Marchés obligataires : un environnement favorable à la gestion Value

Dans un contexte inflationniste globalement défavorable aux marchés du crédit, les fonds obligataires continuent d’offrir des opportunités d’investissement à condition de recourir à des stratégies de bond picking cherchant à identifier dans l’univers d’investissement. Par Matthieu Bailly, Fondateur et Directeur Général Délégué chez Octo AM...

Dans un contexte inflationniste globalement défavorable aux marchés du crédit, les fonds obligataires continuent d’offrir des opportunités d’investissement à condition de recourir à des stratégies de bond picking cherchant à identifier dans l’univers d’investissement, des obligations affichant des décotes non justifiées et qui sont amenées à se résorber avec le temps. Les scenarii variés permettent de cristalliser ce complément de performance pour les fonds obligataires. Cette approche Value permet notamment de s’affranchir d’une partie de la volatilité des marchés du crédit dans la mesure où elle aboutit à sélectionner des titres plus rémunérateurs à risque égal.

Le quadruple dilemme de la BCE

Au cours du premier trimestre 2022, la hausse des taux a entraîné une sous-performance des marchés obligataires. Pour autant, la prudence des entreprises dans un contexte de poussée inflationniste majeure, entre vagues de variants CoViD et déclenchement du conflit ukrainien, leur a permis de conserver des situations bilantielles solides et, en définitive un maintien des taux de défaut sur le High Yield européen à des niveaux très bas.

Cette sous-performance des marchés obligataires est à mettre en lien, non seulement avec la fin de la politique accommandante de la FED, mais surtout avec les incertitudes qui persistent sur le futur de la politique monétaire d’une BCE confrontée à un « quadrilemme » d’une complexité sans précédent : comment contenir une inflation élevée, sans mettre à mal un potentiel de croissance déjà limitée et plus encore, sans mettre en péril la zone euro elle-même, alors que persistent les disparités nationales et que les déficits budgétaires se sont encore accrus au détour de la pandémie de CoViD.

On remarquera notamment sur ce point que le taux actuel d’endettement de la France équivaut à celui de l’Italie en 2012, tandis que le taux actuel de l’Italie est pour sa part égal à celui de la Grèce en 2012.

Un environnement favorable à la gestion Value

Dans un tel contexte, la gestion Value prend tout son sens, en ce qu’elle permet de se départir des grands indices obligataires, qui privilégient structurellement des émetteurs récurrents, entreprises de grande taille largement endettées, au détriment de petits émetteurs (uniques) aux bilans potentiellement plus sains, au bénéfice de titres décotés, moins sensibles aux hausses de taux, d’entreprises moins sensibles aux cycles économiques ou plus à même de prospérer dans le contexte macroéconomique actuel.

Deux illustrations parmi d’autres, de ces choix : UNIGEL, un chimiste brésilien engagé dans une démarche ESG cohérente, spécialisé dans les résines acryliques, styrènes et fertilisants azotés qui fort d’une situation de monopole local sur une large part de son portefeuille produits, devrait bénéficier largement des conséquences de la crise ukrainienne sur les marchés mondiaux des fertilisants ; KOSMOS ENERGY, un groupe pétrolier et gazier spécialisé dans l’exploration et la production offshore, qui dispose, non seulement d’un potentiel de désendettement élevé dans le contexte actuel, mais d’un portefeuille d’actifs qui devrait lui permettre de profiter à plus long terme de la recomposition en cours du paysage énergétique mondial, autour d’enjeux géopolitiques autant que de transition climatique.

Matthieu Bailly , Avril 2022

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