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Perspectives 2016 sur les marchés des actions européennes

Trois experts d’Henderson Global Investors partagent leurs perspectives 2016 sur les marchés actions européennes au regard de leurs différents styles d’investissement...

Tim Stevenson, est convaincu que l’environnement en 2016 reste favorable pour les titres de croissance de qualité. John Bennett, fidèle au style value, alerte les investisseurs sur l’importance d’adopter une gestion active, surtout à un stade aussi avancé du cycle économique. Enfin, Nick Sheridan explique pourquoi il préfère ignorer les incertitudes à court terme sur les niveaux de valorisation et demeure convaincu que la zone Euro reste l’une des principales sources d’opportunités en 2016.

Tim Stevenson, Directeur Gestion Actions Europe [Croissance] : « En 2016, l’abondance ou la famine’ continuera de bénéficier aux titres de croissance de qualité en Europe. »

L’Europe devrait rester, sur de nombreux points, extrêmement attractive en 2016. Les mesures d’assouplissement quantitatif mises en place aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Japon laissent à penser que les faibles taux d’intérêt (voire négatifs dans de nombreuses régions), l’affaiblissement de la devise et la reprise de la consommation permettront une croissance de 1,5% du PIB en Europe. Les activités de fusions-acquisitions augmentent, les bénéfices se reprennent sur de nombreux secteurs et les rendements des actions sont supérieurs à ceux des obligations.

L’environnement est donc extrêmement favorable mais certains risques viennent freiner ce point de vue optimiste : le fait que l’Euro pourrait de nouveau faire face à des pressions pour des raisons politiques, la crise des migrants exerçant notamment une pression énorme sur le statu-quo. Par ailleurs, la reprise des profits a été modeste, affectée par d’importantes pressions concurrentielles ainsi que par le ralentissement qui a touché les secteurs pétrolier, gazier, minier et les investissements.

Le marché est désormais scindé entre ‘abondance et famine’ : la performance a été uniquement l’apanage de quelques secteurs et ces derniers semblent extrêmement chers par rapport au passé. Les sociétés disposant d’un taux de croissance constant devraient toutefois voir leur notation revue à la hausse dans ce climat de faible croissance, de ralentissement des pays émergents Chine y compris, et de possible stagnation de la croissance de l’Europe.

Du point de vue de la Banque Centrale Européenne l’inflation devrait à nouveau être proche de 2% d’ici la fin de l’année 2016 ou le début de l’année 2017. Ces prévisions devraient être de plus en plus pertinentes au fur et à mesure que les cours du pétrole, des matières premières et des denrées alimentaires se reprendront dans les prochains trimestres. La question est alors de savoir ce qui adviendra des taux d’intérêt au cours de l’année à venir.

Dans un tel contexte, nous ne pensons pas que les fonds monétaires allemands à deux ans s’échangeront toujours à -0,4%, et que le PIB progressera de façon rapide. Il se pourrait que nous assistions à une stagflation modeste, avec une faible croissance comprise entre 1% et 1,5% en Europe et une inflation proche de 2%. La hausse de 2 à 3% des salaires devrait satisfaire les consommateurs et l’impact réduit des mesures d’austérité devrait également être bénéfique. Dans cet environnement, des ratios cours sur bénéfices entre 15 et 20 seront peut-être justifiés pour les sociétés européennes.

Les actions européennes restent donc attractives comparées à leurs homologues internationaux mais elles pourraient faire face à des difficultés au cours des 12 prochains mois. Nous continuons donc, dans un tel contexte, à privilégier les sociétés de croissance de qualité, celles considérées comme des leaders sur leurs secteurs, disposant de bilans solides, d’un endettement limité, de flux de trésorerie durables et d’équipes de gestion solides.

