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Stratégie
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Le retour de la croissance dans la zone euro est fortement conditionné par un meilleur financement des entreprises et en particulier des PME. Deux moyens peuvent être envisagés : une relance du crédit bancaire et une plus grande diversification des sources de financement. C’est dans cette double perspective que la relance du marché des ABS (Asset Backed Securities) est une idée intéressante.
Depuis 2009, les banques ont nettement durci leurs conditions d’octroi de prêts : l’encours de prêts au secteur privé non financier s’est contracté de 12 % soit 574 Mds € sur cette période. Les chiffres montrent de fortes disparités au sein de la zone euro. Si en Allemagne, en France, voire même en Italie, les volumes ont stagné ou légèrement reculé, le déclin a été particulièrement brutal en Espagne, au Portugal, en Grèce et en Irlande. De plus, les taux pratiqués ont fortement divergé. La dégradation des économies a conduit les banques à demander une prime de risque plus élevée dans la périphérie. Selon la BCE, seule la moitié des demandes de crédit des entreprises sont satisfaites en Italie et en Espagne contre 80 % en Allemagne.
Le resserrement du crédit touche particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME). Les plus grandes entreprises ont substitué des financements de marché au crédit bancaire. Cette tendance à la désintermédiation s’illustre à travers la forte croissance du marché du haut rendement. À l’opposé, les PME demeurent fortement dépendantes du financement bancaire. Situation d’autant plus préoccupante que les PME représentent près de 80 % de la main-d’œuvre et des créations d’emploi dans la périphérie de la zone euro selon le FMI. C’est dans ces pays que le mécanisme de transmission des financements à l’économie réelle doit être rapidement déverrouillé.
La banque centrale a choisi de déployer plusieurs mesures non conventionnelles pour aider les banques à :
Nous pensons que l’impact des T-LTRO pour relancer le crédit bancaire sera très limité :
Les nouvelles opérations de refinancement seront davantage utilisées pour « roller » les précédents LTRO avec des échéances plus longues que pour alimenter le crédit. Les banques italiennes et espagnoles doivent encore rembourser l’essentiel des fonds accordés par la BCE, contrairement aux banques des pays du cœur (Italie : 150 Mds € et Espagne : 125 Mds €).
Un marché de la titrisation des crédits aux PME plus développé pourrait également améliorer le mécanisme de transmission de la politique monétaire à l’économie par :
Assimilé injustement aux subprimes américains, le marché européen de la titrisation peine à se remettre de la crise financière de 2007.
La BCE et les gouvernements européens encouragent la titrisation pour financer l’économie. Plusieurs obstacles limitent actuellement son développement :
1. Les investisseurs restent méfiants. Le marché de la titrisation a été
rendu en partie responsable de la crise de 2008. Des failles sont apparues
sur des structures complexes ou sur la titrisation d’actifs de mauvaise
qualité comme les prêts hypothécaires à risque ou « subprimes ». Or, ces
pratiques concernent essentiellement le marché américain. Le marché de la
titrisation européenne offre globalement des sous-jacents de bonne qualité.
Le taux de défaut sur le marché européen ne dépasse pas 1,5 % sur la
période courant de juillet 2007 à 2013, pour plus de 18 % aux États-Unis,
selon Standard & Poor’s.
2. La réglementation très stricte pèse sur la demande. Les investisseurs potentiels sont les banques, les sociétés d’assurance et les fonds de retraites. La BCE plaide avec la banque d’Angleterre pour un assouplissement des règles régissant le marché des ABS de qualité supérieure. Un document commun publié en avril 2014 indique que le traitement des ABS de bonne qualité dans Bâle III et dans Solvency II pourrait être d’une sévérité excessive et qu’il serait souhaitable que les exigences en capital réglementaire soient réduites.
3. La titrisation de prêts aux PME est problématique. Une titrisation
réussie requiert des flux financiers stables et prévisibles. Cela représente sûrement le plus important des obstacles. Les caractéristiques des PME
impliquent que la plupart des entreprises ne pourront pas générer des flux
de liquidités adéquats surtout dans un environnement économique difficile.
4. La notation de la contrepartie qui garantit les ABS. Un autre
obstacle concerne les notes des contreparties qui garantissent ces
ABS. Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE préconise des
garanties publiques : « près de 90 % du marché américain est parrainé
ou dispose d’un rehaussement de crédit d’entités publiques, alors qu’en
Europe, c’est un élément marginal. Le marché américain des RMBS est
essentiellement un marché public, alors que le marché européen des ABS
est essentiellement un marché privé ». D’autres solutions sont possibles
avec notamment la Banque européenne d’investissement et la garantie
implicite des gouvernements. Mais il s’agit là d’une question complexe, en
particulier pour l’Allemagne qui souhaite préserver ses contribuables.
La relance d’une activité de titrisation simple et de bonne qualité est souhaitable pour le financement de l’économie réelle. Le gisement actuel de titres et le volume de nouvelles émissions sont insuffisants. Une plus grande confiance des investisseurs sera nécessaire pour dynamiser ce marché.
Les actions de la BCE ne seront pas suffisantes et devront être accompagnées d’une plus grande standardisation, d’une meilleure transparence et d’une sélectivité accrue des sous-jacents lors des émissions de titrisation.
Plus directement, en achetant des RMBS italiens et espagnols la BCE libérera des fonds propres réglementaires dans le bilan des banques les incitant ainsi à prêter davantage aux entreprises. Le niveau de risque accepté au bilan de la banque central est donc crucial.
Valentine Ainouz , Octobre 2014
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