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25bp, pas plus. La FED rêve de pouvoir rejouer le scénario de 1995…

Pas facile pour la FED de satisfaire les anticipations des marchés face aux données économiques de ces derniers jours et à l’amélioration récente des conditions financières. Si elle ne pouvait guère reculer cette fois-ci, abaissant comme largement anticipé son objectif des Fed Funds d’un quart de point dans la fourchette de 1,75 % à 2 %, elle n’avait guère les moyens d’annoncer davantage.

Le message envoyé par les prévisions des membres du board est en l’occurrence très clair : plus de nouvelle baisse anticipée des Fed Funds d’ici la fin 2020… avant d’entamer un nouveau cycle de hausse. Toujours très confiant dans la bonne santé de l’économie américaine, avec une révision à la hausse de la croissance prévue pour 2021 (à 1,9 % au lieu de 1,8 % en juin), J. Powell conserve son idée d’un « ajustement de milieu de cycle » qu’il compare volontiers à l’expérience de 1995, censé se suffire des deux baisses déjà décidées en juillet et septembre. On ne peut être que dubitatif face à ce diagnostic, comme en témoigne l’évolution de la courbe des taux après la communication de J. Powell qui, au lieu de profiter du repli des Fed Funds pour se re-pentifier, s’est à nouveau écrasée...

Nous l’avions expliqué vendredi dernier (voir ici), les développements récents ne permettraient pas à la FED d’être à la hauteur des attentes des marchés. Les « dots » sont de fait très éloignées de ces dernières avec un maintien des taux sur leur niveau présent d’ici fin 2020 au lieu d’une baisse à 1,25 % anticipée par les marchés.

Logiquement, cette publication a fait se redresser les échéances courtes de la courbe des taux. Signe, néanmoins, du manque de conviction des marchés sur l’orientation de la FED, les taux longs sont retombés, conduisant de facto à un nouvel aplatissement des courbes de taux au-delà de deux ans.

Cette réponse n’est pas la meilleure du point de vue de la crédibilité de la FED et si les développements économiques ne permettent pas d’inverser cette tendance, on peut parier que J. Powell devra, une nouvelle fois, faire volte-face d’ici peu.

Quand bien même, la situation présente n’est pas directement comparable à celle de l’année dernière, la réaction de la courbe des taux rappelle bien, néanmoins, celle du mois de novembre 2018 lorsque les minutes du FOMC avaient pris le contre-pied des marchés en actant la volonté de la FED de relever ses taux directeurs en décembre…

La situation post-FOMC de ces deux derniers jours n’est donc pas des plus confortables. Comment les choses peuvent-elles évoluer à partir de maintenant ?
La frilosité de J. Powell se comprend, dès lors que l’économie ne donne pas de signes patents d’essoufflement. L’illustration suivante rend assez bien compte du dilemme de la FED aujourd’hui et il faudra manifestement que l’output gap se resserre davantage qu’il ne l’a fait jusqu’à présent pour qu’elle retrouve plus de latitude.

Ceci reste notre scénario central, en dépit des données contrariantes de ces derniers jours, et nous ne devrions pas tarder à en avoir l’illustration à en juger par les tendances des indicateurs avancés et du marché de l’emploi. Le risque serait alors que la FED tarde à se rendre à l’évidence de perspectives économiques fondamentalement plus préoccupantes qu’elle veut bien le dire jusqu’à maintenant.
Dans l’attente, c’est manifestement à un regain d’incertitudes qu’il faut s’attendre sur les marchés de taux et des actions.

Véronique Riches-Flores , Septembre 2019

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