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Comment réagir à la récente chute des marchés actions ?

Après une hausse continue de près 38 % depuis l’élection de Donald Trump en novembre 2016, la Bourse de New York a connu un début de semaine agité avec la plus forte baisse des indices américains (Dow Jones et S&P 500) depuis plus de six ans, cédant 6,2 % sur les deux premiers jours de la semaine.

Ce phénomène a logiquement eu des conséquences sur l’ensemble des places mondiales dont les Bourses européennes.

Doit-on considérer ce glissement comme une simple secousse technique ou comme un signal d’alerte présageant un changement de tendance de fond ?

Cette correction n’est pas provoquée par de mauvaises nouvelles sur le front économique, au contraire les indices PMI de la zone euro publiés cette semaine sont à un nouveau plus haut. Elle s’explique notamment par la conjonction de plusieurs facteurs aux Etats-Unis :

  • Des marchés d’actions très dynamiques, en particulier ces dernières semaines, soutenus par une économie vigoureuse et une réforme fiscale avantageuse pour les entreprises (nettes baisses d’impôts).
  • Des valorisations boursières qui n’ont cessé d’augmenter depuis plusieurs années, atteignant des niveaux que beaucoup considéraient comme exagérés.
  • Une situation propice à un retour de l’inflation : le dollar s’est affaibli depuis 9 mois, le pétrole est revenu à des niveaux élevés, le marché de l’emploi commence à être tendu (situation de plein emploi) et la réforme fiscale revient à une politique de relance alors que l’économie tourne déjà à plein régime.

Dans ces conditions, la banque centrale américaine a déjà annoncé qu’elle avait l’intention de remonter trois fois ses taux directeurs en 2018 afin de contenir les risques inflationnistes, qui étaient perçus jusqu’à présent comme modérés par le marché. Mais le chiffre des hausses de salaires publié vendredi dernier a déclenché l’inquiétude des investisseurs. Le salaire moyen a en effet progressé de 2,9 % en janvier, soit nettement plus qu’attendu, faisant craindre une accélération plus rapide que prévu de l’inflation. Les taux d’intérêt, déjà naturellement sur une tendance haussière, ont donc accéléré, portant lundi le taux 10 ans américain à 2,88 %.

L’évolution des anticipations d’inflation et du niveau des taux sera, selon nous, un point clé à surveiller dans les prochains mois.

Tous ces éléments constituent les étapes logiques et maintes fois analysées des cycles économiques classiques. Quand les taux d’intérêt montent, les investisseurs en actions anticipent (en théorie) un futur ralentissement économique et cèdent des actions.

Que pourrait-il se passer ?

Ces récents événements confortent notre scénario pour l’année 2018. Malgré des fondamentaux économiques favorables, qui écartent selon nous le risque d’un emballement baissier durable à court terme, les marchés actions seront soumis à une volatilité accrue source d’opportunités pour les portefeuilles. Bien entendu, le risque serait celui d’une baisse prolongée des marchés financiers qui serait « autoréalisatrice » et entraînerait l’économie en récession. Le niveau actuel de nos investissements reste pour l’instant modéré dans l’attente de la réaction des marchés dans les prochains jours et pour saisir les occasions d’achats qui pourraient se présenter.

Les Etats-Unis approchent sans doute de la fin de leur cycle de croissance (même s’ils sont aidés par un dollar qui s’affaiblit) et ce, alors que le niveau des actions est encore élevé malgré la baisse récente. L’Europe quant à elle est encore en phase d’accélération, avec des valorisations raisonnables et des taux qui restent pour l’heure extrêmement bas.

Nous demeurons donc raisonnablement prudents sur les actions américaines et toujours positifs sur les actions européennes.

Enfin, nous pensons que la baisse de ces derniers jours, déjà rattrapée pour moitié, ne doit pas être considérée comme un simple phénomène technique. C’est un rappel à l’ordre sur l’importance de rapporter les performances boursières aux fondamentaux économiques et aux niveaux des valorisations des entreprises.

Damien Charlet , Février 2018

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