actuel. Que ce soit de manière directe ou indirecte, ces injections de liquidités se retrouveront en partie investies en bourse, ce qui soutiendra mécaniquement les cours des valeurs mobilières.

Un grand nombre de sociétés japonaises ont rapporté des bénéfices record tout dernièrement.

Très concrètement, les effets des programmes d’assouplissement quantitatif transparaissent déjà dans les bénéfices des entreprises japonaises. Un grand nombre de sociétés ont en effet rapporté des bénéfices record tout dernièrement. Plusieurs constructeurs automobiles ont notamment profité de l’appréciation du dollar et d’une forte demande provenant des États-Unis.

Ces résultats sont conformes aux effets attendus de la dépréciation du yen. Depuis le lancement des mesures ultra-expansionnistes de la Banque du Japon, le yen s’est déprécié de plus de 30% contre le dollar. Le potentiel n’est pas épuisé au vu de la divergence des politiques monétaires de part et d’autre de l’océan Pacifique. Selon cet argument, il est évidemment nécessaire de couvrir le risque de change de tout placement en bourse au Japon.

Sur le plan des fondamentaux, la situation demeure précaire au pays du soleil levant. Le pays vient de sortir de la récession, mais la croissance économique reste fragile. Si les indices d’inflation sont aussi remontés, ils ont été dopés artificiellement par l’augmentation de la taxe sur la consommation entrée en vigueur le 1er avril dernier. En somme, la bataille est loin d’être gagnée pour le gouvernement japonais qui a mis un point d’honneur à sortir le pays d’un régime déflationniste ayant sévi pendant deux longues décennies. Dans cette perspective, la Banque du Japon pourrait augmenter son programme d’achats de titres pour ne pas faillir à sa mission de garantir, à l’avenir, un taux d’inflation de 2%.

Mais la thèse d’investissement ne se limite pas au simple argument monétaire. Les réformes structurelles sont en marche comme l’ont illustré récemment les changements décidés par M. Abe en ce qui concerne le secteur primaire de l’économie. Des développements non moins intéressants sont constatés en matière de gouvernance d’entreprise. En particulier, la politique de distribution des dividendes et des rachats d’actions devraient profiter aux actionnaires. L’augmentation des salaires en discussion actuellement constitue une autre tendance de fond qui favorisera la reprise de la demande intérieure.

Sur le plan des réformes, le Japon a ainsi pris l’avantage sur la zone euro. On connaît les difficultés rencontrées à ce sujet sur le Vieux Continent, le cas de l’économie grecque ayant encore rappelé cet état de fait. Faut-il pour autant arbitrer l’exposition aux actions au détriment des titres européens ? En vertu de l’argument monétaire, nous restons convaincus du potentiel offert par les actions européennes. Il nous semble dès lors plus avisé de réallouer une partie du capital investi dans les pays émergents au profit du Japon. Comparant ces derniers, nous constatons que le niveau de volatilité est très similaire, mais que le rendement a été bien différent. En 2014, les actions japonaises se sont appréciées de plus de 7% au prix d’une volatilité de l’ordre de 14%. À un niveau de volatilité équivalent, l’indice global des actions des pays émergents a reculé de près de 5% dans le même laps de temps. L’avantage du marché japonais devrait encore se répéter cette année.

L’équipe de recherche de Mirabaud , Mars 2015

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