La montée des risques exogènes impose un ajustement des portefeuilles

Même s’ils semblent pour l’instant éloignés, les risques liés à une intervention en Syrie ont rappelé qu’un évènement exogène peut paralyser l’attention des investisseurs...

Les événements comparables passés montrent que la disqualification progressive du scénario du pire, celui d’un risque systémique, renforce peu à peu la portée du scénario fondamental, qu’elle finit par remettre au centre du jeu. Dans de telles périodes, des arbitrages et des réexpositions opportunistes restent nécessaires sur les portefeuilles.

Pendant quelques semaines, un événement non attendu s’est invité dans l’esprit des investisseurs, jusqu’à y monopoliser l’essentiel de leurs préoccupations. C’est la crise syrienne. Le recours présumé à des armes chimiques par les forces gouvernementales a, si ce n’est imposé le scénario d’une réaction militaire de la part d’un camp occidental, tout au moins déstabilisé la diplomatie internationale et renforcé les facteurs d’incertitude. Les risques invoqués par les acteurs économiques sont aussi variés que difficiles à anticiper : contagion régionale, renversement des grands équilibres politiques, escalade dans les représailles, division du camp occidental, réaction de la Russie, opposition des opinions publiques…

Parallèlement, cet événement intègre dans la grille de lecture des investisseurs plusieurs éléments sur lesquels ils n’ont aucune prise : y-aura-t-il une intervention, quels en seraient précisément les objectifs, qui y prendrait part, et bien d’autres encore. En prenant le pas sur l’anticipation conjoncturelle, le risque politique cristallise ainsi l’attention des investisseurs, renforce le poids des rumeurs et affecte le scénario de rentrée presque unanimement attendu : celui d’une multiplication des signaux macroéconomiques favorables et donc, d’une inflexion de la trajectoire de croissance aux Etats-Unis et d’une stabilisation en Europe. Jusqu’à récemment les principaux moteurs des marchés, les indicateurs conjoncturels n’ont dès lors plus qu’un impact marginal sur la tendance quotidienne et retardent d’autant le retour programmé de l’appétit pour le risque des investisseurs.

Plus largement, cette phase de marché pose la question pour les investisseurs de la meilleure façon d’appréhender des périodes marquées par un événement exogène soudain.

Prenons quelques exemples à la portée comparable survenus au cours des dix dernières années : la guerre en Irak, les attentats de Londres et de Madrid, la guerre entre Israël et le Hezbollah, le début du printemps arabe, l’accident de Fukushima et l’intervention en Lybie.

Principal enseignement, les conséquences sur les marchés ont été de courte durée. À chaque fois, le scénario est similaire. L’évolution naturelle des événements apporte son lot quotidien d’informations, permettant en retour aux investisseurs d’affiner leur perception des enjeux et d’améliorer la visibilité générale des marchés. La disqualification progressive du scénario du pire, celui d’un risque systémique, renforce peu à peu la portée du scénario fondamental, qu’elle finit par remettre au centre du jeu. Le rôle de l’investisseur n’est donc pas de se perdre en conjecture géopolitique, mais de comprendre cette progression.

Reste qu’à court terme, les investisseurs ne peuvent ignorer l’impact de ces phases de marché sans tendance. Ils doivent ainsi adapter leur gestion à cette phase de stress, sans pour autant renier leur conviction macroéconomique, aujourd’hui globalement positive. Comment faire, donc ?

Il n’est pas question de modifier son allocation globale, amenée tôt ou tard à retrouver toute sa pertinence. Il convient en réalité d’adapter son portefeuille de deux façons.

D’une part, en procédant à des arbitrages tactiques vers les actifs les moins impactés par la crise, comme les valeurs énergétiques, les matières premières ou le dollar.
D’autre part, en se portant acheteur de volatilité implicite, dont le niveau globalement bas (15l’% pour le VIX) offre des opportunités de réexposition à bon compte.

Michaël Levy , Septembre 2013

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