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Le Brexit, et après ?

À l’international, des signes d’optimisme se font jour pour l’après-Brexit, mais le marché britannique devrait composer avec des coûts de délocalisation et une difficile rentabilité des investissements, révèle le tout dernier baromètre CFA Institute sur le Brexit.

CFA Institute, l’association internationale des professionnels de l’investissement, publie ce jour les conclusions de l’étude 2018 sur le Brexit menée auprès de ses membres, qui traduisent l’état d’esprit des professionnels à l’égard du Brexit et de ses répercussions sur le marché de la gestion des actifs. Intitulée CFA Institute Brexit Survey, cette étude affiche quelques signes d’optimisme pour l’après-Brexit ; néanmoins, des difficultés sont attendues en ce qui concerne la gestion des investissements au Royaume-Uni.

Cette dernière étude en date met en évidence la relative confiance exprimée par les professionnels de l’investissement quant à l’aboutissement des négociations du Brexit sur un accord commercial entre le Royaume-Uni et l’UE. À l’échelon international, près de la moitié (49 %) des professionnels de la gestion de portefeuille ayant participé à l’étude estiment que les négociations sur le Brexit donneront lieu, soit à un accord commercial global couvrant à la fois les biens et les services (25 %), soit à un accord portant uniquement sur les biens (24 %). Les professionnels interrogés extérieurs à l’UE se montrent, en règle générale, les plus optimistes, la Chine en tête, où ils sont 52 % à tabler sur la conclusion d’un accord commercial global. Au Royaume-Uni, si 17 % des répondants pensent que les négociations sur le Brexit se solderont par un accord commercial étendu, la plupart (23 %) misent sur un accord concernant les biens uniquement. En Suisse et en Allemagne, la plupart des professionnels interrogés voient dans un Brexit « dur » le dénouement le plus probable (à 35 % et 30 %, respectivement).

S’agissant de la compétitivité du marché britannique, le point de vue des professionnels de l’investissement au Royaume-Uni est légèrement plus optimiste ; ils sont un peu moins nombreux, cette année, à voir dans le Brexit une source d’effritement de leur compétitivité sur le marché intérieur (68 %, contre 70 % en 2017 et 74 % en juillet 2016). Cependant, 64 % des Britanniques interrogés s’attendent à ce que le Brexit mette à mal la capacité de leurs établissements à attirer les meilleurs talents, et 67 % estiment que ceux-ci réduiront leur présence au Royaume-Uni — proportion qui atteint 76 % parmi les professionnels interrogés dans l’UE (hors Royaume-Uni). Toujours selon l’étude, 80 % des participants croient que le Brexit aura des répercussions négatives sur les profits réalisés au Royaume-Uni. Cette proportion grimpe à 90 % parmi les ressortissants de l’UE (hors Royaume-Uni).

L’optimisme est de mise chez la plupart des professionnels britanniques (51 %) qui estiment probable que le Royaume-Uni maintienne son alignement réglementaire avec l’UE pour ce qui est des marchés financiers. Cependant, s’agissant des restrictions de délégation (comme l’externalisation de la gestion de portefeuille), rares sont ceux qui, au Royaume-Uni ou à l’international, jugent cette perspective favorable pour les investisseurs : les participants interrogés en Chine (52 %) et au Royaume-Uni (49 %) notamment pensent que les restrictions de délégation seraient préjudiciables en termes de résultats pour les investisseurs.

Au vu des résultats de l’étude, Francfort paraît être la grande gagnante du Brexit, suivie par les places financières de Paris, Dublin, Luxembourg et Amsterdam. Paris affiche la remontée la plus spectaculaire, passant de la quatrième place à la seconde à égalité ; et, en rejoignant les cinq premières du classement, Amsterdam dame le pion à New York, reléguée en sixième position.

Gary Baker, CFA, directeur général EMEA du CFA Institute, commente comme suit : « Ce qui est extraordinaire, dans cette étude, c’est la somme d’opinions recueillies auprès d’un vaste nombre de professionnels de l’investissement aux quatre coins du monde qui, pour nombre d’entre eux, font preuve de sang-froid par rapport au Brexit. Nous constatons certains signes d’optimisme, mais les opinions des membres du CFA Institute divergent d’un marché à l’autre, et énormément d’incertitudes subsistent quant à l’issue probable des négociations sur le Brexit. »

À l’échelon international, les participants, dans une proportion très élevée, jugent probable un durcissement de la position de l’UE — à 34 %, contre 13 % en 2017 — et ils sont nettement moins nombreux à tabler sur d’autres sorties de l’UE après le départ du Royaume-Uni (30 % contre 59 %). De même, plus rares sont ceux qui pensent que le Brexit provoquera l’éclatement du Royaume-Uni (41 %, contre 53 %). Cependant, l’incertitude grandit autour du Brexit et de sa concrétisation : 15 % des professionnels interrogés estiment aujourd’hui que le Brexit ne verra probablement pas le jour — ils n’étaient que 5 % à être de cet avis en 2017.

Will Goodhart, administrateur général de CFA Society UK, conclut comme suit : « Si la nervosité que pointait CFA Institute dans sa dernière étude sur le Brexit retombe, les données les plus récentes font état de réelles préoccupations pour la compétitivité du Royaume-Uni en tant que centre financier. À la lumière des incertitudes qui pèsent sur l’aboutissement des négociations du Brexit autour d’un accord commercial, les professionnels dans des établissements très présents au Royaume-Uni sont de plus en plus nombreux à penser que cette présence se réduira. Les participants à l’étude, qu’ils soient basés au Royaume-Uni, dans l’UE ou dans le reste du monde, ne doutent pas qu’un durcissement des conditions de délégation serait préjudiciable aux investisseurs. »

Next Finance , Mars 2018

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