Les rachats d’entreprises cotées par leurs actionnaires majoritaires : un phénomène à nouveau d’actualité

Pourquoi ces actionnaires majoritaires osent-ils défier le consensus dans des marchés déprimés ? A cela plusieurs réponses…

Le moral des investisseurs en actions européennes était bas en fin d’année 2011 : l’environnement global, économique et politique, est pour le moins incertain ; et pour les valeurs cotées, s’il est indéniable que les valorisations boursières sont historiquement faibles, il est prévisible que les publications des prochains trimestres seront bien inférieures aux attentes des analystes, qui anticipent une croissance de l’ordre de 10% des profits en 2012.

C’est pourtant dans de tels contextes d’incertitude et de valorisations basses que survient un type bien particulier d’opérations financières : les retraits de la cote par des actionnaires majoritaires, qu’il s’agisse de groupes industriels, financiers voire familiaux. Les exemples des périodes octobre 2002-mars 2003 et novembre 2008-mars 2009 attestent de l’abondance de telles transactions- peu fréquentes dans l’absolu- lors de périodes de déprime boursière :

- Octobre 2002 : OPA de Ifil et Auchan sur Rinascente, coût 800 M€, prime 30%,
- Novembre 2002 : OPA de la famille Benetton sur le flottant de Autostrade pour 8 Mds€,
- Novembre 2002 : OPE de Carrefour sur Carrefour Spain, prime 20%,
- Novembre 2002 : OPA de Eni sur le flottant de Italgas, pour 2Mds€, prime 22%,
- Mars 2003 : OPA aux Pays Bas de l’actionnaire familial sur le groupe de construction Volker Wessel, prime 60%
- Novembre 2008 : la famille Quandt rachète le flottant du groupe allemand de chimie de spécialité Altana pour 900 M€, prime 38%,
- Février 2009 : OPE de Generali sur sa filiale Alleanza, prime de 6%
- Mars 2010 : tentative d’OPE du cimentier Italcementi sur sa filiale Ciments Français, mise en échec par les porteurs de dettes.

Pourquoi ces actionnaires majoritaires osent-ils défier le consensus dans des marchés déprimés ? A cela plusieurs réponses. D’une part ils savent parfaitement ce qu’ils achètent, le risque de mauvaises surprises est inexistant ; de même ils ont une connaissance précise des économies et synergies, assez limitées au demeurant, qu’ils pourront tirer de cette opération : frais de cotation, autres réductions de frais généraux, et éventuelle intégration des achats. Enfin le risque managérial est à peu prés nul, puisqu’il ne s’agit pas de fusionner deux entreprises concurrentes avec des doublons hiérarchiques.

La reprise de telles opérations a commencé : le groupe suédois Sandvik a, le mois dernier, lancé une OPA sur les 31% de flottant de sa filiale Seco Tools (instruments de fraisage), pour 500M en offrant 30% de prime. Et tout récemment le groupe français Guyenne et Gascogne a retenu l’attention avec l’offre en cash proposée par son principal actionnaire Carrefour.

Les conditions de cette dernière opération ont déçu mais l’on voit bien qu’en général ces opérations procurent aux actionnaires des primes substantielles par rapport aux derniers cours cotés. Comment en bénéficier ? Nous détenons de nombreux titres qui peuvent faire l’objet de telles offres, et dont les tailles de capitalisations boursières sont très variables ainsi qu’il apparaît ci-dessous :

Titre Capitalisation boursière (en milliards d’euros) Actionnaire (% de contrôle) OPCVM concerné
RTL 11 Bertelsmann 93% CCR Mid Cap Euro
Mobistar 2.3 FranceTelecom 56% CCR Mid Cap Euro
Puma 3.3 PPR 76% CCR Mid Cap Euro
Gagfah 0.9 Fortress 66% CCR Mid Cap Euro
Ciments Français 2 Italcementi 82% CCR Mid Cap Euro
Vicat 1.9 Famille 68% CCR Actions France
Benetton 0.5 Famille 75% Fonds dédiés
TUI Travel 2.0 Tui 54% Fonds dédiés
Esso 0.8 Exxon 82% CCR Opportunity
Colas 3.4 Bouygues 97% CCR Small & Mid Cap
EDP Renovable 4 EDP 77% CCR Opportunity

Nous espérons bien que 2012 sera l’occasion pour nos fonds de bénéficier de ces opérations !

Frédéric Redel , Janvier 2012

Partager
Envoyer par courriel Email
Viadeo Viadeo

Focus

Stratégie Révolution indicielle dans les Hedge funds

Une critique courante des modèles factoriels repose sur le fait qu’ils ne "répliquent que le bêta" - pas l’alpha pur que recherchent les allocataires. Cette critique est antérieure à l’appréciation des rotations factorielles. L’analyse d’Andrew Beer, dirigeant et co-fondateur de (...)

© Next Finance 2006 - 2024 - Tous droits réservés