Le Crédit Australien est une valeur refuge

Après avoir atteint de nouveaux sommets sur les principaux marchés développés cette année, les investisseurs devraient maintenant envisager une diversification au moins pour protéger une partie de la performance engrangée. Dans ce contexte nous attirons l’attention sur le marché de crédit australien

Il est toujours pertinent de cristalliser une partie de la performance même si l’environnement reste haussier. L’Australie fait partie d’un groupe de plus en plus élitiste d’émetteurs AAA dans un monde dominé par des politiques monétaires accommodantes et qui est devenu complaisant à l’égard des fondamentaux. La dette nette australienne rapportée au PIB est à un niveau très confortable de 11% (bien au-dessous des pays du G10, à l’exception de la Suède).

Son économie ne bénéficie certes plus du boom mondial des matières premières, conduisant à un ralentissement de sa croissance, à une réduction de ses taux directeurs par la Banque Centrale et à une baisse du Dollar australien. Néanmoins, les perspectives à moyen terme sont bonnes. Dans un environnement de taux que nous considérons stabilisé, la situation économique actuelle soutient les marchés de crédit.

Les perspectives de croissance sont modérées mais bien réelles : la croissance devrait ralentir autour de 3%. Nous nous attendons également à un ajustement budgétaire –limité- après les élections de septembre 2013, puisque le gouvernement tentera de ramener le pays à l’équilibre. Cela devrait diminuer l’éventuel besoin de resserrement monétaire, et donc repousser le cycle de hausse des taux au delà de 2014. La faiblesse récente du Dollar australien a suscité des craintes quant à une poursuite de cette tendance, d’autant plus que le marché a même spéculé sur une nouvelle intervention à la baisse de la Banque Centrale. Cependant, nous n’anticipons pas de faiblesse à court terme, la baisse récente s’expliquant par une période de différentiels relatifs de taux moins attractifs. Ajoutons qu’une baisse des taux serait de toute façon favorable aux marchés de crédit. Enfin, notons que le risque de devise peut être couvert par une couverture de change.

Le marché obligataire australien se développe rapidement. Si les marchés obligataires mondiaux sont deux fois plus importants que les marchés actions mondiaux en taille, l’obligataire australien ne représente que deux tiers du marché action australien. C’est en revanche une augmentation nette par rapport à il y a tout juste 10 ans (il ne représentait à l’époque qu’un tiers du marché actions).

Le marché obligataire est composé de six principaux types d’émetteurs (en % des obligations AUD émises) : 1) Gouvernement fédéral du « Commonwealth australien » : 23% 2) Gouvernements des Etats Australiens : 19% 3) Entreprises domestiques : 4% 4) Institutions financières : 20% 5) Obligations kangourou i.e. émetteurs étrangers : 10% 6) Crédits structurés : 24%.

Dans la mesure où nous privilégions largement l’aspect marge de crédit des instruments obligataires, nous nous concentrons sur le secteur du Crédit (financières et corporates). Même si les entreprises tendent à se ré-endetter, le risque de contrepartie reste en moyenne très bon. Nous pensons que même si le boom de l’investissement dans le secteur des ressources minières (notamment dans le gaz naturel) est sur le point d’atteindre son apogée, un relais par le cycle d’investissement dans les capacités de production est en cours : le gaz naturel et le minerai de fer pourraient en être les secteurs leaders. Plus globalement, il est vrai que le secteur minier connaît des difficultés. Mais plusieurs autres industries pourraient offrir des opportunités intéressantes (distribution ou BTP & matériaux).

Au-delà des « corporates », nous privilégions le secteur bancaire. Les fondamentaux des grandes banques sont sains, avec des actifs de très bonne qualité, une bonne liquidité et des niveaux de fonds propres élevés.

Les résultats 2013 pour les 4 grandes banques (NAB, Westpac, ANZ and CBA) pourraient à nouveau atteindre des records. Rappelons que les agences de notation ont récemment réaffirmé la solidité du système, alors qu’elle ont réduit la notation d’un autre système bancaire AAA (le Canada). Par dessus tout, un élément clé est que la croissance des dépôts excède la croissance du crédit, conduisant à une baisse des besoins de financement. Nous pensons que la demande pour les obligations australiennes restera soutenue, tirée par une valorisation relative attractive au sein des marchés développés dans un environnement solide. Les spreads de crédit devraient se resserrer d’ici la fin de l’année. Nous sommes donc très positifs sur cet investissement de diversification. Nous sommes particulièrement constructifs sur les banques.

NOS VUES

  • Privilégier le secteur bancaire pour des raisons techniques (offre faible sur le marché primaire).
  • Envisager également les obligations kangourou (corporates étrangers émettant en AUD).

Xavier Denis , Juin 2013

Partager
Envoyer par courriel Email
Viadeo Viadeo

Focus

Stratégie Révolution indicielle dans les Hedge funds

Une critique courante des modèles factoriels repose sur le fait qu’ils ne "répliquent que le bêta" - pas l’alpha pur que recherchent les allocataires. Cette critique est antérieure à l’appréciation des rotations factorielles. L’analyse d’Andrew Beer, dirigeant et co-fondateur de (...)

© Next Finance 2006 - 2024 - Tous droits réservés