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2ème semestre 2011 – 1er trimestre 2012 : qui a raison ?

L’espèce d’euphorie que les marchés ont connue au 1er trimestre a fait place depuis quelques semaines à plus de discernement. Il était loisible de parier que de fortes injections de liquidités, de la part des Banques Centrales, couplées à des actions historiquement bon marché et un pessimisme à son comble à l’automne dernier, allaient favoriser des comportements moins frileux…

Face à cette diminution de l’aversion au risque, les moins téméraires ne pouvaient pas prendre le risque de se voir reprocher de ne pas participer à un épisode festif, prétexte à oublier les scenarii les plus noirs auxquels la foule adhérait pourtant quelques mois auparavant. La psychologie comportementale, empreinte de mimétisme…surtout sur les marchés, a fait le reste.

Rien de tout cela n’est irrationnel. Pour autant, la fin du trimestre est une bonne occasion de revisiter la pertinence des comportements diamétralement opposés adoptés par les investisseurs depuis 9 mois. Oui, l’action des autorités monétaires justifie une perception moins négative du risque systémique, celui où les banques commerciales ne font pas circuler la liquidité dont elles ne sont pas nourries en quantité suffisante. Oui, l’économie américaine, et ses consommateurs optimistes invétérés, est plus rassurante que ce que notre tropisme européen nous avait fait oublier. Oui, les pays émergents ralentissent, mais à ce stade, le risque d’effondrement incontrôlé est peu probable.

Non, l’Europe ne sort pas de ses affres. Les 2 super Mario ont réussi le prodige de faire changer la perception du risque européen. Mais, rappelons une nouvelle fois qu’un pays insuffisamment compétitif doit, soit dévaluer, soit baisser le coût du travail, soit les 2
Xavier Gandrille, Président d’Amplegest

Or, la dévaluation individuelle est impossible en zone euro, la déflation trouvera ses limites dans la rue et la volonté de réduire les déficits par la hausse des impôts est une politique de gribouille. Les 2 exemples emblématiques de rétablissement réussi des comptes publics, la Suède et le Canada dans les années 90, décrivent la feuille de route à suivre : dévaluation, libéralisation du marché du travail, décloisonnement des métiers fermés, baisse des dépenses et hausse des impôts dans des proportions respectives de 80% et 20% et non pas l’inverse.

Aujourd’hui, chacun scrute les frémissements de l’activité en Euroland, les espoirs sont salués, mais les doutes sont sanctionnés. La logique et l’histoire économique récente nous conduisent à ne retenir, à terme, que l’alternative maintes fois énoncée : l’intégration, c’est-à-dire la mutualisation des dettes des Etats (sous forme de cash ou de garantie) ou la désintégration, c’est-à-dire un détricotage de la monnaie unique.

Croire qu’un Etat peut, sur la foi de sa seule discipline budgétaire et de politiques de croissance au long cours, acheter du temps auprès des marchés financiers, est illusoire.
Xavier Gandrille, Président d’Amplegest

Le risque européen reste donc en toile de fond. Il a vocation à revenir au premier plan au moindre catalyseur : des troubles sociaux en Europe du sud, des élections oublieuses des enjeux en Italie, en Grèce et plus encore en France, des tensions géopolitiques, ou la simple prise de conscience que la récession sera plus longue que prévu. Il peut aussi ne pas se matérialiser si la solidarité s’organise de manière convaincante. C’est la raison pour laquelle nous pensons que le marché peut encore nous ménager des périodes de répit, voire de progression. Ce qui sera chèrement gagné méritera d’être protégé à l’orée de l’été.

Xavier Gandrille , Avril 2012

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