John Bennett, Directeur Gestion Actions Europe [Value] : «  En 2016, les investisseurs sur les actions européennes doivent, plus que jamais, faire preuve de prudence dans le choix de leurs investissements »

Les valorisations des sociétés européennes continuent à être plus attrayantes que celles des Etats-Unis et des pays émergents mais le cycle de croissance des bénéfices des sociétés a atteint son plus haut niveau. Nous devrions assister en 2016 à la multiplication d’annonces d’avertissements sur les résultats. Par ailleurs, suite au ralentissement de la croissance économique dans les pays émergents, la fabrication des produits bon marché, jusqu’alors réalisée en Chine et plus largement en Asie, est désormais effectuée en Europe. Ceci devrait affecter la capacité de nombreuses sociétés manufacturières à imposer leurs prix de vente et conduire à un marché baissier de plusieurs années sur le secteur des biens d’équipement, réduisant par la même les opportunités pour les investisseurs.

Les opportunités bon marché ne sont pas nombreuses à ce stade du cycle économique. Il est un peu banal, pour un gérant actif, de dire que nous nous trouvons dans un marché idéal pour la sélection de titres, mais les investisseurs sur les actions européennes doivent, plus que jamais, faire preuve de prudence dans le choix de leurs investissements. Suivre l’indice, en investissant sur des ETF ou des supports similaires, entraînera probablement des rendements décevants lorsque le marché finira par sanctionner les titres de croissance surévalués.

Ceci étant dit, il existe quelques opportunités, notamment pour les sociétés européennes axées sur leur marché domestique. Nous continuons à rechercher des sociétés opérant sur des secteurs bien positionnés pour tirer profit d’un changement positif et le secteur des produits pharmaceutiques reste notre thème de prédilection depuis plus de cinq ans. Le secteur a rencontré des difficultés au cours du mois d’octobre, les investisseurs craignant que la capacité de l’industrie à influencer les prix de vente de leurs produits soit mise à mal par la campagne électorale américaine. Les perspectives, en termes de flux de trésorerie, pour nos principales positions sur ce secteur ne devraient pas être affectées par le ‘débat’ actuel, mais l’année à venir devrait être riche en évènements. Pour les médicaments spécialisés, répondant à des besoins non satisfaits, nous sommes convaincus que le secteur conservera sa capacité à influencer les prix de vente. Nous restons donc fortement surpondérés sur ce secteur.

Nick Sheridan, Gérant actions européennes [Value] : « Les valorisations de la zone Euro restent attractives si l’on se focalise sur les fondamentaux des entreprises.  »

Le principal enseignement que l’on peut tirer de l’année 2015 est l’importance de ne pas se laisser submerger par l’impact émotionnel des nouvelles à court terme en matière de valorisation. Les investisseurs ont été confrontés à toute une série de ‘grandes nouvelles’ déconcertantes, de l’optimisme entourant le programme d’assouplissement quantitatif de la Banque Centrale Européenne aux chocs inattendus (crise de la dette grecque, incertitudes relatives à la croissance chinoise, scandale Volkswagen). Ces cessions à court-terme ont, une fois de plus, généré de bonnes opportunités d’achat pour les investisseurs perspicaces prêts à se concentrer sur l’essentiel : les valorisations.

La reprise en Europe a été plus lente et plus irrégulière que prévue mais les nouvelles récentes ont été relativement optimistes. Le PMI de la zone Euro a atteint son plus haut niveau sur 54 mois, la production industrielle allemande s’améliore et les prix à la consommation à l’échelle locale sont en hausse. Tous ces signes suggèrent que la région devrait enregistrer une croissance solide au cours des prochains mois. Les bénéfices récemment engrangés par les sociétés européennes ont été quelque peu décevants mais de nombreuses sociétés ont revu leurs prévisions à la hausse pour 2016. Reste à savoir si les investisseurs auront suffisamment de patience pour attendre que cette reprise des bénéfices se fasse sentir.

Notre approche ‘value’ reposant sur une stratégie « bottom-up », ne tient pas compte du sentiment et intègre une analyse approfondie d’indicateurs pertinents en vue d’identifier les sociétés sous-valorisées les plus à même de surperformer. La volatilité du marché, les évènements inattendus et les nouvelles à court terme peuvent entraîner certains changements mais nous avons tendance à mettre l‘accent sur des facteurs mesurables, tels que les flux bénéfices/liquidités, les dividendes et le bilan. Le renforcement de la volatilité du marché pourrait créer des disparités de valorisation et être pour nous l’occasion d’investir sur des sociétés de qualité avec des valorisations attractives.

Next Finance , Décembre 2015

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